Rentrée littéraire 2018 (4)
« L’aube n’était qu’une intuition, une certitude encore invisible, mais Håkan s’élança vers elle à toutes jambes, le regard rivé sur ce lointain qui ne tarderait pas à rougeoyer et lui montrer la direction menant à son frère. »
Le roman commence en Suède, au dix-neuvième siècle. Un jeune garçon et son frère guère plus âgé que lui sont les deux seuls de la famille à pouvoir embarquer pour l’Amérique. À un moment du voyage, ils se retrouvent séparés et le plus jeune, Håkan, débarque en Californie, avec pour seul objectif New York, et l’idée de traverser le pays de part en part pour retrouver son frère Linus. C’est l’époque de la Ruée vers l’or, avant la guerre de Sécession, et ce n’est évidemment pas une mince affaire d’entreprendre ce périple. D’autant qu’Håkan ne parle pas un mot d’anglais. Les rencontres qu’ils font l’emmènent dans la bonne direction, ou pas, ou le freinent dans son élan vers l’Est.
« L’homme posa une autre question, et ces mots-là ne semblaient pas être de l’anglais. Il refit une tentative dans une langue aux sonorités gutturales et rêches. Håkan le regarda tout en frottant la peau à vif de ses poignets. »
Le moins qu’on puisse dire est que la mise en situation et la construction du roman mettent en appétit. Et rien par la suite n’est venu me décevoir ou remettre en cause mon éblouissement pour cette histoire, et pour la manière dont elle est racontée !
Les personnages rencontrés par le jeune garçon, chercheurs d’or, tenancière de bar ou scientifique parcourant le désert, pourraient sembler des stéréotypes, mais vus par l’œil de Håkan, l’impression de déjà-lu s’estompe et ils acquièrent au contraire une fraîcheur et une nouveauté à laquelle je ne m’attendais pas. Comme Håkan ne parle que quelques mots d’anglais, au début du moins, le texte ne contient pas de dialogues et l’auteur se place totalement de son point de vue. Aucune compréhension n’est donc fournie au-delà de ce que le jeune homme comprend. J’ai trouvé cela particulièrement habile, et idéal pour donner un élan formidable au roman. La temporalité aussi reste assez vague, comme elle l’est pour Håkan qui ne connaît même pas son âge.
« Sa crainte de tomber sur quiconque ayant pu avoir vent de ses actes était si grande que, en plus de ces ombres imaginaires qui les jetaient au sol sans crier gare, il découvrait maintenant à tout bout de champ des signes de présence humaine. »
Après des péripéties qui font de Håkan un personnage quasiment légendaire dans l’Ouest, du fait de sa haute taille et d’actes qu’il aurait accomplis, (je reste volontairement vague), il doit poursuivre son voyage en évitant tout contact humain. C’est étonnant, parce que je sortais du roman de Sophie Divry, Trois fois la fin du monde, qui explorait aussi le thème et la description de la solitude, et cela a été extrêmement intéressant de mettre les deux en parallèle. La solitude subie est bien différente de celle qui est choisie, mais l’une et l’autre peuvent devenir insupportables.
J’ai vraiment savouré chaque mot de ce roman pas si typiquement américain qu’on pourrait le croire. On connaît les romans qui brossent l’envers du rêve américain, voici le roman qui décrit l’envers des mythes fondateurs… De la figure héroïque du pionnier qui protège sa famille, à la liberté que procurent les grands espaces, rien ne ressemble à ces mythes pour Håkan, et en cela, son histoire préfigure celles de nombreux immigrants qui trébucheront sur leur image rêvée de l’Amérique. Si on ajoute à ces qualités une écriture et une traduction remarquables, qui rendent aussi bien les descriptions de paysages que les affres du personnage, et voilà un premier roman d’une telle richesse que je le classe sans hésiter dans la catégorie des mes préférés !
Au loin de Hernan Diaz (In the distance, 2017), éditions Delcourt (septembre 2018) traduit par Christine Barbaste, 334 pages.
Lecture pour le Mois américain 2018. Ah, et n’oubliez pas, si vous allez au Festival America à Vincennes du 20 au 23 septembre, Hernan Diaz y sera également !
Je ne l’ai pas remarqué du tout ce roman. L’auteur sera au festival America ?
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Oui, il y sera… il faudrait que je commence à regarder les thèmes des différentes rencontres !
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Oh, mais ça a l’air très très bien !
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ça l’est, je t’assure !
