J’ai été tellement éblouie à la lecture de Neverhome, il y a quelques années, que je pouvais difficilement laisser passer ce nouveau roman. Dernier arrivé dans ma pile à lire, et premier lu !
« Vous partez ou vous revenez ? fit-il.
– Je reviens pas, donc ça doit vouloir dire que je pars.
– Mais pour où, bon Dieu ?
– Marvel, comme tout le monde.
– Alors, je ne peux pas vous laisser passer. »
En quelques mots, il s’agit de deux femmes, une Blanche et une Noire, lors d’une journée particulière en 1930 en Indiana. L’une d’elles se rend au lynchage, annoncé comme un événement, de trois jeunes Noirs. L’autre essaye de retrouver son amoureux. De nombreux personnages gravitent autour d’elles, et autour du drame annoncé, qui restera en arrière-plan, tout en étant l’impulsion qui fait avancer chaque protagoniste.
Après Un long moment de silence et Trouble, mes lectures présentent en ce moment des personnages insupportables ou pour le moins ambivalents, et je tombe cette fois pour commencer dans les pensées d’une imbuvable raciste. L’auteur n’a en effet pas choisi d’alterner les deux points de vue, mais de leur consacrer à chacune une partie. Les premières pages sont assez déstabilisantes, et obligent à relire des phrases pour comprendre, puis petit à petit, on s’y retrouve mieux.
Je pense que ceux qui n’ont pas aimé Underground Railroad n’aimeront pas ce roman, à cause du décalage voulu entre la narration et les faits évoqués. La manière trouvée par l’auteur pour nommer Noirs et Blancs (les fleurs de maïs et les soies de maïs) en est l’illustration parfaite, les moments plus oniriques aussi… J’aimerais vous faire sentir à quel point ce roman est déconcertant, ambigu, distillant des doses d’un humour impossible à qualifier, multipliant les rencontres improbables et les actions incertaines, travaillant le langage des deux narratrices pour mieux coller à leurs personnalités, s’évadant dans leurs pensées labyrinthiques…
Des deux personnalités principales, il serait facile de préférer Calla, qui se trouve du côté des victimes, à Ottie Lee, blanche et manifestement raciste, mais ce n’est pas si simple car l’auteur s’applique à dresser de Calla le portrait d’une jeune fille assez inconséquente, à tous points de vue. De plus, l’une comme l’autre ont eu des enfances difficiles et dépourvues d’affection, et n’ont pas reçu les clefs pour comprendre le monde qui les entoure.
« Je sortis lentement de la rivière, comme si c’était moi, et pas cette bonne vieille eau bien verte, qui avais décidé d’en suivre le cours paresseux. »
Ce roman surprend, car l’unité de temps et de lieu y est des plus précises, une journée de 1930 dans l’Indiana, entre deux ou trois petites villes. Les mouvements des personnages pourraient sembler simples, allant vers Marvel pour les Blancs, fuyant la même ville pour les Noirs… Pourtant, le temps s’étire de manière étrange, quant aux lieux, ils semblent fuir lorsque les personnages les cherchent, ou au contraire se rapprocher dangereusement quand ils les contournent.
Que que soit grâce au thème, puissant, aux personnages, inhabituels, ou au style, pas commun non plus, ce roman est de ceux qui continuent de tourbillonner dans la tête, et ne veulent jamais se déclarer terminés… Après, savoir si on a aimé ou pas, ce n’est finalement pas si important. Je le recommande chaudement à celles et ceux qui aiment être bousculés dans leurs habitudes, et retenus contre leur gré entre les pages !
La route de nuit de Laird Hunt, (The evening road, 2017) éditions Actes Sud (avril 2019) traduction de Anne-Laure Tissut, 285 pages.
Comme toi, j’ai beaucoup aimé « Neverhome ». Je me sens moins attirée par celui-ci, mais je le lirai, en sachant que ce n’est pas un roman facile.
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Il vaut mieux le savoir. J’ai eu un peu de mal à y entrer, et il m’a impressionnée surtout après lecture…
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Merci ! Une écrivaine que je n’ai jamais lu. Ce roman m’attire. Je l’ajoute à ma liste d’envies.
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Laird Hunt est un homme, qui se met formidablement bien dans la peau de personnages féminins…
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Rire ! J’ai vu après mon commentaire que c’était un homme. 😉
Merci en tous les cas.
