Lectures du mois (17) octobre 2018

Voici quelques lectures regroupées, que je n’aurai pas le temps, le courage (rayer la mention inutile) d’évoquer plus en détails…

arabedufuturRiad Sattouf, L’arabe du futur, tome 1, éditions Allary, 2014
« Je ne comprenais pas ce mot. Mais depuis ce jour, quand j’entends « Dieu », je vois la tête de Georges Brassens. »
Cet arabe du futur, c’est Riad, un garçonnet tout blond et tout mignon, né d’un père syrien et d’une mère bretonne, trimballé de France en Libye, puis en Syrie, découvrant deux grands-mères si différentes, deux cultures, plusieurs langues. Dans ce premier tome, il a entre deux et six ans, et Riad Sattouf s’est placé à hauteur de ses souvenirs d’enfants, avec sans doute quelques reconstructions de la mémoire, ce qui n’empêche pas le tout de sonner très juste. Je connaissais l’auteur-dessinateur par Les cahiers d’Esther, je découvre avec plaisir cette série dont j’aime le graphisme et l’humour, et que je poursuivrai certainement.

Jérôme a aimé cet hommage au père.

deshommessansfemmes.jpgHaruki Murakami, Des hommes sans femmes, 10/18, 2017, traduction d’Hélène Morita

« Le barman était un homme d’une quarantaine d’années, plutôt taciturne, et un chat gris, maigre, dormait roulé en boule au coin d’une étagère ornementale. […] Des disques de vieux jazz tournaient sur la platine. »
Voilà bien qui plante une atmosphère à la Murakami ! Ce recueil composé de sept nouvelles explore l’âme masculine, et surtout leur rapport aux femmes, quand elles viennent à leur manquer. Le style de l’auteur, sa manière de construire chaque histoire sur des choses tues, tout fonctionne bien dans ces textes. Parfois, la nouvelle semble prendre un moment un chemin différent, mais revient finalement boucler son errance… Qu’ils soient hantés par une épouse disparue, rappelés au souvenir d’une ancienne amie, ou amoureux sans espoir, les personnages sont tous intéressants, et les légères touches de fantastique m’ont enchantée !

L’avis d’Eimelle qui découvrait l’auteur.

unmondeaporteeMaylis de Kerangal, Un monde à portée de main, Verticales, août 2018

Rentrée littéraire 2018 (12)
« Peindre les marbres, c’est se donner une géographie. »

Alors, pour moi avec Maylis de Kerangal, c’est « deux partout » : j’ai adoré Réparer les vivants et Corniche Kennedy et me suis ennuyée avec Naissance d’un pont et Un monde à portée de main… C’est sûr, son style est remarquable, et ce n’est d’ailleurs pas ce qui m’a gênée. Les belles phrases m’ont plu pendant une centaine de pages, mais je n’ai pas réussi à m’intéresser à Paula, et pas trop non plus au trompe-l’œil. Le sujet ne manque pas d’intérêt, mais des trois jeunes gens qui découvrent cet art si particulier, l’auteure se focalise surtout sur Paula, dont on ne comprend pas trop le cheminement personnel. J’ai parcouru la fin, mais je connaissais déjà pas mal de choses sur Lascaux, cela ne m’a pas accrochée davantage.

Un très bon roman pour Sylire.

apreslaguerreHervé le Corre, Après la guerre, Rivages, 2014

« Il y a des gens qui aiment leur malheur et le cultivent, quand d’autres sont jetés en enfer qui ne demandaient qu’à vivre heureux et tranquilles, dans la paix ordinaire des gens de peu. »
Bordeaux dans les années 50, sur fond de guerre d’Algérie… Heureusement que j’avais lu de bons avis sur ce roman noir, très noir, car j’aurais pu l’abandonner dès la première scène, très dure. Le style aussi m’a maintenue à flot, un joli contraste entre les dialogues truffés, sans que cela fasse cliché, d’expressions des années 50, et les évocations descriptives, celles de la ville grise et enfumée, ou les intérieurs, cafés, garages, très visuelles, parfois poétiques.
On comprend vite qu’il s’agit d’une histoire de vengeance et que le commissaire Darlac, une belle ordure, que même ses sbires regardent avec autant de méfiance que de dégoût, est menacé de représailles, reste à savoir par qui, et à se débrouiller pour trouver des suspects potentiels parmi l’écheveau de personnages, tous bien caractérisés et rendus vivants par la magie de l’écriture.

Un roman riche pour Alex, mais Eve-Yeshé ne l’a pas aimé.


reposetoiSerge Joncour, Repose-toi sur moi, Flammarion, 2016

« Il y a comme ça des projets qu’on garde en soi et qui aident à vivre. »
Quand des corbeaux importuns dans une cour d’immeuble amènent deux voisins à se rencontrer… ils n’ont rien en commun, elle est parisienne jusqu’au bout des ongles, mère de famille et travaille dans la mode, il vit quasiment en ermite, et travaille dans le recouvrement tout en regrettant sa ferme familiale et son épouse disparue. De Serge Joncour, j’ai lu L’écrivain national et Repose-toi sur moi, et je suis encore mitigée cette fois : j’ai aimé le style, vraiment enlevé et agréable à lire, mais trouvé la psychologie des personnages, et les histoires en elle-mêmes, un peu sommaires. Une comédie romantique, pour moi, rien de plus.

