Rentrée littéraire 2018 (2)
« Au bout d’un temps infini, le greffier dit que c’est bon, tout est en règle, que la fouille est terminée. Il ôte ses gants et les jette avec répugnance dans une corbeille. Je peux enfin cacher ma nudité. Mais je ne rhabille plus le même homme qu’une heure auparavant. »
Un jeune gars de banlieue, Joseph Kamal, se retrouve à la fois sans famille et emprisonné. Son frère a été abattu lors du braquage où lui même a été arrêté. Joseph n’a rien d’un récidiviste, il découvre l’univers carcéral, et le lecteur avec lui. J’avoue que je ne m’attendais pas à un tel début, avec une sensation d’enfermement, d’étouffement, puissamment rendue par les mots. Puis un événement, d’origine nucléaire, rapidement évoqué, précipite Joseph dans un monde radicalement différent. Il se retrouve en effet seul dans une zone contaminée, la majorité de la population étant morte des suites des radiations, sauf une faible minorité dont il fait partie. Il pourrait choisir de rejoindre la zone protégée, mais préfère s’installer dans un hameau vidé de ses habitants. La sensation de solitude qui suit la promiscuité carcérale est d’autant plus forte, une solitude qui n’est pas choisie, mais qui arrange bien Joseph après l’inhumanité de la prison, et la peur que lui inspiraient ses codétenus.
« Il ne reste de ces semaines de rêveries que la sensation d’être abominablement seul. »
Joseph n’est pas vraiment un manuel, ni quelqu’un de proche de la nature, il doit apprendre tous les gestes, se documenter pour connaître ce qui l’entoure, s’adapter à la région où il est réfugié. Les évocations de la nature et des saisons ne sont peut-être pas le point fort de l’auteure, mais elle sait parfaitement se mettre à la place du personnage et dans ses pensées, faire ressentir ce qu’il ressent, pousser à imaginer ce qu’on ferait à sa place, comment on appréhenderait l’environnement, les plantes, les animaux…
Sophie Divry montre en écrivant ce roman, comme avec ses précédents, qu’il est possible de raconter une histoire en s’attachant aussi à la forme même du roman. En trois parties, correspondant, si on veut, aux trois fins du monde du titre, elle nous emmène dans un univers radicalement différent de celui de ses autres romans, dans un style bien distinct aussi, avec des passages du « il » au « je » qui rythment le texte.
Elle dit dans une interview avoir lu et été inspirée par Le mur invisible de Marlène Haushofer ou La petite lumière d’Antonio Moresco plus que par Robinson Crusoé. Comme dans ces romans, c’est de solitude qu’il s’agit, et de se créer un univers qui soit vivable lorsqu’on est seul. Mais tout d’abord, l’être humain est-il adapté à la solitude ? Dans l’atmosphère d’inquiétude concernant le futur qui est celle de notre époque, les romans traitant de survie solitaire sont nombreux, et celui-ci y a toute sa place, et se révèle passionnant jusqu’à la dernière ligne.
Trois fois la fin du monde de Sophie Divry, éditions Noir sur Blanc (août 2018), 240 pages.
#TroisFoisLaFinDuMonde #NetGalleyFrance
L’avis d’Antigone sur Trois fois la fin du monde.
Sur ce blog, les billets sur La condition pavillonnaire et Quand le diable sortit de la salle de bain, à lire aussi le billet de Sandrine sur Rouvrir le roman, un essai qui semble très intéressant.
Antigone m’avait déjà donné très envie de le lire ; tu confirmes 🙂
J’aimeJ’aime
Je pense qu’il a tout pour te plaire !
J’aimeJ’aime
J’ai tout lu d’elle jusqu’ici et me réjouis de lire ce nouveau (qui va arriver en bibli).
http://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2017/07/la-cote-400-rouvrir-le-roman.html
J’aimeJ’aime
Il me reste Rouvrir le roman à trouver et à lire, je pense qu’il complètera parfaitement mes lectures de l’auteure.
J’aimeJ’aime
Tu sais quoi ? J’ai fini « la condition pavillonnaire » hier soir et c’est une méga claque ! Je vais me precipiter sur tous les autres !!!
J’aimeJ’aime
Alors là, je ne peux que te conseiller de te précipiter, effectivement !
J’aimeJ’aime
Un sacré roman oui.
