Johanna Sinisalo, Le sang des fleurs

sangdesfleurs« Cela fait neuf jours que j’ai trouvé la ruche désertée.
Neuf jours que j’ai vu des lumières bleues clignoter à Toivonoja.
Les choses arrivent par paquet. La chance appelle la chance et un malheur ne vient jamais seul. »
Finlande, 2025. Dans ce futur très proche, Orvo, apiculteur à ses heures, remarque une de ses ruches totalement vide de ses occupants. S’il est préoccupé par ce phénomène, il l’est aussi par les activités de son fils Eero, qui tient un blog sur le thème de la cause animale, et qui ne s’y fait pas que des amis. Le propre père d’Orvo dirige un abattoir industriel, voici donc trois générations aux intérêts fort contrastés !
Et là, je suis bien ennuyée car je ne voudrais pas en dire trop…
Sachez que l’auteure réussit à mêler fable écologique et documents sur la condition animale, avec une touche de fantastique, un drame personnel et une quête existentielle, le tout avec un grand brio !

« Pour obliger les abeilles à polliniser le plus activement possible, on les trompe en permanence, systématiquement et sans scrupule. »
Johanna Sinisalo met en avant le thème de la condition animale, du bien-être animal, comme, pour la fiction, Vincent Message dans Défaite des maîtres et des possesseurs ou de Camille Brunel dans La guérilla des animaux.
Thème important s’il en est, car c’est bien le moins que l’on puisse faire, si on ne souhaite pas devenir végétarien, que de s’assurer que les animaux que l’on consomme sont élevés dans des conditions décentes. Le débat revient dans le livre, sous la plume d’Eero et de ses contradicteurs. Et les abeilles dans tout ça ? On pense qu’elles agissent librement, sans contrainte ? Pas du tout ! Le fait de déplacer les ruches en hiver vers d’autres régions plus chaudes pour qu’elles continuent de travailler au lieu d’hiberner comme le voudrait leur cycle, en est un exemple simple mais révélateur. Le futur proche décrit par Johanna Sinisalo fait frissonner tant il est réaliste, vraisemblable, et pratiquement inéluctable.

« Pour les anciens Germains, l’air était saturé d’esprits des morts. Et ils lui donnaient le nom de Biennenweg – le chemin des abeilles. »
J’ai enfin découvert Johanna Sinisalo, recommandée chaudement par Keisha, et j’ai beaucoup apprécié ce roman, où l’on sent que l’auteure écrit les romans qu’elle aimerait lire. Ce qui pour moi est un très bon critère de plaisir de lecture, et encore plus dans ce cas où j’ai l’impression qu’elle aime exactement les mêmes livres que moi. (Pour achever cette osmose, la seule fois où j’ai eu de très vagues, vraiment très très vagues velléités d’écrire de la fiction, ça aurait été une histoire policière où un apiculteur et ses abeilles, en voie de disparition, auraient joué le premier rôle.)
J’ai plongé dans ce roman avec passion dès les premières pages, et mon enthousiasme n’a pas faibli par la suite. Ce livre a réussi à me faire réfléchir à l’avenir de notre planète, à me faire rêver, à me faire verser une ou deux petites larmes…
Je lirai les autres livres de cette auteure, c’est certain, quand à vous, je sais que la couverture n’est pas très engageante, mais si vous croisez ce roman, n’hésitez pas ! 

Le sang des fleurs (Enkelten verta, 2011) de Johanna Sinisalo, éditions Actes Sud (2013) traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, 288 pages.

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39 commentaires sur « Johanna Sinisalo, Le sang des fleurs »

    1. Chouette, j’en suis ravie. Tu cites Margaret Atwood dans ton commentaire, c’est une auteure qu’il faut absolument que je lise aussi ! 😉 (c’est infini…)

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  1. Keisha, et maintenant toi !! Faut vraiment que je le lise… J’ai lu un bouquin d’elle, très étrange et dont je ne me rappelle plus le titre, que j’avais trouvé très marquant.

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  2. Et ça ne tombe pas dans le truc moralisateur? Je suis dans une période où je n’en peux plus de me faire faire la morale pour tout. Je note parce que tu es si enthousiaste… mais bon, en pâle, quand même.

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    1. Non, cela ne m’a pas du tout fait cette impression, je ne supporte plus non plus qu’on me fasse la morale à tout va ! Ce sont plus les grosses entreprises qui sont visées que le petit consommateur…

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  3. Le titre est mystérieux, la couverture aussi (moi je la trouve plutôt belle) et Johanna Sinisalo nous parle d’un sujet qui me parle. J’aime bien les livres denses. Dans un même genre de sujet, on m’a offert le Richard Powers « L’arbre-monde ». 🙂

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  4. Oh ! Que ça fait plaisir de voir que tu as succombé toi aussi au charme de la plume et de l’univers cette auteure. Avec Ingannmic, on fait une LC de Jamais avant le coucher du soleil prévue pour le 25/03 si ça te dit de te joindre à nous.^^

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  5. D’elle, j’ai lu Avec joie et docilité, également chez Actes Sud, la couverture du livre est d’ailleurs très cocasse et le thème très intéressant (la condition des femmes dans une société imaginaire). Je te le conseille !
    Je note le titre que tu as lu, si je le trouve à la médiathèque.

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