Dany Héricourt, La cuillère

Rentrée littéraire 2020 (5)
« J’ai toujours adoré les terrils. Déjà au pays de Galles, en vacances en caravane avec mes parents, j’avais été fascinée. C’est un pays très beau, très lyrique mais aussi sombre et pauvre, où les traces des anciennes mines sont partout. »
C’est au Pays de Galles, en 1985, que nous faisons connaissance de Seren, tout juste dix-huit ans, et tout récemment orpheline de père. Dans son désarroi, elle se focalise sur un objet, une cuillère décorée qu’elle n’avait jamais remarquée et qui a accompagné les derniers instants de Peter, son père. N’ayant pas encore de projets d’études bien définis, à part des prédispositions artistiques, la jeune fille, sur les conseils des siens et du directeur d’une école d’art, entreprend de « se perdre » pour mieux trouver sa voie. Au volant de la Volvo paternelle, elle quitte sa mère et ses frères, et, accompagnée de son terril (il faut lire le roman pour comprendre cela), embarque sur le ferry en direction de la France et de la Bourgogne, où les initiales et les dessins gravés sur la cuillère la dirigent.

« Je ne pense pas devenir manager d’hôtel, je n’aime pas assez les gens et ne suis pas très organisée. En revanche, j’aime entendre les portes claquer sous l’influence d’enfants joyeux, le plomberie gémir à chaque bain coulé, les couverts s’entrechoquer dans la salle à manger, ainsi que ce silence si dense la nuit lorsqu’une trentaine de personnes rêvent en même temps. »
Ne m’en veuillez pas de ne pas présenter pour la rentrée littéraire les romans de Franck Bouysse ou de Carole Martinez, ils sont certainement très bien, et j’y viendrai sans doute un jour, mais j’ai eu plutôt envie d’acheter des romans d’auteurs moins connus, ou pas encore connus du tout, pour la bonne raison que je risque de ne jamais les trouver dans ma petite bibliothèque de village.
Bref, un premier roman, par une auteure anglaise et française à la fois, qui semble léger et original, et se déroule en partie en Bourgogne, cela avait de quoi attirer mon attention.
J’ai dès le début
beaucoup aimé l’humour léger et fantaisiste qui imprègne les pages et trouvé assez audacieux d’écrire un roman d’apprentissage avec comme thème principal le deuil, en restant toujours sur un ton assez espiègle, et parfois poétique. L’auteure évite pas mal d’écueils du road-trip, dont celui qui consisterait à aligner un trop grand nombre de rencontres, ou un autre qui serait de tergiverser au moment de conclure. Elle se permet d’inclure des pages qui pourraient être des notes prises dans un livre, ou des listes, mais par petites touches, sans que cela devienne une norme. Les personnages, et en tout premier lieu Seren, avec sa manière de penser et d’avancer dans la vie un peu décalée, sont attachants, et le thème de l’art apporte une composante tout à fait bienvenue. Le tout marche très bien, et si la lecture avance vite, c’est toujours avec plaisir.
Un roman parfait pour des lecteurs à la recherche de livres qui ne soient pas trop sombres, sans pour autant être mièvres ou dégoulinants de bons sentiments.

La cuillère de Dany Héricourt, éditions Liana Levi, août 2020, 237 pages.

37 commentaires sur « Dany Héricourt, La cuillère »

  1. J’essaie d’aller aussi vers des romans que je ne trouverai pas en bibli. Les grosses machines de la rentrée littéraire y seront forcément. Je note celui-ci, j’aime beaucoup la Bourgogne et ce que tu dis du ton me plaît bien.

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    1. D’ailleurs, à la suite, j’ai emprunté le Goncourt de l’année dernière à la bibli, j’avais donc bien fait d’attendre un peu !
      Je pense que La cuillère pourrait te plaire.

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  2. Pareil, quand j’achète un livre, c’est qu’il m’intéresse, bien sûr, et que je sais ne pas le trouver en bibli , ou alors pas vite du tout.

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  3. je fais un peu comme toi je fais l’impasse sur les livres les plus médiatisés car on pourra les lire dans quelques mois sans problème et c’es bien de donner sa chance par le bouche à oreille à des livres plus discrets celui là est noté par son coté un rien mystérieux

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  4. J’avais repéré cette couverture très colorée, mais sans plus. Voilà qu’elle m’intéresse plus maintenant ! (Mais sérieux, le dernier Nothomb, tu ne veux vraiment pas ???) 😉

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    1. Tiens, à te lire, je pense que cette Cuillère me rappelle un peu le dernier roman belge que j’ai lu : Hôtel Paerels de Ziska Larouge. ILs ont un petit lien de parenté…

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  5. On m’en a déjà vanté les mérites, de celui-là. Et moi aussi, j’aime bien les premiers romans – ce qui ne m’empêche pas de me jeter sur les auteurs confirmés que j’apprécie !

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  6. Ah oui, comme toi, tant qu’à faire, se faire plaisir sur des ouvrages qu’on est sûr de ne pas trouver à la bibli. Ceci dit je me suis déjà faite voir à deux reprises.:)

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  7. Vous faites bien d’aller vers des auteurs à découvrir. Je note ce roman et je vais l’inscrire en suggestion d’achat pour la médiathèque. Moi-même, j’ai pioché Franck Bouysse et Emmanuel Carrère pour la rentrée. Excellente pioche pour le premier. Pour le second….
    BONHEUR DU JOUR (http://bonheurdujour.blogspirit.com)

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  8. J’essaye aussi de ne pas acheter ceux que je vais croiser en bibli ! Mais je me suis quand même laissée tenter par plusieurs titres, dont certains ont été de vrais coups de cœur.

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