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Je n’ai toujours pas découvert cet auteur, à chaque fois quelque chose me retient mais ce que tu en dis me fait aller vers celui-ci.
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Je crois vraiment que tu devrais tenter, Clara, peut-être avec Neverhome…
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Un auteur que je dois découvrir absolument…
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Je crois que tu serais séduite, Inganmic.
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Comme j’avais été déçue par « Neverhome » , je sais que je ne lirai pas celui-ci qui t’a moins plu alors que que tu étais enthousiaste pour l’autre.
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Effectivement, dans ce cas, je comprends ta réticence.
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Voilà qui semble bien intrigant. Roman à tester en bibli plutôt ? J’ai adoré Neverhome aussi, mais…
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Je pense que tu aimerais, Anne… le texte offre quelque résistance, mais rien qui ne te repousserait.
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A voir. Neverhome ne m’avait pas enthousiasmée.
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D’accooooord… je n’insiste pas ! 😉
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Donc, ce roman n’est pas pour moi. Tant pis.
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Il ne faut pas te forcer si tu ne le sens pas.
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J’ai abandonné Neverhome , alors… En revanche, j’ai beaucoup aimé Underground railroad, alors…
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Alors, alors… il faut que tu le lises pour savoir ! (et tu me diras ce qu’il en a été ?)
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Édité par Actes Sud, une couverture très belle, un sujet et une façon de l’aborder qui ne laisse pas indifférent.. je note ce livre pour l’emprunter en médiathèque. Merci à toi 🙂
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Très intrigant, n’est-ce pas ? et qui tient ses promesses, à mon sens.
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je n’ai pas lu Neverhome, il faudrait que je tente l’un ou l’autre!
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Mais oui ! J’avoue que je suis impatiente de lire d’autres avis et d’en discuter !
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Lu ni l’un ni l’autre, mais cette écriture…je ne sais pas si cela me plairait…à voir si je le trouve en prêt à la bibli.
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Oui, à tester. L’écriture est travaillée, pour bien coller aux personnages, mais rien de rédhibitoire.
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Comme toi, j’ai adoré Neverhome. Rien que pour ça, ce roman mériterait que je le tente, même si l’histoire ne m’emballe pas follement a priori…
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Il faudrait au moins que tu fasses une tentative, je pense. Je n’ai pas forcément réussi à rendre sa richesse.
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Alors là me voilà bien ennuyée. Le thème ne m’attire pas vraiment, mais j’ai beaucoup aimé Neverhome. Alors que faire ?
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Le thème est très différent de celui de Neverhome, mais pourtant très intéressant, dans sa plongée dans l’intime de deux femmes que tout oppose. Il faut dire que quand on me dit « années 20 ou 30 aux États-Unis », je suis tout de suite partante !
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Je n’ai toujours pas lu Neverhome ( qui m’attend pourtant ), celui-ci me tente sérieusement, tu me rends très curieuse !
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Je pourrai te le prêter, quand tu voudras… il va rester sur mes étagères, en attendant ! 😉
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Je n’ai jamais lu cette auteure.
Tu le vends bien, je note !
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Merci Sylire !
Je suis dans une série en ce moment d’auteurs dont les prénoms prêtent à ambiguïté : Laird Hunt, comme précédemment Armel Job, sont des auteurs-hommes… ce qui n’enlève rien à la qualité de leurs écrits. 😉
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j’ai bien aimé Underground Railroad alors je note, ça n’a pas l’air facile mais l’idée comme tu le dis d’être bousculée ne me gêne pas donc c’est noté
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Il a tout pour te plaire !
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Bonjour Kathel, j’avais bien apprécié Neverhome. Concernant celui-ci, je le lirai peut-être même si ton billet me fait hésiter. Bonne journée.
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Mon but n’était pas de provoquer l’hésitation… 😉 mais j’ai essayé de nuancer, car si j’ai aimé ce roman, je suis sûre que tout le monde n’aimera pas.
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Intrigant, pour le moins, même si je ne suis pas certain que ce roman « marche » avec moi (je n’ai apprécié que moyennement Underground Railroad)
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Je serais curieuse de ton ressenti… mais bon, il ne faut le lire que si tu en as vraiment envie !
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Tu viens d’éveiller ma curiosité!
Daphné
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Tant mieux, il pourrait te plaire !
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comme les autres, je suis curieuse surtout que moi aussi j’ai aimé Neverhome !!
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Je pense que tu aimerais, c’est un roman qui sort des sentiers battus !
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