« On peut devenir des héros sans rien faire, il suffit que votre action revête un sens pour les autres. »
Ouvrir ce roman peut être une expérience déroutante. En effet, après une première partie d’une trentaine de pages numérotée 0 qui se déroule à Manhattan en septembre 2001, le titre « Ceux d’ici » apparaît, et, en abandonnant l’un des personnages, le roman en suit un autre jusque dans son bourg de Howland, et le roman commence vraiment. Ensuite, le fil du texte passe d’une personne à une autre, comme on s’intéresserait quelques minutes à une personne croisée par hasard pour ensuite se demander qui est cette autre personne qu’on aperçoit plus loin. Comme le bourg est petit, les mêmes finissent par revenir régulièrement sur le devant de la scène, notamment Mark, entrepreneur dans le bâtiment, originaire de la ville, et Philip Hadi, un New-Yorkais nouveau-venu, qui lui commande des travaux de sécurisation. Mark, sous son influence, se lance avec son frère dans des placements immobiliers. On suit aussi les familles et amis de l’un et de l’autre, ceux qui fréquentent le même café ou la bibliothèque, les écoliers ou les collégiens…
« Les gens de Manhattan semblaient surtout mus par la conviction erronée que leur vie était la seule réelle, importante, la seule influente, que les autres, les provinciaux, vivaient déconnectés de la réalité. Alors que c’était tout le contraire : sur terre, aucune espèce n’était plus déconnectée qu’un new-yorkais. »
Le roman porte un regard vif et un peu acide sur les conséquences à moyen terme du 11 septembre dans un petit bourg du Massachusetts où tout le monde ou presque se connaît. Et ce qui naît de cet événement n’est en rien caricatural, mais au contraire remarquablement analysé et disséqué. Le bourg de Howland est, à échelle réduite, l’exacte réplique de l’Amérique de Trump, qui est représenté ici par le riche Philip Hadi, qui, malgré son manque de sens des réalités, ou plutôt une certaine manière qu’il a de mélanger les genres, de confondre service public et mécénat, devient maire de la ville…
« C’était une petite ville, et malgré cette conviction yankee que chacun menait une existence indépendante, tout le monde s’occupait tout le temps des affaires des autres. »
Je pourrais reprendre ce que j’avais dit du roman de l’auteur, Les privilèges, lu en 2012, et qui était construit un peu de la même façon. L’histoire peut sembler ténue, c’est davantage l’analyse et le regard porté sur ses contemporains par Jonathan Dee qui sont intéressants, et si l’on peut craindre l’ennui, ça n’a pas été du tout le cas pour moi, j’avais au contraire à chaque fois grande envie de le reprendre. J’ai beaucoup apprécié les personnages de femmes, plus discrets, mais aussi porteurs de belles nuances.
L’auteur sera en septembre au festival America, et je suis sûre d’ores et déjà que j’assisterai à l’un des débats auxquels il participera.
Ceux d’ici de Jonathan Dee (The locals, 2017) éditions Plon (janvier 2018) traduit par Elisabeth Peelaert, 410 pages.
le thème m’intéresse ça me rappelle que j’ai « Les privilèges » dans ma PAL, depuis des lustres 🙂
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Je pense que tu peux commencer par Les privilèges, je l’avais beaucoup aimé lui aussi.
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il pourrait me tenter aussi!
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Cette plongée dans l’Amérique rurale n’est pas si courante, et prenante…
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« Les privilèges » est dans ma PAL depuis un festival America où je l’avais rencontré. Donc, je m’en tiens là pour le moment.
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Je pense qu’il n’y a pas d’ordre pour lire ses romans, mais Les privilèges est très bien et un peu construit pareil…
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Je pourrais m’intéresser aux privilèges alors; Oui, il sera au festival
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Les privilèges et deux autres romans (pas lu pour moi) sont en poche…
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Pour ma part, j’avais eu du mal à entrer dedans…
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Je comprends, le début est un peu déroutant, et aussi la manière de passer d’un personnage à un autre…
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La construction a l’air un peu spéciale mais l thème m’intéresse. Je le lirai, je pense.
Daphné
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Pour la construction, tu es prévenue, alors ça va ! 😉
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Un auteur que je n’ai pas lu depuis longtemps… A revoir !
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Je ne l’avais pas suivi non plus dans ses deux derniers romans, je me rattraperais bien, du coup !
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j’aime bien ce que tu dis de ce roman, et comprendre pourquoi les Américains votent pour Trump ça m’intéresse.
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Ce roman permet de voir d’autres américains que ceux des grandes villes. Je sais, il y a aussi beaucoup de romans noirs qui parlent de l’Amérique rural, mais de ses côtés les plus trashs, puisque ce sont des romans noirs. C’est sensiblement différent ici.
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Je n’ai pas encore lu cet auteur mais j’y compte bien avec celui-ci ou son précédent.
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Je trouve qu’il est à découvrir, si on aime la littérature américaine.
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Ce roman me tente beaucoup depuis sa sortie, avec cette petite crainte de m’ennuyer, comme tu le soulèves ici. A force de voir des avis comme le tien, je vais finir par céder à la tentation…
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Je ne l’ai pas trouvé ennuyant du tout, cette galerie de personnages m’a beaucoup intéressée.
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J’avoue que je me suis copieusement ennuyée, me demandant jusqu’au bout : « mais où veut-il en venir ? » Alors que j’avais adoré « la fabrique des illusions ». Ce genre de roman d’atmosphère, ce n’est pas trop pour moi, en fait…
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Alors, c’est surprenant, parce que je ne suis pas particulièrement patiente, si je ne sens pas où va un roman, et là, ça ne m’a pas agacée à un seul instant… 😉
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Tu nous raconteras ton festival.
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J’avais aimé Les privilèges, qui portait un regard assez désenchanté sur la société américaine. Celui-ci a l’air dans la même veine, je le note, pourquoi pas.
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Tout à fait dans la même veine, et j’ai autant apprécié l’un que l’autre.
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