Sue Hubbell, Une année à la campagne

uneanneealacampagne« Pendant ces douze années, j’ai appris qu’un arbre a besoin d’espace pour pousser, que les coyotes chantent près du ruisseau en janvier, que je peux enfoncer un clou dans du chêne seulement quand le bois est vert, que les abeilles en savent plus long que moi sur la fabrication du miel, que l’amour peut devenir souffrance, et qu’il y a davantage de questions que de réponses. »
Il existe des livres dont la lecture se doit de tomber à un moment donné. Je n’aurais pas eu l’idée de lire Une année à la campagne il y a deux ou trois ans, mais son moment est arrivé, pendant le confinement, en ville, alors que je m’apprête à m’installer de manière permanente à la campagne dans quelques semaines. Je ne pouvais donc qu’être intéressée par le témoignage de Sue Hubbell, biologiste qui, à la cinquantaine, part s’installer avec son mari dans une région assez reculée du Missouri, les monts Ozark. Ils décident ensemble de devenir apiculteurs, et lorsque son mari la quitte, Sue continue seule l’exploitation de centaines de ruches, et la responsabilité de dix-huit millions d’abeilles ! Ce n’est pas une mince affaire, dans un endroit isolé, au bout d’un chemin à peine carrossable, que de mener à bien cette exploitation, tout en s’initiant à la menuiserie, la culture potagère et la mécanique. Sa seule limite est qu’elle ne réussit pas à tuer des animaux, et continue d’acheter la viande emballée en supermarché (c’est très américain) sans même réussir à élever des poulets pour les consommer.

« Si jamais tu apprends ce qui fait processionner les chenilles processionnaires, ajouta-t-il, je t’en prie, éclaire ma lanterne. Elles obéissent peut être au même mobile que ceux qui affrontent les embouteillages du dimanche, regardent la télé ou votent républicain. »
Ce qui est surtout passionnant dans cette année répartie sur cinq saisons, du printemps au printemps suivant, ce sont les observations de l’auteure sur la nature, et notamment sur les animaux qui vivent aux alentours ou dans sa ferme. Elle les respecte et aime à connaître tout de leurs modes de vie, que ce soient des bruants ou un lynx, ou encore une recluse, des mocassins d’eau ou des invités moins sympathiques comme des blattes. Sa connaissance parfaite du nom des plantes s’avère aussi, contre toute attente, très intéressant. Les relations humaines ne sont pas pour autant absentes de sa vie, elle reçoit de nombreux visiteurs, s’intéresse à ses voisins, se documente sur la construction d’un barrage sur la rivière qui traverse son terrain, retrouve chaque année des anciens combattants qui campent au bord de la rivière.
L’humour qui parcourt ces pages se marie bien avec l’érudition, et les anecdotes quotidiennes avec les réflexions sur la nature, sa complexité, ses ressources. Un livre qui fait du bien, à lire et à garder pour y piocher des inspirations et des encouragements !

Une année à la campagne de Sue Hubbell, (A country year : living the questions, 1999), éditions Folio, 2019, traduction de Janine Hérisson, 260 pages.

Les avis de Dominique, Hélène, Keisha, Mumu dans le bocageD’autres parmi vous l’ont-ils lu ? 

57 commentaires sur « Sue Hubbell, Une année à la campagne »

  1. J’ai adoré ce livre et je l’ai beaucoup offert . Il m’a réconcilié avec les livres sur la nature. Grâce à son humour.

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    1. C’est vrai que le nature writing manque parfois d’humour, et ça lasse ! Là, le mélange est parfaitement dosé et ça rend le livre délicieux à lire !

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  2. Oui mais moi, je le voudrais avec la couverture que tu affiches, que je trouve bien plus attirante que celle présentée sur le blog de Keisha, donc j’espère que c’est celle de la version en cours (signé : une-fille-difficile-et-très-sensible-aux-couvertures-des-livres ^^) 🙂 .

