Liz Moore, La rivière des disparues

« Gee, comme tous les O’Brien, se vantait de n’accomplir que des activités d’ordre pratique. Une vie de l’esprit – y compris un métier comme l’enseignement – semblait à la plupart d’entre eux une marque d’orgueil. On travaillait avec le corps, avec les mains. L’université était réservée aux rêveurs et aux snobs. »
Deux sœurs sont au cœur de ce roman. Mickey, l’aînée, depuis toujours la plus raisonnable, est devenue policière. Elle élève seule son petit garçon. Kacey, plus exubérante, mais fragile, est devenue dépendante aux drogues, et sa soeur n’a plus de nouvelles que de loin en loin. Jusqu’au jour où un corps de jeune femme est trouvé, et où Mickey réalise que cela fait quelques temps qu’elle n’a pas croisé sa jeune sœur. Dès lors, elle cherche à tout prix à la retrouver, allant jusqu’à renouer plus ou moins avec des membres de sa famille qu’elle évitait.
Plus qu’un roman policier, le livre de Liz Moore constitue une histoire de famille sur fond d’addiction aux drogues et de perpétuation des schémas de dépendance. L’auteure plonge dans les racines des tourments qui ont terni les relations dans la famille de Mickey et Kacey, élevées par une grand-mère dévastée par la mort de sa fille. Elle dresse aussi un sombre portrait de la ville de Philadelphie, qui n’est pas sans évoquer, pour ceux qui connaissent, la série The wire, située à Baltimore, les deux villes n’étant d’ailleurs éloignées que de 150 kilomètres. Certains quartiers semblent échapper à toute présence policière, ce n’est pas très reluisant.

« Autour de moi des voix s’élèvent et retombent en chœur, dans un vacarme que je n’avais pas entendu depuis mon enfance. Nous sommes liés, vaguement, par les branches d’un arbre généalogique qui s’est atrophié, désintégré ces dernières années . »
Si j’ai trouvé très bien rendus les caractéristiques des personnages et la situation de la ville, j’ai été moins emballée par le style. Une narration au présent, très plate, encadre des dialogues nombreux et plutôt bien composés. Heureusement, je ne suis pas fan de thrillers trépidants et angoissants, ce que pourraient laisser imaginer couverture et quatrième de couverture, ce qui fait que j’ai lu avec plaisir et intérêt ce roman où la psychologie des personnages a une belle part.

La rivière des disparues de Liz Moore, (Long bright river, 2020), éditions Buchet-Chastel, avril 2021, traduction de Alice Seelow, 416 pages.

L’avis de Sharon qui l’a lu très rapidement.

18 commentaires sur « Liz Moore, La rivière des disparues »

  1. La référence à « Thé Wire » est pour moi un gage de grande qualité. C’est pour moi la meilleure série de tous les temps.

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    1. Vraiment une excellente série, tu as raison. Ce n’est que mon avis, mais ce roman m’en a évoqué une certaine atmosphère, des décors, des personnages…

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    1. J’ai donné mes quelques bémols, mais en dehors de cela, j’ai trouvé que c’était un bon roman, bien construit et traitant un thème intéressant.

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  2. Je suis comme toi; J’aime les policiers qui, en dehors de l’enquête proprement dite, accorde de l’importance à la psychologie des personnages et à la société dans laquelle ils vivent. Les thrillers qui jouent seulement sur l’horreur et sur les nerfs m’intéressent moins.

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  3. Rien que le titre me parait plat … Par contre, je note la série que tu évoques avec Luocine … Décidément, je finis toujours par remplir mon carnet de nouvelles tentations ! ,

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    1. C’est vrai que le titre, la couverture… ne m’auraient pas forcément attirée. The wire (Sur écoute en VF) est vraiment une excellente série, qui sait se renouveler à chaque saison.

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