Lectures du mois (20) janvier 2020

Sept ou huit livres lus dans le cours du mois de janvier, et un seul commenté, je crois que je commence à être adepte du « slow blogging » ou manière lente de bloguer, loin des contraintes et de la pression ! Je vais tout de même essayer de réunir chaque mois les lectures les plus marquantes, avec quelques lignes sur mon ressenti.

uneeducation

Tara Westover, Une éducation, éditions Lattès, traduction de Johan Frederik Hel Guedj, 400 pages
« Le récit de ma vie était généré par d’autres. Leurs voix étaient fermes, catégoriques, absolues. Il ne m’était jamais venu à l’esprit que ma voix pourrait être aussi forte que les leurs. »

Les américains nomment « memoirs » ces livres où une personne raconte son enfance, ou un épisode marquant de sa vie. Je ne sais si c’est le dépaysement procuré ou un style de narration différent, mais je préfère ce genre à l’autofiction à la française.
Ici, Tara Westover revient sur son enfance dans une famille de mormons de l’Idaho. Ce n’est pas tant cette religion qui la tient éloignée de l’école, qu’un père, ferrailleur de son métier, aussi sectaire qu’instable psychologiquement. Ni école, ni médecin pour Tara, la petite dernière, mais un climat que l’on ne peut que qualifier de violent, auquel elle s’acclimate pourtant. Sortir de cette famille plus qu’étouffante sera la plus difficile des actions qu’elle aura à accomplir pour enfin accéder à l’éducation.
Sans jugement aucun de la part de Tara, ce livre est captivant, surtout dans la deuxième partie, plus forte, qui montre la difficulté à couper avec sa famille. À la dureté des faits rapportés s’ajoute une écriture intense et sincère qui m’a fait frémir plus d’une fois.

papeterietsubaki

Ito Ogawa, La papeterie Tsubaki, éditions Picquier, traduction de Myriam Dartois-Ako, 384 pages
« Dans la vie courante, les occasions d’écrire à la main sont de moins en moins fréquentes. L’Aînée voyait cela d’un mauvais œil. »
Hatoko vient d’hériter d’une papeterie de la grand-mère qui l’a élevée, mais, plus que de vendre des carnets et des stylos, son métier est celui d’écrivain public. Métier qui fait se mêler des traditions anciennes et des situations plus contemporaines, où le courrier électronique ne suffit pas à exprimer des sentiments les plus divers.
Ce roman constitue une chronique douce et tendre du Japon, celui des petites villes rurales, et fait l’éloge d’un métier sans doute en voie de disparition, celui d’écrivain public. C’est en même temps un roman de formation empreint de simplicité et très agréable à lire.

griffeduchatSophie Chabanel, La griffe du chat, éditions Points, 288 pages
« Sur la porte du café des chats, une feuille A4 avait été scotchée: » Fermé pour convenance personnelle, réouverture jeudi 12 mars. » Une expression inattendue pour évoquer un mari décédé, la veuve était décidément une personnalité créative. »
J’ai enfin trouvé le style d’humour qui me convient dans le genre policier ! Un propriétaire de « bar à chats » lillois est retrouvé mort, et le plus beau chat de l’établissement a disparu. La commissaire Romano et son adjoint mènent une enquête sur ce prétendu suicide où les personnages les plus bizarres ne sont pas toujours les suspects. Le scénario solide et les rebondissements maintiennent le suspense, mais le roman vaut surtout pour la galerie de personnages et pour la commissaire, très attachante, et que je retrouverai volontiers dans la suite.

tempsmaudits

Jack London, Les temps maudits, éditions 10/18, 316 pages
« Il conserva son visage apathique en s’entendant citer en exemple. Il était le parfait travailleur, et il le savait : on le lui avait répété maintes fois. C’était une banalité qui ne signifiait plus grand chose pour lui. »
Sorties de ma pile à lire, ces nouvelles de Jack London. On connaît l’auteur de romans ayant pour cadre les grands espaces et les forêts, mais il a aussi décrit les bas-quartiers de Londres dans Le peuple d’en bas, et s’est insurgé contre la pauvreté des travailleurs et les ravages du capitalisme, notamment dans ces nouvelles. Ces textes qui, de par leur thématique commune, ne sont pas sans rappeler Les temps modernes de Chaplin, le burlesque en moins, explorent le travail en usine, le monde de la boxe, les aléas de la justice. Ces nouvelles sont pleines d’empathies pour les personnages, et si elles ne sont pas optimistes, elles montrent que depuis qu’elles ont été écrites, les faits qu’elles dénoncent restent toujours d’actualité dans certaines parties du monde, et même près de chez nous.

