Rentrée littéraire 2020 (3)
« Désormais, on allait devoir vivre avec ça, c’était ce qui me gênait le plus. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on veuille, c’était fait : mon fils avait fricoté avec des fachos. Et d’après ce que j’en avais compris, il y prenait plaisir. On était dans un sacré chantier. La moman pouvait être fière de moi. Fus avait fini par se lever et dire : « Cela ne change rien. »
Une semaine a passé depuis mon dernier billet et si les lectures progressent bien, mes avis peinent à suivre. Priorité à la rentrée littéraire, donc, avec un roman français, premier de son auteur, qui a attiré mon attention, et presque aussitôt, été attrapé en librairie !
De quoi est-il question dans ce court roman ? Un père élève seul ses deux garçons après la mort de leur mère, dans une petite ville du nord-est de la France. Il travaille dur, milite à gauche, et regarde avec fierté ses deux gamins grandir. Fus (comme Fussball, football en allemand) et Gillou, tout en continuant à bien s’entendre, prennent des chemins bien différents, le plus jeune veut continuer ses études à Paris, comme Jérémy, un ami de la famille. Quant à l’aîné, il vire plus mal, se met à fréquenter des jeunes d’extrême-droite, et à partager leurs idées. C’est une famille où l’on préfère ne pas aborder frontalement les problèmes, ne pas provoquer de scission irrattrapable, mais plutôt tenter de convaincre par l’exemple, ou de traiter les dissensions par le silence et l’indifférence.
« On arrivait à vivre comme cela, en sachant, tant bien que mal. Les deux durant la semaine, les quatre pendant le week-end. La semaine, Fus et moi, on était en apnée, on parlait sans se parler. On posait les pieds là où on pouvait encore les poser. »
Les protagonistes n’ont pas toujours les mots, ressemblant comme des frères aux personnages de Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu. Les styles diffèrent cependant, l’écriture est plus concise, plus ramassée ici, les sentiments sont exprimés sans emphase et les situations de crise peuvent se cacher derrière un grand écart temporel. J’ai beaucoup apprécié cette manière de raconter qui est en parfaite adéquation avec les caractères et avec le sujet. Comment ce père va-t-il réagir face au fils qui, sans esbroufe ni opposition bruyante, embrasse des idées totalement opposées aux siennes ? Comment va se dénouer cette situation intenable, et qui le devient de plus en plus ?
Le lecteur peut s’identifier ou pas, le choix lui est laissé, et c’est aussi une des grandes forces du texte. Au final, une belle écriture, un sujet qui interpelle et un bon dosage de non-dits, jusqu’au final qui pourrait être un peu déroutant, mais cela n’a pas été mon cas. Je recommande, pour qui a envie d’un roman noir et sensible à la fois, et que le thème de l’amour paternel intéresse.
Ce qu’il faut de nuit, de Laurent Petitmangin, éditions La Manufacture de Livres, août 2020, 188 pages.
Si Delphine-Olympe reste un peu sur sa faim, c’est un coup de maître pour Joëlle et une très belle découverte pour Mimi Pinson.
Sur ma liste….😉
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J’aime bien les premiers romans de la rentrée, il y a souvent du bon !
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Bénie soit Sixtine en fait partie…. Et puis il y a l’impression de découverte de nouvelles plumes….. 😉
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Je suis sensible à l’amour paternelle je trouve qu’on en parle pas assez.
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J’ai cherché hier mes billets étiquetés « paternité » ils ne sont pas très nombreux, effectivement.
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Je suis assez tentée par cette lecture, je vais voir si la bibli a l’intention de le commander.
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Je pense que tu aimerais…
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Au moins le deuxième avis très positif que je lis sur ce roman. Je me laisserai sans doute tenter… 😉
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Un roman sans pathos, qui devrait te plaire.
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Il pourrait peut-être me plaire. Mais en bibliothèque parce que j’ai déjà acheté beaucoup…
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Je commence aussi à freiner, car la rentrée est une période fatale pour la pile à lire !
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Il me tente énormément !
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Il mérite qu’on s’y intéresse.
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Tu es effectivement beaucoup plus enthousiaste que moi.
Si l’on est effectivement dans une famille où l’on préfère rester dans le silence et les non-dits, j’aurais tout même voulu que l’auteur nous en dise davantage sur ce qui se passe dans la tête des personnages. Ce qui explique que je sois testée sur ma faim. Quant à la fin, en effet, je l’ai trouvée un peu abrupte !
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J’ai trouvé que le ton était donné dès le début, je ne m’attendais donc pas à entrer plus dans la psychologie des personnages. J’aime bien la sobriété dans l’écriture, là, j’ai été servie !
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j’hésite mais c’est le 2e avis enthousiaste que je lis aujourd’hui alors je vais finir par le lire, j’attends qu’on le trouve à la BM avec ou sans masque et décontamination 🙂
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J’essaye, quand j’y pense, de centrer mes achats plutôt sur les petits éditeurs ou les jeunes auteurs, que j’aurai du mal à trouver en bibliothèque…
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Des avis différents, tu fais partie de celles qui ont aimé.
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Oui, incontestablement.
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J’ai dans ma PAL « Leurs enfants après-eux », ce serait sans doute plus judicieux de le lire avant mais pourquoi pas s’il croise ma route ?
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Lire celui-ci avant ne serait guère gênant, c’est juste que le cadre et les personnages y font penser…
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Je vois que tu es plus enthousiaste que Delphine, mais je ne suis toujours pas très tentée…
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Je n’ai pas trop hésité, je le sentais bien, et effectivement, il correspondait à ce que j’attendais, et même plus…
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Il pourrait me plaire mais je n’en ferai pas une priorité pour l’instant.
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Tes priorités sont déjà nombreuses, j’imagine !
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Je ne l’avais absolument pas vu passer celui-ci ! Et je me rends compte que j’ai bien peu lu sur ce thème en effet.
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Le thème, en plus d’être intéressant, est bien traité.
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Pas encore lu malgré les nombreux billets enthousiastes. A te lire juste après Delphine, je me dis qu’il est de ces livres qui laissent de la place au lecteur en évitant de tout expliquer, ce qui donne de superbes sensations quand ça marche ou laisse effectivement sur sa faim dans le cas contraire.
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Oh, un premier roman que tu n’as pas lu !
Tu as trouvé une explication qui se tient très bien à ces ressentis différents, en tout cas.
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traiter ce problème par les non-dits ? Je crois que je ne pourrais pas !
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Il y a des tentatives de dialogues, mais ce n’est pas évident…
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la rentrée littéraire n’est pas dans mes priorités, et Leurs enfants après eux, même sorti en poche ne me tente pas … je dois faire un blocage sur le thème ^-^… Ta avis très positif et ce que tu dis de l’écriture pourrait bien me convaincre quand même, mais en poche seulement.
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Si tu ne le sens pas, mieux vaut ne pas te forcer. 😉
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« Le Monde » en a parlé en bien (aussi) – chuis tenté….
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Mais il faut se laisser tenter, alors !
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