« Bien longtemps avant que l’on n’apprenne qu’il était le père de deux enfants de deux femmes différentes, l’une à Drimoleague et l’autre à Clonakilty, le père James Monroe, devant l’autel de l’église Notre-Dame de l’Étoile de la mer, dans la paroisse de Goleen, à l’ouest de Cork, accusa ma mère d’être une putain. »
Cette première phrase marquante enchaîne sur un chapitre tout aussi frappant où la jeune Catherine, seize ans et enceinte, chassée devant tous les habitants de son village, prend le bus pour Dublin où elle est logée chez deux jeunes hommes qu’elle a rencontrés. Courageuse et ayant la tête sur les épaules, la jeune fille fait adopter son enfant.
Le narrateur de ce roman-fleuve qui couvre sept décennies se nomme Cyril Avery, il est le fils adoptif de Max et Maude, un couple atypique et peu doué pour les sentiments parentaux. Pourtant Cyril a une enfance tranquille, traversée toutefois par la rencontre avec Julian, le fils d’un avocat de son père, qui sera le premier amour de sa vie.
« C’était une période difficile, pour un Irlandais âgé de vingt et un ans attiré par les hommes. Quand on possédait ces trois caractéristiques simultanément, on devait se situer à un niveau d’hypocrisie et de duplicité contraire à ma nature. »
Le roman, par éclipses de sept ans en sept ans, dresse un tableau acide de l’Irlande des années 40 à nos jours. Ce qui est astucieux, c’est que le narrateur ne revient pas dans son pays pendant de longues années, il s’agit donc d’une sorte de portrait en creux du pays, tout aussi fort lorsqu’il est question de saisir l’évolution lente des mentalités. Le tableau dressé de la situation des homosexuels en Irlande, qui passent de la violence de l’illégalité à une acceptation maussade, des rapports furtifs aux terribles années du sida, ce panorama emporte le lecteur qui éprouve une empathie certaine pour Cyril, pourtant souvent méfiant, et parfois lâche. En cela, il est bien différent de Catherine, dont le courage est remarquable en toute circonstances, et qui ne perd jamais le cap qu’elle s’est fixée.
L’auteur utilise judicieusement des événements réels comme ressorts de l’intrigue, tout autant que des événements plus intimes. C’est sûr que ce roman fait une grande place à l’imaginaire, n’hésite pas devant des coïncidences un peu forcées, mais c’est aussi tout ce qui fait son charme, et le plaisir de lecture, en décuplant les attentes sur des rencontres possibles et probables. Ces attentes ne sont pas déçues, le roman enchaîne avec virtuosité les moments de drame comme les accalmies, en un tourbillon explosif et souvent drôle.
Je ne sais pas si cela transparaît entre mes mots, mais j’ai plongé dans ce roman avec un enthousiasme qui ne s’est pas démenti, acceptant tout, son versant romanesque comme ses dialogues teintés d’humour, sa charge contre les morales rétrogrades comme ses passages plus intimistes. Un grand bravo à l’auteur, sans oublier la très belle traduction !
Les fureurs invisibles du cœur de John Boyne (The Heart’s invisible furies, 2017), éditions JC Lattès, août 2018, traduit par Sophie Aslanides, 587 pages.
Repéré grâce à Autist Reading et Lady DoubleH.
Je l’ai emprunté à la bibliothèque mais je n’ai pas encore pris le temps de le lire, d’autres doivent passer avant lui! Tu sembles conquise!
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J’espère que tu auras le temps de le lire ! (il semble gros, mais il m’a pris moins de cinq jours, une fois plongée dedans, les pages filaient !)
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Très belle chronqiie. Je suis heureuse qu’il t’ait plu 🤗
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ça faisait un moment qu’il me tentait, et j’ai été vraiment conquise !
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Il est à la bibliothèque, donc c’est quand je veux … même si je ne me fais plus beaucoup d’illusions sur tout ce qui me fait envie et sur mon réel temps de lecture.
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C’est la même chose, quand je regarde mes listes… alors j’essaye de hiérarchiser. 😉
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Je le note et vais voir de ce pas s’il est à la bibliothèque.
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Super !
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J’ai lu trois romans de cet auteur, toujours avec plaisir, et je vais inscrire celui-là sur ma liste…
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Je suis contente que ce soit un auteur que tu approuves ! 😉 J’ai beaucoup aimé ce roman.
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C’est un auteur que je n’ai jamais lu.
Ton enthousiasme se sent, pas de problème !
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C’est le genre de roman qu’on a envie de partager à profusion !
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je l’ajoute à ma liste pour le sujet et le pays et bien sûr ton avis
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Je retrouve avec ce roman la littérature irlandaise que j’aime (j’en ai lu beaucoup avant le blog)
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Jamais lu non plus et je suis très tentée ! C’est l’auteur du célèbre Garçon au pyjama rayé ? (que je connais grâce à mes élèves)
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Oui, tout à fait, et apparemment, ce n’est pas sa première incursion en littérature « adulte », mais la plus remarquée.
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Oui, ton enthousiasme est palpable. L’Irlande est un très bon sujet de livres et celui-ci semble être une bonne veine
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Oh, que oui ! Bien mieux encore que ce à quoi je m’attendais !
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Si Hélène (LadyDoubleH) et toi vous avez été conquise par cette lecture, alors je note ce livre précieusement. J’ai commandé le Jesmyn Ward « le Chant des revenants ». J’ai hâte de le débuter 🙂
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Hé, je vois que tu ne perds pas de temps ! Bonne(s) lecture(s) !
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Merci ! Je l’ai reçu aujourd’hui. Il y a même un marque page du livre avec.. j’étais content. 🙂
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je le note, il devrait me plaire !
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Oui, très certainement. 😉
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j »imagiene qu’être homosexuel dans ce pays si catholique cela devait être bien compliqué.Ton plaisir de lecture semble si évident que tu donnes très envie de le partager.
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lire » j’imagine » …
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Merci Luocine. C’est aussi le ton de l’auteur qui fait tout le sel de ce roman.
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Le regard sur le pays, même en creux, m’intéresse.
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Je confirme que c’est vraiment intéressant !
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Il me le faut ! Allez, hop, direction le titre de la Biblio pour le réserver
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Voilà une décision aussi rapide que sage ! 🙂
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Quelle coïncidence ! Lors d’un petit club de lecture la semaine dernière, deux personnes ont présenté ce roman avec un tel enthousiasme que j’ai noté de suite, en plus j’aime beaucoup cet auteur ! Tu confirmes toi aussi. Yapluka !
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Mais on dirait que tes collègues de club de lecture ont très bon goût !
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Je l’avais repéré, ton avis me confirme qu’il faut que je le lise!
Daphné
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J’ai eu l’occasion de lire d’autres avis positifs sur ce titre. Tu confirmes ! Merci pour ce coup de coeur ;).
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On n’en a pas trop parlé, donc je suis contente de le remettre un peu en avant.
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Ton enthousiasme est communicatif !
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Coucou Kathel, je découvre ton billet après coup et après avoir fini ce roman que j’ai autant adoré que toi ! quel beau livre, et comme on plonge dans cette histoire !
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