Abby Geni, Zoomania

« Cette nuit-là, impossible de dormir. Une fois de plus, une humeur imprudente et sauvage s’empara de moi, et je quittai la caravane. À pas de loup, je longeai la silhouette de Darlene sur le canapé. J’enfilai mes tongs et glissai la lampe torche dans ma poche. La nuit était remplie d’insectes et d’une brise hésitante qui semblait changer de direction à chaque bourrasque. »
Cora, petite fille de neuf ans, vit en Oklahoma dans une famille dévastée par un ouragan. Déjà orpheline de mère, elle se retrouve élevée par Darlene, sa sœur aînée qui a reconstitué la cellule familiale dans une caravane. Darlene a dû renoncer à ses études pour prendre en charge sa famille, elle est plus ou moins secondée par Tucker, son benjamin, puis viennent Jane et Cora. Mais trop de divergences d’opinions et de différents entre les aînés poussent Tucker à partir de son côté. Il manque à sa petite sœur, il était le seul qui comprenait son attachement aux animaux et à la vie sauvage. Jusqu’au jour où Cora disparaît à son tour…

« – Il y a une raison à tout ce qui arrive, déclara Cora. Les animaux perdent leur maison et leur famille tout le temps. Les êtres humains apparaissent et leur prennent tout. C’est ça, l’extinction de masse. Et c’est ce qui s’est passé pour nous aussi. La tornade nous a tout pris. Tu vois ? On l’a vécu, Darlene. Maintenant, on sait. »
Sur le thème de l’extinction des espèces, porté par les théories de Tucker, parfois outrancières, mais contenant souvent un fond de vérité, se déroule cette histoire de famille. Elle alterne les points de vue des différents enfants de la famille, et comporte de très beaux passages, pleins d’une émotion contenue, notamment lorsque l’histoire se place aux côtés de Darlene. C’est un très beau personnage, très intéressant, une jeune femme forte et tendre à la fois, pas du tout la jeune américaine typique. Par comparaison, Tucker, jeune homme idéaliste, semble beaucoup plus immature. Comment une petite puce de neuf ans peut-elle faire la part des choses, et choisir lequel des deux écouter et suivre ?
Les pistes de réflexion que le roman propose sont intéressantes, et il est impossible de ne pas avoir envie de suivre les personnages. Pourtant, bizarrement, si j’ai beaucoup aimé lire ce roman, entre plaidoyer pour la sauvegarde des animaux, roman d’apprentissage et thriller psychologique, j’ai du mal à en parler, et pour tout dire, l’impression de ne rien avoir de sensé à dire à son sujet.
Il vous faudra donc, si l’envie vous en prend, et je pense que si vous avez lu l’étonnant Farallon Island, vous aurez envie de le lire, vous faire votre propre idée sur ce roman à l’écriture fluide excellemment traduit par Céline Leroy. À vous de décider !

Zoomania, d’Abby Geni, éditions Actes Sud, janvier 2021, traduction de Céline Leroy, 360 pages.

 

35 commentaires sur « Abby Geni, Zoomania »

  1. J’ai beaucoup aimé ce roman tu le sais déjà ; c’est vrai que c’est difficile de rendre la richesse de cette histoire et des personnages, mais le principal est dit 🙂

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  2. Il est vrai que parfois c’est compliqué de rendre compte d’une lecture, même marquante. Je pense que cela n’empêchera personne d’aller vers ce roman .

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  3. Je n’ai toujours pas lu Farallon Island malgré mon envie, et je vois passer pas mal d’avis plutôt conquis sur celui-ci. Dites, monsieur cadbury, vous pourriez faire les journées un peu plus longues ?

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  4. Ah je ne sais pas, je ne sais pas si je dois me lancer. Intriguée mais quelque chose me retient (et m’attire en même temps…). Et je n’ai pas lu Farallon Island donc ça ne m’aide pas à me décider…

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  5. Je viens d’aller lire ton billet sur Farallon Islands, que j’avais raté (pas pu laisser un petit mot car commentaires fermés), je le note, et celui-ci aussi, j’en ai lu récemment une critique très enthousiaste, et tu enfonces le clou ! 😊

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  6. Ecrire un billet sur Farallon Island, que j’avais adoré, m’avait pris aussi beaucoup de temps, à croire que les intrigues de cette autrice sont si singulières qu’elles échappent à notre plume alerte ! ^-^ En tout cas, je note ce nouveau titre, les yeux quasi fermés.

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