Astrid Monet, Soleil de cendres

Rentrée littéraire 2020 (8)
« Ici, elle s’asseyait la nuit quand elle nourrissait Solal. Depuis cette fenêtre de cuisine du huitième étage, le scintillement des lumières de la nuit l’enivrait d’une quiétude douce et délicate. »

Par un été brûlant, qui bat tous les records de température, Marika, jeune femme de trente-sept ans, entreprend le voyage retour vers Berlin avec son fils de sept ans, afin qu’il rencontre enfin son père qu’il n’a jamais vu. Les deux s’acceptant plutôt bien, Marika laisse Solal pour la nuit chez son père, mais au matin, alors qu’ils ont rendez-vous, une éruption volcanique sur l’Ouest de l’Allemagne, suivie d’un tremblement de terre à Berlin, les empêchent de se retrouver. Marika, folle d’inquiétude, se met à rechercher son fils, dans une ville coupée en deux, et à la fois désorganisée et soumise à des contraintes policières aussi aberrantes que rigoureuses.
Le roman comporte trois parties, et se déroule sur trois jours, le jour du retour, le jour du tremblement et le jour sans nom.

« Il pleut des cendres grosses comme des flocons. L’air devient irrespirable, la chaleur cuisante. »
Ce que j’ai aimé dans ce roman ? Tout d’abord, l’écriture. Les personnages sont bien caractérisés, ils prennent vie en quelques mots, quelques phrases. J’ai surtout été intriguée par le père de Solal qui, s’il se dévoile plus progressivement, montre une évolution particulièrement intéressante, face à son fils et aux circonstances. Quant aux lieux, l’immersion dans la ville de Berlin se fait aisément, on voit que l’auteure la connaît bien et donne un aperçu de son atmosphère qui ne peut que donner envie de mieux la découvrir. En outre, des trouvailles littéraires viennent relever certains passages un peu moins denses, peu nombreux, car le déroulé du roman ne laisse pas de répit, et la quête de Marika à la recherche de son enfant est forcément prenante. Ainsi les passages avec Marlène Dietrich dont la jeune femme est absolument fan.
Maintenant, ce que j’ai un peu moins aimé. Je n’ai pas éprouvé de sympathie d’emblée pour Marika, pour je ne sais quelle raison, qui a sans doute à voir avec son attitude face à la vie, mais cela ne m’a pas empêché d’imaginer être à sa place, et de compatir. Je pense que cette distance par rapport à ce personnage tient aussi à certaines situations que j’ai trouvé « fabriquées ». Ainsi, Marika explique pourquoi elle n’est pas retournée à Berlin en sept ans, sans qu’on comprenne et surtout sans qu’on adhère vraiment à ses motivations. De plus, j’ai regretté certains dialogues qui ne sonnaient pas tout à fait juste. Ce n’est qu’un ressenti personnel, et dans l’ensemble, j’ai trouvé la lecture fluide et prenante, avec des scènes marquantes, et une écriture que je retrouverai volontiers dans un futur roman.

Soleil de cendres, d’Astrid Monnet, éditions Agullo, août 2020, 210 pages.

Mon avis est plus proche d’Actu du noir que de Yv.

23 commentaires sur « Astrid Monet, Soleil de cendres »

    1. J’ai aimé les descriptions très justes de Berlin, mais ce n’est pas encore LE roman qui me fera retrouver la ville où j’ai passé quelques jours, et que j’aime beaucoup !

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    1. Il n’existe pas, on est dans un roman qui ne s’embarrasse pas de vraisemblance, du moins pour ces phénomènes. C’est plus crédible pour ce qui concerne les comportements des personnages, heureusement !

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  1. J’ai beaucoup aimé, l’écriture enparticulier qui densifie le roman.
    Pour info, Agullo a aussi édité la trilogie de Frédéric Paulin sur le terrorisme et les rapports franco-algériens,

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    1. Je suis tout à fait d’accord pour l’écriture, la trame m’a moins convaincue. Et tu as raison, je n’ai pas encore lu Frédéric Paulin, et je devrais, je crois ! 😉

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  2. J’avais noté ce roman suite à une chronique plutôt enthousiaste. La tienne est plus mitigée mais néanmoins positive, je vais essayer de trouver les premières pages à lire pour voir si j’accroche ou pas 😉

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