Rentrée littéraire 2019 (8)
« Damian était dans la cuisine, en pyjama et robe de chambre, dans la poche de laquelle se trouvait une cigarette Marlboro Light décrépite qu’il avait découverte un quart d’heure plus tôt, avec une joie de non-non-fumeur, au fond du placard rempli de pots et de vases situé au-dessus du réfrigérateur. »
Si vous n’aimez pas attendre six pages pour savoir si Damian va pouvoir fumer tranquillement sa dernière cigarette avant arrêt définitif du tabac, passez votre chemin. Je ne plaisante qu’à moitié, il ne faut pas s’attendre à une histoire à nombreux rebondissements, c’est certain. Comme le titre le montre, Diana Evans dans son roman a décidé d’observer avec une précision d’entomologiste deux couples ordinaires, proches de la quarantaine, londoniens avec enfants, sur une année où un certain sentiment de lassitude, de submersion par le quotidien, commence à se faire sentir.
Melissa et Michael se sont installés dans une petite maison biscornue au sud de Londres avec leurs deux enfants, Damian et Stephanie ont choisi un pavillon plus cossu mais plus éloigné pour abriter leurs trois chérubins. Les deux couples sont amis, et se voient souvent.
« Le retour à la maison fut calme, très calme. Il n’y eut pas d’étreinte sur la banquette arrière, pas de caresses furtives ni de rires éméchés. Ils étaient un peu ivres, mais de manière sèche et solitaire. »
La grande force de l’auteure réside dans sa manière de montrer par de minuscules conflits quotidiens le délitement de la vie de couple. Les détails sonnent juste, les dialogues aussi. Elle aborde la question du racisme et de la discrimination au fil des pages, sans en faire un plat, ne mentionnant la couleur de peau de tel ou tel personnage qu’au passage, ce n’est manifestement pas ce qui les définit. Attention, il s’agit bien d’un roman, les éditions Globe ne sont pas uniquement spécialisées dans les récits de non-fiction, même s’ils en ont publié un certain nombre ! La traduction est remarquable, dans le sens où j’ai oublié plus d’une fois avoir affaire à un roman traduit.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, avalée sans aucun ennui, grâce à une certaine ironie qui fait mouche à chaque page. Il n’est donc pas besoin de se reconnaître dans ces (encore) jeunes couples pour être touché par ce roman.
Ordinary people de Diana Evans (Ordinary people, 2018), éditions Globe, septembre 2019, traduction de Karine Guerre, 378 pages.
A l’occasion, si je le vois à la bibliothèque, je testerai.
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Bonne idée ! (je l’avais réservé en bibli aussi)
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Oui, globe, d’ordinaire c’est non fiction. On verra si c’est à la bibli
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Une incursion intéressant dans le domaine du roman !
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J’aime bien ton intro 🙂 ça dit tout du livre. Ce n’est pas de l’action, c’est de l’analyse très fine qui m’a beaucoup plu.
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Voilà, c’est bien analysé, mais jamais on en s’ennuie…
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Je reconnais tout à fait mon impression de lecture dans ton billet… c’est exactement ça, lent, plein de détails et superbement écrit.
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Il se lit tout seul, franchement, mais sans qu’il donne l’impression d’une écriture relâchée…
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J’ai repéré ce titre chez Les Bibliomaniacs et ce que tu dis aiguises encore plus mon envie de le découvrir.
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C’est vrai que les Bibliomaniacs ont aussi pesé dans ce choix de lecture.
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Pas certaine d’adhérer à la démarche, un peu sèche, mais sorti en poche, pourquoi pas …
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Pas si sec que ça… Il vaut mieux en lire quelques pages pour se rendre compte.
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pas trop fortement tentée il faut dire que j’ai une liste longue comme le bras qui m’attend alors
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On ne peut pas tout lire, c’est sûr…
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Coïncidence je l’ai commencé hier et des 50 pages lues je suis enveloppée par l’écriture qui me correspond totalement, j’aime cette ambiance douce et feutrée, pénétrer par la petite porte dans l’intimité de ces couples….. Je sens que je vais passer un excellent week-end 🙂
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C’est parfait à lire sur un temps assez court, bien au chaud et au calme !
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C’est ce que je fais…😋
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Ce que tu en dis au début me fait penser au livre Samedi de Jonathan coe. Je l’ai réservé à la médiathèque depuis un petit moment.
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J’ai beaucoup aimé Samedi aussi. C’est vrai, l’examen minutieux des faits et gestes (des tranches de vies sur un an dans Ordinary people, tout de même) procède du même désir d’analyse.
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Je pense au roman de Rachel Cusk, Arlington Park (mais c’est juste un petit lien sur ‘ennui, le délitement des couples). J’espère que je le croiserai un jour, oui !
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Arlington Park m’avait plus agacé… si je me souviens bien, c’est le style plus que le sujet qui ne m’avait pas trop plu, j’étais restée loin des personnages. (par contre j’ai aimé ensuite Disent-ils de Rachel Cusk également)
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Cela me fait penser à un autre livre anglais dont j’ai arrêté la lecture
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Tu ne te souviens pas lequel ?
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J’aime beaucoup ce que font les éditions Globe. Je n’ai jamais été déçue. J’avais repéré celui-ci. A voir s’il se présente à moi. Je fais assez confiance au hasard.
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Et tu peux faire confiance aussi à cet éditeur…
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À voir, ça ne va pas être dans mes priorités du moment mais je note que ça vaut le détour.
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Je ne parlerais pas de Tolstoï comme le bandeau, mais ce n’est pas mal du tout : l’auteur peut facilement être mise sur le même niveau que des auteurs anglais contemporains reconnus.
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Un récit qui pourrait fort bien me plaire ; j’aime quand il ne se passe rien en apparence, sur le court terme, mais que ça en dit long sur le long terme.
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C’est exactement ça. En plus, tu peux le lire en VO !
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Très tentant, je viens de le réserver à la médiathèque, suite à la lecture de ton billet !
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Bonne idée, et bravo aux médiathèques bien fournies !
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Je pense que ça peut franchement me plaire. J’aime bien ces romans d’atmosphère…
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Les personnages sont vraiment intéressants, et représentatifs de notre époque.
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Je me doutais bien que ce roman passerait par toi 🙂 Pas sûre qu’il soit pour moi ( comme Anne, j’ai pensé a Arlington Park qui me laisse un souvenir mitigé. Peut-être le style comme tu le soulignes )
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C’est vrai qu’il avait tout pour me plaire. il est ambitieux, et réussit son pari !
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Sur ma liste de lectures futures.
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Bonne idée ! 😉
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Je viens de le terminer, cela se lit très bien, sans ennui. J’ai juste été interloquée par cette histoire de maison et d’autre fillette, le roman avait besoin de ça? Ou alors pour montrer le délitement du couple? Pour moi, le roman pouvait très bien se passer de cette ambiance à la mets de l’oignon etc. ou alors pour montrer les coutumes du pays dont est originaire Melissa?
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C’est vrai que ce n’est pas très utile, sauf peut-être pour montrer que Melissa a une façon bien à elle d’être mal à l’aise, voire dépressive, induite sans doute par des croyances transmises par sa famille…
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