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Ce festival s’annonce frustrant, là! Merci pour ce roman (et j’attends pour le divry)
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Entre le Divry, le roman espagnol de la semaine dernière et celui-ci, j’étais en pleine thématique « solitude profonde » ! 😉
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Vu ton enthousiasme, je ne peux que le noter ! Je n’zn avais pas encore entendu parler. Je serai au festival America, tu y vas aussi ?
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Oui, nous serons à Paris ce week-end là, je n’ai pas encore de programme établi ! 😉
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Chouette alors ! Peut-être arriverons-nous à nous voir 🤗 j’ai une ébauche de « planning », susceptible de changer quinze fois d’ici là 😂 Beaucoup d’expos photos qui ont l’air bien intéressantes aussi, tu as vu ?
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Oui, tu as raison, il faut aussi que je me « penche » sur les expos photos !
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Dis donc tu as vu, ce roman est dans la sélection des matchs litteraires de la Rentrée Rakuten 🙂 je voulais déjà lire L’écart d’Amy Liptrot et Asta de Jon Kalman Stefansson, du coup je l’ai mis en choix 3 😍 Merci pour l’excellent timing de ta chronique 🤗
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Le timing est dû au jour de sa sortie, aujourd’hui, tout simplement. 😉
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je note aussi pour le sujet et le traitement qui a l’air excellent
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Vraiment excellent, j’étais intéressée pour le sujet et j’ai vraiment savouré chaque mot (ai-je bien parlé de la traduction ?)
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oh Delcourt et un roman…cela devient intrigant didonc…et tout un roman qui demande a etre decouvert….oui toute une chouette traversee…
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Delcourt publie des romans depuis le début 2018 me semble-t-il, et devient un éditeur de littérature étrangère notamment, sur lequel compter !
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oh je ne savais pas…trop trop bon..je note…surtout litterature etrangere…;)
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En train de le lire car j’anime un débat avec l’auteur au festival America…
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Super ! J’espère bien voir un débat où il sera, son roman m’a passionnée !
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moi non plus je ne l’avais pas repéré celui-là… hop, un de plus (alors que je n’en ai commencé aucun, ça promet…)
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Rien ne t’oblige à les lire tout de suite ! J’aime bien revoir parfois mes « vieilles » listes d’envies de rentrée (deux ou trois ans) et voir ce qu’il me reste à lire !
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Un titre de cette rentrée qui m’attire beaucoup.
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Et tu as bien raison ! 🙂
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Ton billet est très intéressant !
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Merci Sylire ! J’ai lu ou écouté (je ne sais plus, zut !) une interview de l’auteur, qui m’a inspirée.
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Grâce à ton article, il est mon premier choix pour les matches de la rentrée littéraire ! 😉
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Chouette ! 🙂
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Pour sûr, tu m’as transmis ton enthousiasme et j’ai bien envie de le lire à mon tour.
Bon festival !!
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Merci, je suis presque sûre que tu aimerais.
Et toi, tu ne viendras pas au festival America ?
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Non, je serai encore en vacances; mais de toute façon, je ne pense pas que j’y serai allé. Malgré tout l’intérêt que j’y trouve, je reste à l’écart de ces grands rassemblements qui sont trop éprouvants pour moi. Mais je sais que je peux compter sur tous ceux et celles qui y seront allés pour en avoir un bel aperçu 🙂
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Ton billet donne très envie ! en plus, un destin venu de Suède, ça change un peu.
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Oui, ça m’a fait penser à la Saga des émigrants, que je n’ai toujours pas lue, donc je ne peux comparer davantage… 😉
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Une note très intéressante sur un livre qui a tout pour me plaire. Merci pour la découverte 🙂
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Je pense aussi qu’il pourrait te plaire ! 🙂
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Encore un billet qui me donne envie de découvrir ce roman.
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J’espère bien ! 😉
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Un des titres de la rentrée que j’ai le plus envie de lire je crois !
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Tu as le bon « feeling » !
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La couverture est superbe. Le thème choisit me plait et ce que tu en dis également
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Tout pour plaire, donc ! 😉
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Sylire a beaucoup aimé aussi !! Pfiou, comment faire pour lire tout ce qui me tente. 😉
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En triant ce qui semble te convenir de ce qui n’est pas pour toi… (je sais ça en laisse encore bien trop, d’autant qu’on ne veut pas passer à côté d’un coup de cœur éventuel !) 🙂
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Ah oui, en effet, tu es aussi enthousiaste que moi !
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C’est MON coup de cœur de rentrée !
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