« On savait que ça allait très mal, résuma mon père aux amis qu’il appela dès notre retour, mais pas à ce point. Il faut être sur place pour se rendre compte. Ces gens vivent un beau rêve, nous on vit un cauchemar. »
Un cauchemar, c’est ce que vit la famille juive du petit Philip, et leurs voisins du New Jersey, au tout début des années 40, lorsque Charles Lindbergh, le héros américain de la traversée de l’Atlantique en avion, est élu président des États-Unis. Rassemblant autour de lui les Américains hostiles à la guerre, il signe un pacte de non-agression avec Hitler, et ne rate pas une occasion de désigner les Juifs américains comme ceux qui voudraient infliger à leur pays une guerre inutile, et forcément lourde de nombreuses pertes humaines. Concentré de juin 40 à octobre 42, ce roman qui réinvente l’histoire des États-Unis pousse très loin dans l’analyse de ce ressent une famille lambda du New Jersey, et quel impact cet événement politique a sur chacun de ses membres.
« Un jour d’avril, un représentant du Bureau d’assimilation du New Jersey était venu parler de la mission du programme aux garçons de plus de douze ans, et le soir-même, Sandy était passé à table avec le formulaire à faire signer par les parents. »
La bonne idée, que dis-je, l’excellente idée de ce roman, est de raconter l’histoire à hauteur des souvenirs d’un petit Philip de sept à neuf ans, amateur de timbres, observateur curieux et inquiet à la fois de ce qui se passe dans le monde des adultes. La situation telle qu’elle est imaginée par l’auteur n’a rien d’extrême, elle aurait aisément pu se produire, une post-face reprend d’ailleurs la biographie réelle de tous les personnages historiques évoqués dans le roman. Le côté passionnant réside aussi dans les réactions variées de chaque membre de la famille, des parents de Philip, de son frère Sandy, de sa tante et son rabbin de mari, de son cousin parti combattre aux côtés des Canadiens.
Philip Roth excelle dans l’art de faire monter la tension, degré par degré, au sein de la famille comme à l’extérieur, et aussi à raconter des épisodes qui semblent vécus. Je pense notamment à un épique séjour à Washington, que les parents du petit Philip décident de ne pas annuler pour prouver à leurs enfants qu’ils n’ont pas peur, voyage qui va pourtant leur ouvrir les yeux sur le tournant que prend leur pays.
Le style et la traduction coulent avec facilité, et les phrases, même fortes d’un nombre respectable de lignes, ne perdent jamais le lecteur en route. Sans oublier l’humour toujours prêt à pointer son nez…
Ce roman se dévore avec un brin d’angoisse, une peur pas tout à fait rétrospective, car bien qu’écrit avant l’arrivée de Trump, il décrit des faits qui pourraient bien encore se produire, ne dit-on pas que l’histoire se répète toujours ? Ah, mais c’est une histoire totalement inventée, c’est vrai, il faut se pincer pour s’en souvenir !
Le complot contre l’Amérique de Philip Roth (The plot against America, 2004) éditions Folio, 2007, traduction de Josée Kamoun, 557 pages y compris un post-scriptum de l’auteur.
Nicole et Papillon ont été conquises aussi !
Première lecture du mois américain à retrouver ici.
Ah, j’avais oublié qu’il était dans ma PAL celui-là, c’est vrai que cela faisait une belle lecture sur le thème du jour ce Mois Américain. Encore une autre facette du talent de Roth…
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Une facette que j’ai été ravie de découvrir ! C’est formidablement bien fait !
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J’ai « la tâche » dans ma PAL depuis une éternité, je n’en rajoute pas, mais le thème de celui-ci est fort intéressant, encore plus aujourd’hui.
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J’ai lu La tache il y a assez longtemps, ces romans sont fort différents… j’espère que tu vas le sortir bientôt, il vaut le coup !
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Beaucoup aimé aussi ! cette année c’est une des oeuvres au programme pour mes élèves, en plus ! Ce que je trouve aussi génial comme idée c’est de s’être mis lui-même, Philip Roth, et sa famille, comme personnages de cette uchronie !
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Exactement ! Je connaissais en gros le thème, mais ne savais pas qu’il s’était mis en scène avec sa famille. C’est excellent !
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Pas lu … mais je ne désespère pas ça va venir 🙂
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Il ne se périmera pas (au contraire, devrais-je dire !)
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J’avais également adoré ce roman !
