Irvin Yalom, Et Nietzsche a pleuré

etNietzscheapleure« Breuer commençait à éprouver frustration et impatience.
« Ainsi, mademoiselle, la situation se complique encore un peu plus.Vous souhaitez que je rencontre un certain professeur Nietzsche, que vous considérez comme l’un des plus grands philosophes de notre époque, afin que je le persuade que la vie, ou du moins sa vie, vaut la peine d’être vécue. Qui plus est, je devrais faire tout cela à son insu. »
Le point de départ de ce roman se situe en 1882, lorsque le Dr Breuer, spécialiste des maladies mentales, reçoit une jeune femme russe qui lui fait forte impression, et qui lui demande de soigner un certain Friedrich Nietzsche. Celle dont on apprend qu’elle se nomme Lou Salomé compte bien s’arranger pour que celui-ci vienne consulter à Vienne, reste au médecin à convaincre Nietzsche de se faire soigner dans sa clinique.
La difficulté de l’entreprise est certaine et l’auteur déploie tous les arguments possibles émis par le philosophe, dont le caractère ne souffre pas qu’on lui vienne en aide. Mais Breuer, après de longues, et passionnantes, discussions, finit par pouvoir avancer un diagnostic et commencer le traitement par la parole qu’il préconise. C’est ainsi que commence une sorte de psychanalyse. Freud n’est d’ailleurs pas absent, il est le jeune émule de Breuer, et lui fournit parfois des idées intéressantes.


« Ne pas s’emparer du cours de sa vie, c’est réduire l’existence à un simple accident. »
Le mélange entre faits historiques avérés et imagination pure fonctionne très bien dans ce roman. L’écriture doit surtout son relief aux paroles des deux protagonistes, extraites de leurs écrits, livres, lettres ou journaux intimes. L’érudition, très présente, ne noie pas la confrontation entre Breuer et Nietzsche, mais l’éclaire, surtout pour ceux qui, comme moi, ne sont pas des plus calés en philosophie nietzschéenne. Le décalage est grand entre le surhomme décrit par Nietzsche, et l’homme qu’il est, tiraillé par ses sentiments et affaibli par la maladie.
Certes, l’idée de départ s’avère passionnante, et la rencontre entre les deux personnages ne manque pas de sel, mais je n’ai pas vraiment réussi à trouver la drôlerie promise par la quatrième de couverture, ni à ressentir l’enthousiasme connu à la lecture de La justice de l’inconscient de Frank Tallis, qui m’avait vraiment immergé dans la ville et dans l’époque. La comparaison n’est pas forcément pertinente, mais c’est le titre qui me vient à l’esprit !
D’habitude, je suis plutôt partante pour des romans se déroulant à la fin du XIXe siècle, et la ville de Vienne était un argument aussi, mais j’ai un peu traîné dans ma lecture, je trouve que plus de huit jours pour terminer ce livre ne dénote pas d’un emballement total !

Et Nietzsche a pleuré, d’Irvin Yalom (When Nietzsch wept, 1992), éditions Livre de Poche, 2010, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clément Baude, 512 pages.

Plus enthousiastes sont Eve-Yeshé et Luocine.
Sorti de ma pile à lire où il attendait depuis plus de six mois !
objectifpal2016

39 commentaires sur « Irvin Yalom, Et Nietzsche a pleuré »

  1. Il est dans ma PAL … Tout comme « La justice de l’inconscient » d’ailleurs. Je commencerai donc plutôt par celui-là.

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  2. J’aime bien les livres qui mêlent histoire et imagination. Je les trouve souvent très intéressants à lire.
    Daphné

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    1. Pour aborder Nietzsche, ça peut être effectivement un bon plan… Il se lit facilement, c’est vrai, mais ce n’est tout de même pas un page-turner.

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  3. Je dois à Dominique la découverte de Irvin Yalom. C’était au début de Luocine et cela m’a permis de savoir que j’allais trouver mon bonheur dans la blogosphère. Je me souviens de son commentaire (du moins l’esprit du commentaire) « Avec Irvin Yalom , le lecteur ou la lectrice a l’impression d’être plus intelligent » C’est exactement ça pour moi, c’est un auteur qui me permet de me sentir intelligente (Le temps de la lecture!)

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    1. C’est l’aspect que j’ai aimé aussi, de suivre les méandres de la pensée de Breuer, et même de celle de Nietzsche, sans trop de difficulté.

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      1. Figure-toi que je viens de partir à la recherche de ce fameux avis dans mes « soutes » (il date de 2008 et mon blog d’alors a été supprimé) … et, finalement, en relisant mon avis (que je t’envoie via FB), je m’aperçois qu’il n’était pas si mauvais que ça ! Comme quoi, nos blogs servent aussi à nous rafraîchir la mémoire ^^ !

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  4. je l’ai beaucoup aimé, car j’aime le milieu de la psychanalyse, et j’aime Nietzsche alors…
    Je me suis replongée après dans les « études sur l’hystérie » œuvre conjointe de Breuer et Freud 🙂
    « Mensonges sur le divan » m’a bien plus aussi, j’en ai encore 2 en prévision…

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  5. C’est typiquement le genre d’auteur dont le nom m’est familier parce que je croise régulièrement ses ouvrages en librairie, mais que je ne me suis toujours pas décidée à lire, bien que ses thématiques attisent ma curiosité. Et tes bémols vont me retenir encore un peu..

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  6. Je ne crois pas que ce soit une lecture pour moi ( bien que je ne sois pas réfractaire à la philosophie ni à Nietzsche :)). J’ai abandonné en fin d’année dernière un roman qui utilisait aussi le philosophe. Pourtant, le mélange des genres ne me gêne pas toujours ( pour preuve : Le Tabac Tresniek ). Et puis, comme toi, la période et la ville auraient pu être un argument.

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  7. J’avais lu Le problème Spinoza il y a quelques années, j’avais beaucoup aimé le mélange entre histoire, philosophie et romanesque… Je n’en ai pas lu d’autre depuis mais j’y goûterai volontiers à nouveau si l’occasion se présente (peut-être pas celui-ci donc…)

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  8. j’avais adoré celui sur Spinoza que l’on m’avait offert. Mais depuis je n’ai plus rien lu de cet auteur. Il faudrait que je pense à voir à la bibli…

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