Anna Hope, Nos espérances

nosesperances« Cate et Lissa murmurent à leur tour leur amour, car c’est là l’effet du mariage : il se déverse par-delà le couple, engendrant l’amour, engendrant la vie, nous faisant croire, ne serait-ce que le temps d’un après-midi, à une fin heureuse, ou du moins, à tout le moins, à l’espérance que l’histoire se poursuive comme il se doit. »
Trois amies londoniennes, des années étudiantes à l’installation dans la vie adulte, avec mariage ou pas, enfant ou non, travail stable ou rien du tout… Hannah, Cate et Lissa se sont connues à la fac ou bien avant, elles viennent de milieux différents, et embrassent des choix de vie différents. Les ont-elles fait elles-mêmes, ces choix, ou se sont-elles laissé guider par les circonstances ? Par des retours en arrière qui n’ont rien de lourd ou d’artificiel, Anne Hope remonte aux racines de ces espoirs parfois déçus, et ausculte les compromis que la vie adulte oblige à faire…

« Eh bien, vous avez tout eu. Les fruits de notre travail. Les fruits de notre activisme. Bon Dieu, on est allées changer le monde pour vous. Pour nos filles. Et qu’est-ce que vous en avez fait ? »
Le mois anglais me pousse à écrire une chronique sur Nos espérances qui sinon serait passé sans doute par le robinet d’eau tiède des romans qui ne me font ni chaud ni froid et que j’omets de chroniquer. Non que j’ai quelque chose à lui reprocher, ni que je sois déçue par rapport aux précédents romans de Anna Hope, je n’ai lu que Le chagrin des vivants que j’avais trouvé bien fait sans être trop enthousiaste pour autant. Non, ce roman brasse des thèmes intéressants sur la vie des femmes, sur leurs espoirs de jeunesse mis en regard de ce qu’elles sont devenues à trente-cinq ans, sur la maternité, ou son désir, sur le monde du travail et la vie de couple. Le style et la traduction s’accordent fort bien avec le propos et en font une lecture qui coule toute seule, très présente au moment de la lecture, très charnelle et sensorielle, avec des observations très justes.
Je reproche seulement à ce roman, et encore, des reproches, c’est beaucoup dire, une légère impression de déjà-lu, un thème qui m’a paru un peu rebattu, même s’il est bien traité, et des personnages qui restent un peu trop lisses, tout en cumulant à elles trois bien des désillusions et des renoncements.
Je ne déconseille pas cette lecture, qu’on peut qualifier de féministe, mais je pense qu’elle conviendra mieux aux trentenaires ou jeunes quadragénaires qui reconnaîtront des maux et des désenchantements de leur génération.

Nos espérances, d’Anna Hope (Expectation, 2019) éditions Gallimard (mars 2020), traduction de Élodie Leplat, 368 pages.

Les avis de Cathulu et Dasola.

Le mois anglais c’est par ici.
moisanglais2020

60 commentaires sur « Anna Hope, Nos espérances »

  1. J’aime bien cet auteure et j’avais très envie de lire ce roman. Tu ne me pousses pas à le lire mais je remarque que déjà tu ne partageais pas mon enthousiasme pour « le chagrin des vivants » alors je garde mon envie sans dire quand elle se réalisera ! …

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  2. Lu La salle de bal que j’avais aimé mais je suis comme toi …. Je trouve que dans beaucoup de romans récents les mêmes thèmes reviennent en boucle à quelques détails près…. Nous lisons peut-être trop 🙂

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  3. J’ai aimé les deux précédents, surtout « la salle de bal ». Je vois ce que tu veux dire, je pense que je le lirai quand même, mais il attendra la bibliothèque, tranquillement.

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  4. Vu tes bémols (et ceux d’autres lectrices), je passe, je préfère rester pour l’instant sur le très bon souvenir de La salle de bal et celui, très agréable aussi, du Chagrin des vivants.. mais je note que c’est une autrice à suivre, j’aime cette prise de risque qui consiste à aborder des sujets très différents d’un titre à l’autre !

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  5. Beaucoup aimé pour ma part, je trouve qu’elle fait quelque chose de très élégant avec effectivement un sujet qui n’a rien d’original… et ça, ça s’appelle le talent. Pas de fait historique marquant pour retenir le chaland comme ses deux précédents (au demeurant très bien traités, parce qu’elle a du talent la dame, elle sait décortiquer la psychologie des personnages et tisser une intrigue). Pour moi c’est au contraire le roman de la confirmation qui, dans son parcours va certainement lui ouvrir d’autres horizons à explorer, et j’en suis curieuse à l’avance.

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    1. Ce qui m’a le moins convaincue, ce sont les personnages. Pour ce qui est du style, j’ai vraiment aimé, il a une musique particulière. J’admire aussi le fait de savoir changer de décor, et je suivrai cette auteure à l’avenir.

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  6. Voilà pourquoi je ne me suis pas encore précipitée vers Anna Hope malgré le fait de la voir sur quasi tous les blogs. Je n’ai pas l’impression que ce soit une urgence, une révélation, bien que je ne doute pas que ce soit plutôt très bien.

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    1. Ce sont effectivement de bons romans, l’écriture est à la hauteur, mais pour les deux que j’ai lus, il m’a manqué le petit quelque chose qui fait qu’un roman est inoubliable.

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  7. J’avais bien aimé Le chagrin des vivants. Je crois que je lirai volontiers celui-ci si je le trouve à la médiathèque, même si je ne suis vraiment plus dans la tranche d’âge ciblée !

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  8. Il m’arrive d’avoir de temps à autre que le livre que je suis en train de lire ne me concerne pas. Certainement la différence de génération. Je crois que je comprends ce que tu as ressenti. Il me semble l’avoir retenu à la bib…. Je verrai si je le prends ou pas

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  9. Bonjour Kathel, tu es moins enthousiaste que moi mais merci pour le lien. Je l’ai peut-être plus apprécié quand je l’ai lu (effet du déconfinement) que si je l’avais lu à un autre moment. Mais j’ai aimé ces trois femmes qui ne sont pas du tout de ma génération. Bonne journée.

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