J’aimeJ’aime
Nous sommes d’accord… pour cette fois ! 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Ce livre commence à faire parler de lui de manière plus que convaincante !
J’aimeJ’aime
Tant mieux, il mérite qu’on garde une place pour lui…
J’aimeJ’aime
J’avais eu beaucoup de mal avec la sensation d’enfermement dans La condition pavillonnaire … Malgré ton avis, et la référence au mur invisible, je crains l’étouffement.
J’aimeJ’aime
Je ne me souviens pas l’avoir trop éprouvé dans La condition pavillonnaire, mais là, dans la prison, oui… A toi de voir !
J’aimeJ’aime
Voilà encore un exemple d’auteurs autour desquels je tourne depuis des années sans réussir à me décider une fois pour toute…
J’aimeJ’aime
C’est difficile de tout lire, j’espère que tu trouveras l’occasion de lire un de ses romans…
J’aimeJ’aime
Comme Autist Reading… sans vouloir copier !
J’aimeJ’aime
Alors, je te fais la même réponse ! 😉
J’aimeJ’aime
Tout aussi enthousiaste que toi ! l’essai sur le roman est très intéressant aussi.
J’aimeJ’aime
Maintenant, je suis fin prête à lire Rouvrir le roman !
J’aimeJ’aime
Il m’attend et je m’en réjouis, forcément !
J’aimeJ’aime
Chouette, bonne lecture !
J’aimeJ’aime
je note je n’ai rien lu de cette auteure mais l’univers carcéral je connais un peu de l’intérieur alors j’hésite…)
J’aimeJ’aime
Je ne suis pas sûre mais je pense que l’auteure a visité une prison, ça a de tels accents de vérité ! (mais ce n’est pas la partie la plus longue)
J’aimeJ’aime
je pense que je vais retrouver ce roman sur ma route et ce qu etu en dis est très intéressant.
J’aimeJ’aime
Merci Luocine, j’espère qu’il te plaira.
J’aimeJ’aime
les avis semblent unanimes, hop, c’est noté !
J’aimeJ’aime
Oui, les avis sont positifs, dans l’ensemble. 😉
J’aimeJ’aime
je n’ai encore jamais lu Sophie Divry, ce sera mon premier… Et vu que tu évoques La petite lumière, il ne peut que me plaire !
J’aimeJ’aime
C’est l’auteure qui cite La petite lumière, que je n’ai pas lu (mais j’en ai bien envie).
J’aimeJ’aime
J’ai écouter l’auteure hier sur France Culture, mais elle n’est pas arrivée à me convaincre. A voir si il croise ma route.
J’aimeJ’aime
Tous les auteurs ne sont pas aussi à l’aise à l’oral qu’à l’écrit… tu peux lui laisser sa chance. 😉
J’aimeJ’aime
Oooh ça pourrait bien me plaire. J’avais adoré Le mur invisible et puis j’adore ces thématiques de solitude et de survie. Il faudrait quand même que je lise avant l’avant-dernier Divry qui prend la poussière sur ma PAL depuis un moment…
J’aimeJ’aime
Tu as dans ta PAL Rouvrir le roman ? Tu peux peut-être le lire avant, effectivement, il ne semble pas trop long.
J’aimeJ’aime
S’inspirer d’Antonio Moresco, l’auteure à bon goût ! Elle a bâtie une histoire de survie, je note ce livre. C’est bien de découvrir des livres grâce à la blogosphère surtout en cette rentrée littéraire alors merci du partage 🙂
J’aimeJ’aime
Je t’en prie Frédéric, c’est bien normal, quand on en a l’occasion, d’aider les copains blogueurs et les autres lecteurs à faire leur choix !
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai tendance à fuir les romans mettant en scène un futur dévastateur, cela m’angoisse trop. Ceci-dit, il a l’air passionnant !
J’aimeJ’aime
Il n’est pas trop anxiogène, je trouve, sans doute parce que la nature reste préservée…
J’aimeJ’aime
j’ai adoré ce roman, gros coup de cœur pour moi . Je n’ai pas lu l’ITW où elle dit s’être inspiré du Mur Invisible , mais j’ai bien senti la référencement. Un pur bonheur de lecture.
J’aimeJ’aime
Je suis un chouïa moins enthousiaste que toi, mais j’ai beaucoup apprécié cette lecture néanmoins.
J’aimeJ’aime