John Danalis, L’appel du cacatoès noir

« Nous étions tous blancs, avec des visions du monde similaires pour la plupart d’entre nous. […] à part notre prof expérimentée, je ne pense pas que nous étions nombreux dans la salle à connaître – vraiment connaître – une personne indigène. »

Le récit commence lorsque John Danalis, éternel étudiant australien, à quarante ans, décide que sa voie est l’enseignement, et va suivre un cours sur la littérature indigène, cours qui comprend entre autre une partie sur les Aborigènes d’Australie. C’est lors de ce cours qu’il déclare, effarant tous ses camarades de classe, qu’un crâne aborigène surnommé « Mary » trône sur une étagère dans la maison de ses parents.
Vivant depuis son enfance dans un milieu blanc qui distille des propos à tendance raciste et méprise ceux qui aiment les Aborigènes, cela ne l’avait jusqu’alors pas choqué, ce crâne, pas plus que les outils ou objets anciens que son père collectionnait. Une prise de conscience s’ensuit, elle l’amène à vouloir rendre ce reste humain à sa communauté d’origine.

« J’avais juste présumé qu’il existait un endroit quelconque où expédier les « crânes égarés » et voilà, fin de l’histoire. »

Attention, voici un livre très prenant ! Il représente exactement tout ce que j’attends d’un récit nourri de faits réels. Tout d’abord, un sujet original et un angle très personnel pour l’aborder. Ensuite, une attention portée aux personnes et aux détails de leur existence qui permet de bien s’imprégner du sujet. Enfin, une légère dose d’humour ou d’autodérision, ingrédient non négligeable. J’avoue aussi que l’objet-livre en lui-même m’a attiré comme un aimant dès que j’en ai vu la couverture !
Ce texte est très éclairant au sujet du racisme et des épisodes historiques de génocides d’Aborigènes en Australie. Tout Australien blanc les méconnaît forcément, tant cette partie de leur histoire est occultée. L’auteur, rencontrant des Aborigènes très concernés, apporte aussi beaucoup de précisions sur les cérémonies de rapatriement des restes humains, détenus auparavant par des particuliers comme dans le cas de John, ou par des musées étrangers.
Le plus passionnant reste la prise de conscience de John Danalis de tous les clichés sur les Aborigènes trimballés depuis son enfance comme des bagages peu encombrants, et qui lui font honte tout à coup. Passionnantes aussi sont ses rencontres avec des membres de la communauté Wamba Wamba. Je ne vous raconte pas tout, notamment le rôle du cacatoès, ou pourquoi le narrateur sombre dans la dépression, et finit par en sortir.
L’ensemble, avec son style direct et fluide, se lit comme un roman, presque d’une traite !

L’appel du cacatoès noir de John Danalis, (Riding the black Cockatoo, 2009), éditions Marchialy, mars 2021, traduit par Nadine Gassie, 290 pages.

29 commentaires sur « John Danalis, L’appel du cacatoès noir »

  1. Je suis d’accord avec toi la couverture est très attirante. Cela me rappelle Goran qui nous proposait des couvertures de livres très belles et imaginatives.

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    1. merci ! oui le livre de Stan Grant raconte tout le racisme (et je n’arrive toujours pas à me faire à l’idée que jusqu’en 1976 les Aborigènes étaient comptabilisés dans la faune & flore …) du coup, je note aussi ce livre !

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  2. Le thème me parle grandement ! Et c’est chez Marchialy ! Je ne l’avais pas repéré celui-là. Merci pour ce retour de lecture !

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  3. bon, comment faire pour résister avec un billet pareil!!?? je note et stabilote, autant pour le dépaysement que pour l’aspect quasi sociologique et bien sûr l’humour!

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