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    1. Alors, c’est très certainement la dernière version, car acheté chez mon libraire, sur commande, pendant le confinement. Les autres billets renvoient à des couvertures plus « vintage » dira-t-on… 😉

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      1. Ce sera aussi commandé parce que pas en stock dans ma (petite, eh oui, c’est la campagne 😉 ) librairie, donc je ne pourrai pas m’assurer de visu de la chose, mais effectivement ça devrait être bon !

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  3. Je connais ce livre juste de nom (grâce aux blogs). Bons préparatifs pour ton déménagement ! Tu pars loin de Lyon (si c’est indiscret, ne réponds pas) ?

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    1. Merci, Anne, nous en avons encore pour quelques semaines de travaux divers, et emballage… Non, ce n’est pas indiscret, c’est à moins de 100 km de Lyon (ce qui a son importance en ce moment), dans la région de Mâcon, en plein vignoble.

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  4. Je te rejoins sur le moment pour une lecture. Et celui-ci était pour toi, c’est exactement ce que j’ai pensé en voyant le titre s’afficher sous le nom de ton blog dans mon agrégateur :). Titre que je n’ai toujours pas lu…

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    1. Pour toi, ce sera moins de circonstance, mais ce livre pourrait te plaire. En tout cas, il m’a plus parlé que Le nom des étoiles de Pete Fromm commencé un peu avant… Le Montana me convenait moins ! 😉

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  5. Hélas je l’ai chez moi, mais avec la même couverture qu’avant! Peu importe, je l’ai lu et relu! Un incontournable… Et ce ne sont pas les abeilles dans mon jardin qui diront le contraire (j’ignore où est leur ruche)

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  6. Je dis toujours que je ne suis pas très « nature writing » mas j’ai aimé « Indian Creek », « dans la forêt », « Promenons nous dans les bois » alors peut-être qu’un jour je me laisserai tenter par celui-ci! Ce que tu en dis me tente en tout cas!

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  7. un livre fétiche pour moi, je viens de vérifier je l’ai acheté en 1988 et je crois l’avoir lu au moins une dizaine de fois depuis
    j’ai un petit rayon dans ma bibliothèque pour ce genre de livre qui sonne juste, qui enrichisse, qui font rêver et donne envie de partir en balade dans la nature
    quand j’ouvre ce livre j’ai l’impression de retrouver une amie

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  8. Je ne suis pas très livre sur la nature, et plus ville que campagne, mais une année, pourquoi pas ? Il semble qu’on y apprenne beaucoup.

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  9. Il est depuis très longtemps dans ma pile à lire. Acheté suite à une série de billets sur les blogs mais jamais lu.
    Merci pour la piqûre de rappel.
    J’ai un peu peur du côté didactique mais la façon dont tu en parle me rassure.

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  10. J’imagine bien l’évasion que peut susciter un tel livre dans la période que nous vivons… Et pourtant, je dois avouer que j’ai lu ce livre il y a quelques années et je n’en ai pas gardé un souvenir des plus forts. Je trouvais, peut-être à tort, que cela manquait d’émotions, et que c’était assez descriptif. Je dois avouer que je ne l’ai pas lu à une période si propice, ceci expliquant peut-être cela…

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    1. Je ne suis pas sûre, et tu en es la preuve, qu’il puisse plaire à tout le monde autant qu’à moi, qui ai passé un très bon moment, et qui compte bien garder ce livre précieusement !

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  11. Un livre que j’ai lu dès sa traduction en français en 1988 et que je relis au moins une fois par an. Il a eu une profonde influence sur moi. Il fait partie de ce que j’appelle mes livres-chevaliers, les livres qui aident à se comprendre et à faire les choix de vie dont on a vraiment besoin (et qui ne sont pas forcément d’ailleurs les choix de l’auteur). Je suis contente de voir qu’il vous a plu.
    Bonne journée.
    BONHEUR DU JOUR (http://bonheurdujour.blogspirit.com)

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