Cay Rademacher, L’assassin des ruines

assassindesruines« Comment communiquer avec la population sinon en apposant des messages et des déclarations sur les façades ? Le gouvernement militaire couvre les murs encore debout des rues les plus passantes et les colonnes d’affichage de règlements inédits, de décrets et d’arrêtés stipulant de nouveaux rationnements, annonçant les changements d’horaire de couvre-feu – surtout qu’aucun Allemand ne puisse, cette fois, prétendre qu’il ne savait pas ! »
Hambourg, hiver 1947. Dans la ville réduite à un champ de ruines, l’hiver est de surcroît glacial, et les habitants peinent à survivre. Aux privations de toutes sortes, s’ajoute la tristesse et la culpabilité pour nombre d’entre eux. Parmi les ruines, l’inspecteur Frank Stave doit enquêter sur la mort d’une jeune femme, retrouvée nue, et sans aucun indice, dans les gravats. Son identité demeure inconnue, même en placardant des avis de recherche. Comme d’autres découvertes assez similaires suivent, et que la police, allemande comme britannique, manque de piste, on commence à parler de l’Assassin des ruines, et la peur s’empare des habitants, qui n’avaient pas besoin de cela.
Quant à l’enquêteur principal, il est en deuil de sa femme morte sous les bombes anglaises et sans nouvelles de son fils parti combattre, en désaccord avec son père, sur le front russe.

« Avec leurs bombardements, les Britanniques et les Américains ont voulu avant tout tuer des ouvriers, la majorité des villas des beaux quartiers n’ont pas été touchées. Pour la raison aussi , se dit cyniquement Stave, qu’à cette époque, ils pensaient déjà qu’après la guerre il faudrait qu’ils logent convenablement leurs officiers. »
Inspiré de faits ayant réellement eu lieu, ce roman est à lire surtout pour la description précise, et même saisissante, des difficultés des habitants de Hambourg dans les années d’après-guerre : vivre dans des ruines, ou entassés dans des constructions qui ressemblent à des bidonvilles, notamment les « baraques Nissen », avec un froid intense et peu de moyens de chauffage, des restrictions alimentaires et les aléas du marché noir…
Ruins_of_Hamburg_Pferdemarkt_Monckebergstrasse_St.Petri_1945Malgré une ou deux ficelles visibles dans la résolution de l’enquête, le tableau dressé par l’auteur est frappant, on croirait qu’il a vécu à cette époque ! Cette description donc de l’immédiate après-guerre et l’intérêt pour les personnages, méritent que les lecteurs amateurs de polars historiques pas trop sanglants, et cadrant bien une époque (dont je fais partie) se penchent sur ce polar. Notez bien, c’est une trilogie, ne craignez donc pas de vous embarquer dans une série trop longue !

L’assassin des ruines de Cay Rademacher, (Der Trümmermörder, 2011), éditions du Masque (2018 pour le poche), traduction de Georges Sturm, 453 pages.

 

29 commentaires sur « Cay Rademacher, L’assassin des ruines »

  1. Merci Kathel, mais après vérification, les trois sont à la bibliothèque (et j’ai eu l’occasion de me rendre compte tout récemment à quel point les tarifs postaux avaient honteusement augmenté. J’ai payé un envoi la moitié de la valeur d’un livre !!)

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  2. Voilà qui me rappelle « Deux dans Berlin » de Richard Birkefeld et Göran Hachmeister. Ça se passe en 1944 et c’est historiquement très intéressant (et un bon policier aussi).

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  3. Tu me tentes. Ce que tu écris sur l’intérêt du roman me rappelle ma lecture de  » L’heure étoilée du meurtrier  » de Pavel Kohout, Prague en 1945.

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    1. Mais tu peux tout à fait n’en lire qu’un ! La première histoire est close et rien n’oblige à lire la suite… sauf si comme moi, on aime beaucoup !

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