J.D. Vance, Hillbilly élégie


hillbillyelegie« Les gens comme Brian et moi ne s’éloignent pas de leur famille parce qu’ils s’en fichent, ils s’en éloignent pour survivre. »
C’est encore dans la perspective de rencontres avec les auteurs au Festival America que j’ai lu ce livre, qui n’est pas un roman, mais un essai d’un jeune auteur sur la région dont il est originaire, les Appalaches. Il vient précisément du Kentucky, d’un endroit où le déclin de l’industrie métallurgique et de celle du charbon ont laissé en plan toute une population qui survit de petits boulots, ou de l’aide sociale. Une énorme rancœur anime ces petits blancs pauvres, « white trash » ou hillbillies comme on les nomme dans cette région, rancœur qui les a poussé en grande partie à un vote contestataire pour un milliardaire qui n’en a rien à faire d’eux. Mais les petits blancs des Appalaches, en grande partie Irlando-
écossais, n’en sont pas à une contradiction près, se plaignant du manque de travail, mais incapables d’en conserver un, pour ne citer que cet exemple donné par l’auteur.

« Les Hillbillies apprennent dés leur plus jeune âge à ignorer toute vérité inconfortable ou à croire qu’il en existe de plus justes. Cette tendance contribue à leur résilience psychologique, mais elle les empêche aussi d’avoir une image honnête d’eux-même. »
Si le jeune auteur, né en 1984, n’hésite pas à pointer les défauts de ses compatriotes du Kentucky, il ne les caricature pas toutefois, et trouve même de nombreuses explications économiques et sociales, voire religieuses, à leurs faiblesses. Toutefois, si tout cela est fort bien expliqué d’entrée dans l’introduction, le corps du livre lui-même est essentiellement autobiographique, partant de la vie de ses grands-parents, des personnages hauts en couleurs, pour parler ensuite de sa mère, infirmière célibataire accro à différentes substances, ses oncles, tantes, sa sœur, ses amis et relations.
Ce faisant, J.D. Vance disserte beaucoup sur lui-même, son enfance, ses études, les personnes qui sur son chemin l’ont protégé et empêché de glisser vers la délinquance, vers une addiction ou une autre, ou vers le rejet du système scolaire. Comment, du milieu d’où il vient, avec l’enfance qu’il a eu, il est devenu avocat, constitue le noyau du livre, et si c’est intéressant, c’est tout de même assez auto-centré, et l’analyse sociologique à côté de ça, paraît un peu vite réglée, et pas toujours approfondie… Je suis donc un peu mitigée après lecture, et si ce livre ne manque pas d’intérêt et complète certains romans, noirs le plus souvent, qui ont le même cadre, il ne m’a pas totalement convaincue. Peut-être aurait-il fallu pour cela que le style soit plus brillant, plus remarquable, ce qui, à mon avis, n’est pas le cas, toutefois, je ne voudrais pas vous décourager de le lire.

Je vous renvoie aux billets de Keisha et Sandrine et Sylire, plus élaborés que le mien.

Hillbilly élégie de J.D. Vance, (Hillbilly elegy, 2016) éditions Globe (2017), traduction de Vincent Raynaud, 284 pages.

Deuxième participation au Mois américain 2018, et projet 50 états, 50 romans pour le Kentucky. Je me rends compte à la fin de mon billet que l’auteur ne fait pas partie des invités au Festival America comme je le croyais…
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16 commentaires sur « J.D. Vance, Hillbilly élégie »

  1. Je comprends ce que tu veux dire bien que je sois beaucoup plus enthousiaste que toi. C’est un roman autobiographique pas un documentaire. Je n’ai pas trouvé l’écriture très élaborée en revanche je trouve son expérience et son regard très intéressant.

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  2. J’en avais entendu parler à l’occasion de la rentrée 2017 (Je crois ). Pas eu le temps de le lire et effectivement tu donnes envie de passer à autre chose. Pourtant le sujet est intéressant.

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