David Zukerman, San Perdido

sanperdidoUne fois n’est pas coutume, voici la quatrième de couverture, bien faite, et qui donne envie sans en révéler trop : « Qu’est-ce qu’un héros, sinon un homme qui réalise un jour les rêves secrets de tout un peuple ?
Un matin de printemps, dans la décharge à ciel ouvert de San Perdido, petite ville côtière du Panama aussi impitoyable que colorée, apparaît un enfant noir aux yeux bleus. Un orphelin muet qui n’a pour seul talent apparent qu’une force singulière dans les mains.
Il va pourtant survivre et devenir une légende. Venu de nulle part, cet enfant mystérieux au regard magnétique endossera le rôle de justicier silencieux au service des femmes et des opprimés et deviendra le héros d’une population jusque-là oubliée de Dieu. »
J’aurais envie de vous conseiller ce livre sans rien raconter de l’histoire, de vous laisser rêver à regarder la couverture, puis tourner la page et plonger dans une histoire aussi colorée que passionnante.
Tout à la fois roman d’aventures et roman choral, le livre tourne autour du personnage du jeune garçon, devenu jeune homme, tout en présentant et en donnant à connaître une foule d’autres habitants de cette petite ville du Panama. Aucun personnage n’est négligé et la manière de les décrire leur donne énormément de présence, mettant en avant tour à tour toutes sortes de personnalités, des plus humbles aux plus riches, des plus viles aux plus lumineuses. Coupée en deux par le pouvoir de l’argent, San Perdido recèle deux mondes, et c’est lorsque ces deux mondes se frôlent, se croisent, s’opposent, que la violence peut surgir.

« Felicia regarde la petite silhouette grandir peu à peu. Lorsqu’il est à une quinzaine de mètres, elle constate qu’il est très jeune, à peine une dizaine d’années. L’enfant contourne la carcasse calcinée d’un lit de fer sur laquelle on a jeté une gazinière et une pile de vieux cartons. Il enjambe un gros tuyau éventré, et Felicia s’aperçoit qu’il est pieds nus. »
Le début du roman, sous des allures tranquilles, campe bien la force du personnage, puis l’histoire monte vite en puissance et en tension, avec des rebondissements et des surprises, en faisant un vrai roman d’aventures, teinté d’une once de réalisme magique, juste ce qu’il faut pour se régaler sans restriction.
L’ensemble possède un bel équilibre, une réelle force à décrire les lieux et les protagonistes, à créer des beaux personnages, notamment féminins, et à entremêler différentes actions. L’écriture fluide et descriptive se coule bien dans le genre, sans trop en faire.
J’espère donc surtout que vous aurez envie de découvrir le Panama des années cinquante, les habitants de la décharge à ciel ouvert comme ceux des villas de luxe, les habitués des maisons closes comme ceux des bars mal famés… et de savoir quel but poursuit ce jeune homme muet aux yeux si bleus.

San Perdido de David Zukerman, éditions Calmann-Lévy (janvier 2019), 411 pages.

D’autres lectrices sous le charme : Albertine, Clara, Mimi, Nicole, et un entretien très intéressant chez Gruznamur.

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28 commentaires sur « David Zukerman, San Perdido »

  1. Un des premiers premiers romans que j’ai lus cet hiver pour la sélection des 68 premières fois et il m’a scotchée dans mon fauteuil… ça fait du bien après quelqu’un qui ne raconte pas sa vie, pose un vrai univers et révèle un talent de conteur très prometteur.

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