Delphine-Olympe beaucoup plus emballée que moi.

38 commentaires sur « Lectures du mois (17) octobre 2018 »

  1. Je me suis lassée de Riad Sattouf à cause du tapage autour de ses sorties en librairie. J’ai lu les deux premiers tomes de cette série.
    Pour Maylis, je ne l’ai encore jamais lu, ce roman et réparer les vivants m’attendent (mais habiter au havre veut aussi dire trop entendre parler d’elle)
    Pour Joncour, je l’ai découvert avec ce roman et je l’ai beaucoup aimé. Les goûts les couleurs 😉

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    1. Je ne suis pas au courant du battage médiatique autour de Riad Sattouf. Certes, le portrait qu’il dresse de la Syrie et des Syriens dans les années 80 n’est pas très flatteur, mais ce sont ses souvenirs d’enfant et ce qui l’a le plus marqué…
      Tu devrais lire Réparer les vivants, vraiment, c’est un roman qui me laisse un souvenir magnifique !

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  2. Je te rejoins sur le Murakami, je l’ai retrouvé avec plaisir dans ces nouvelles qui distillent tous les éléments de son univers.. je ne sais pas si je lirai le Kérangal, à force de voir des avis mitigés à son sujet, j’ai personnellement adoré Naissance d’un pont, mon préféré à ce jour, et bien aimé Réparer les vivants et Corniche Kennedy, mais avec quelques bémols.. Quant au Le Corre, il est sur ma PAL depuis que j’ai vu -en entendu- l’auteur sur un salon il y a 3 ans, son intervention était très… abrupte, il est très virulent quand il parle de Bordeaux, qu’il qualifie de ville bourgeoise et hypocrite, reniant son passé négrier et collaborationniste…

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    1. Je ne suis pas étonnée qu’Hervé Le Corre soit virulent quand il parle de Bordeaux, cela se ressent dans son roman qui traite justement des suite de la collaboration…

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  3. Bonjour
    Merci de ces suggestions, plusieurs m’intéressent, Maelis de Kerangal est déjà sur ma pile de livres en attente. Murakami m’a séduite avec Kafka sur le rivage mais j’ai séché sur 1Q84, par contre je suis également très tentée par ses entretiens avec le chef Ozawa.
    Amicalement
    Anne

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    1. Bonjour Anne, merci de ta visite.
      J’ai moi aussi abandonné 1Q84 en début de tome 3, je trouvais que ça tournait en rond. Je suis tout de même bien tentée par les dernières parutions d’Haruki. Quant au Kerangal, ce n’est que mon avis, d’autres ont aimé davantage !

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  4. Je sais bien que ce Kerangal-là ne me plairait pas forcément, j’ai aimé les mêmes que toi, mais n’ai pas lu les autres, par peur de ne pas les apprécier. En ce qui concerne Joncour, j’ai trouvé ça un peu mièvre… Et je n’ai toujours pas lu L’arabe du futur…

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  5. je les ai presque tous lus sauf Murakami et le dernier de Maylis de Kerangal (dont je n’ai encore rien lu)
    je me suis lassée peu à peu de « L’arabe du futur », donc le T4 n’est pas prévu pour l’instant…
    c’est vrai que le roman de Le Corre m’a déçue
    j’aime beaucoup Murakami par contre et plusieurs encore dans ma PAL

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    1. Pour Maylis de Kerangal, tu te doutes que ce n’est pas celui que je recommanderais d’abord, puisque ses meilleurs (à mon avis) sont parus en poche !
      Je ne pense pas relire Hervé Le Corre, mais comme toi, je suis fan de Murakami, et ai tout aimé à part un peu de lassitude dans 1Q84, qui m’avait beaucoup plu au début.

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  6. Je n’en ai lu aucun 🙂
    L’arabe du futur est à ma bibli et il m’a été chaudement recommandé plusieurs fois
    Sinon j’aime beaucoup Serge Joncour (coup de cœur pour « l’amour sans le faire »)

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  7. Aaah ravie de voir que tu as adhéré à L’Arabe du futur ! Peut-être que tu seras plus prolixe au tome 2.;-) Quant à Murakami, mon auteur chouchou de toujours malgré quelques déceptions, il faudrait que je revienne à ses oeuvres. Contente de savoir que je ne serai pas déçue par ce recueil de nouvelles.

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  8. Je suis toujours en train de lire « Repose-toi sur moi » de Serge Joncour, commencé en août ; non qu’il ne me plaise pas mais j’ai envie d’étirer cette lecture. Très étrange. Je pense toutefois que je l’aimerais moins qu’U.V, que « L’amour sans le faire » ou que « L’écrivain national ».

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