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Ce qui ne m’étonne pas du tout !
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Je le rajoute sur ma liste des livres à lire de cet auteur que j’ai beaucoup aimé avec Un homme. Merci -)
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Il faut que je lise Un homme (et encore une facette de l’auteur à découvrir).
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Je l’ai dans ma PAL car j’avais adoré indignation du même auteur
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J’ai beaucoup aimé Indignation aussi (et si tu n’as pas lu Némésis, je te le conseille vivement)
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Ah mais oui, c’est un livre que j’aimerais beaucoup lire !
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C’est en passe de devenir un classique, je trouve.
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je l’ai adoré ce roman! parfois il faut se pincer c’est vrai, car cela paraît tellement possible…
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Il a un don extraordinaire pour rendre tout cela plus que vraisemblable !
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je suis allé vérifier à un moment donné la biographie de Lindberg tant cela paraissait vrai 🙂
j’aime bien Philip Roth, ce n’est pas un scoop 🙂
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J’avais beaucoup aimé également. Comme tu dis la tension monte, monte….et la vision à hauteur d’enfant est très forte…
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Tout à fait, j’aligne encore plus de superlatifs dans les commentaires, mais oui, c’est particulièrement fort !
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Quel livre ! Je n’en suis qu’au début de mon exploration de l’œuvre de Philip Roth mais celui-ci n’est pas prêt de s’effacer de mon esprit. C’est vraiment un livre à lire et la résonance avec l’actualité est sidérante.
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Tu as de la chance d’avoir encore beaucoup de ses romans à lire (il m’en reste un peu aussi !) car c’est vraiment un auteur hors du commun.
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J’ai peur d’être un peu hermétique au talent de Phili Roth, j’ai lu Pastorale américaine il y a longtemps et c’était une lecture compliquée.Tu as fait fort avec un pavé pour commencer ce mois américain !
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Ce n’est pas un pavé très imposant, et il se lit facilement, plus que Pastorale américaine.
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oh toute une uchronie bien reussie…..j’aime ca….je la note alors…..
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Je suis contente de te faire découvrir cette lecture.
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Hmmm une excellente idée de lecture américaine ! Tu en parles bien en tout cas et c’est très tentant !
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Merci ! L’occasion du mois américain était là, il n’est pas resté très longtemps dans ma PAL, j’avais très envie de le lire.
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Je n’ai toujours pas lu P.Roth, pas certaine de le découvrir avec celui-ci. Nemesis m’attend déjà…
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Avec Némésis, tu as très bien choisi, et je parierai n’importe quoi que tu vas aimer !
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Un auteur que j’apprécie. J’ai celui-ci dans ma liseuse depuis un moment. Ton avis me donne envie de le lire dans les jours qui viennent.
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Ce serait dommage de l’oublier dans ta liseuse, oui ! 😉
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Je n’ai encore jamais lu ce livre culte. Tu en parles très bien. Je le lirais certainement quand le rouleau compresseur de la rentrée littéraire sera passée 😉
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Merci Frédéric, j’essaye aussi de me composer un menu de lecture entre nouveautés plus ou moins récentes et livres un peu plus anciens et pas encore passés entre mes mains !
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Il y a 11 ans, je découvrais Philip Roth avec cet excellent roman. J’ai depuis dévoré nombre de ses œuvres, ai placé Roth tout en haut de la liste de mes auteurs préférés et ai été bouleversé par Pastorale américaine, qui reste le plus beau chant d’amour d’un père pour sa fille que j’aie lu. Merci donc de mettre en avant cet auteur. Le complot contre l’Amérique est d’ailleurs un roman relativement facile à lire (il se dévore) et est une bonne porte d’entrée dans la bibliographie de cet écrivain majeur qu’est Roth.
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Je comprends, je place aussi cet auteur parmi mes auteurs américains préférés… et suis contente de ne pas avoir encore tout lu de lui.
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Quel écrivain ! Il n’y a absolument rien à jeter dans sa production, c’est suffisamment rare pour être souligné.
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C’est un très grand auteur américain (sans oublier le travail des traducteurs).
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Bleugrey me l’avait fortement recommandé, et j’avais suivi son conseil et eu un gros coup de coeur pour ce roman passionnant et superbement écrit (lu en VO).
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Bravo pour la VO ! La traduction m’a semblé très bien aussi, j’ai trouvé ce roman vraiment bien fait, presque un coup de cœur !
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