 

 

46 commentaires sur « Lectures du mois (20) janvier 2020 »

  1. Je note aussi « la griffe du chat »
    « La papeterie Tsubaki » est toujours dans ma PAL… et j’ai honte car je n’ai toujours pas lu « Jack London » je ne connaissais pas ce roman d’ailleurs 🙂

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  2. J’avais déjà noté La papeterie Tsubaki, suite à un avis très tentateur de Julien Clerc sur une émission de radio (non que je sois fan, mais il en a très bien parlé) !!

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  3. J’ai aimé « la papeterie Tsubaki », moins celui que je viens de terminer de la même auteure « le jardin arc-en-ciel ». Je suis tentée aussi par le polar aux chats et par le premier, chez les Mormons.

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  4. Une éducation me tente beaucoup depuis un article dans un America sur l’auteure. La papeterie lu , Jack London pour moi a écrit le chef-d’oeuvre absolu : Martin Eden, à conseiller à tous les fous de littérature et de culture. 🙂

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  5. Ah oui, la Papeterie m’attend aussi, Japon oblige. Je ne suis pas très pressée mais je sais qu’il passera entre mes mains un jour.

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  6. Je te rejoins tout à fait dans ta nouvelke façon de bloguer. Je vais aussi regrouper mes lectures et moins publier.
    J’avais déjà noté les deux premiers. Tu confirmes. Les deux suivants, pourquoi pas. J’ai été séduite par Martin Eden en 2019.

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    1. Comme je continue à aimer partager mes lectures, cette formule va au moins me convenir un certain temps. On verra ! Et tant pis si les lectures moyennes ou abandonnées tombent aux oubliettes.

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    1. J’ai effectivement regroupé mes meilleures lectures. J’abandonne facilement quand je ne « sens » pas un livre, assez tôt, et donc je ne peux donner mon avis sur cinquante pages. Quant à Jack London, bien sûr ! (j’avais juste été déçue par les Lettres à ses filles, une trouvaille d’éditeur, mais qui à mon sens, n’apportait pas grand chose)

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  7. Et hop, le premier est à la bili, je l’ai ajouté à une liste (!), pour la griffe du chat, je l’ai en billet ‘à paraitre( (un jour…) Exact, j’aime aussi ce genre d’humour/polar

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    1. Tara Westover, oui, ce doit être dans tes cordes (à mon avis, c’est mieux que Hillbilly élégie que tu as lu aussi, je crois).
      Après ça, La griffe du chat était parfaite ! ^-^

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  8. Je lis peu en ce moment, juste 6 romans en janvier. J’abandonne beaucoup en revanche… Je sens que je vais bloguer moins aussi. Il y a de plus en plus de livres que je ne chronique pas.
    La papeterie Tsubaki, j’avais bien aimé, une lecture fraiche.

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    1. Moi aussi, j’abandonne pas mal : dernier emprunt à la bibli, 2 lus, 2 abandonnés très vite !
      Je n’étais pas sûre d’aimer La papeterie Tsubaki, mais j’ai dû le lire assez vite car mon mari voulait le donner, et j’en ai bien aimé l’atmosphère.

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  9. Bonne pioche, à ce que je vois; Je suis comme toi, de plus en plus lente et des livres à commenter en retard ou pour lesquels j’ai décidé de ne pas écrire de billets. Et aussi des livres qui me m’ennuient, qui me déçoivent et que j’abandonne. Comme toi je préfère le style de narration à l’américaine.
    Je vais proposer un challenge Jack London bientôt… Sans contrainte si ce n’est la lecture de JL quand on le veut.

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  10. Le témoignage de Tara Westover m’a l’air d’être passionnant. Je vais aller voir ça d’un peu plus près. Quant à J. London, c’est un auteur qui m’impressionne tant que je n’ai pas encore osé m’y frotter…

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    1. Mais il n’y a pas de raison d’être impressionné outre mesure par Jack London ! Ses écrits se lisent fort bien, tu pourrais même le lire dans le texte. Martin Eden est incontournable, mais Croc-Blanc se lit aussi très bien, à l’origine peut-être du nature-writing…

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  11. La papeterie Tsubaki m’est littéralement tombé des mains. J’ai détesté le style, j’ai eu l’impression de lire un truc traduit par Google trad

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    1. Je me suis plutôt attachée aux personnages en ne m’intéressant pas trop au style, qui ne m’a pas gênée… Par contre, je n’ai pas aimé Le restaurant de l’amour retrouvé, trop mièvre à mon goût.

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