Valérie Tong Cuong, Par amour

paramourJe vous propose une courte chronique entre deux périodes de pause estivale, parce que ce roman le mérite et constitue une parfaite lecture d’été.

« C’est le problème avec les gens qui ne parlent pas beaucoup, on a vite fait d’interpréter de travers, on leur prête les intentions qui nous arrangent, surtout quand ces gens-là comptent énormément pour nous. »
Une famille ou plutôt deux, celles d’Émélie et Muguette, deux sœurs assez différentes l’une de l’autre, se retrouvent à passer la deuxième guerre mondiale au Havre, ville qui subit plus qu’aucune autre d’intenses bombardements. L’exode tout d’abord, est raconté comme je l’ai rarement lu. Ensuite, les années de guerre dans une ville régulièrement bombardée sont bien différentes de celles relatées du point de vue des parisiens, ou des habitants des campagne ou encore de ceux de la Zone Libre. Chacun des membres de la famille rapporte une partie de la guerre telle qu’il l’a vécue, chronologiquement et avec ses mots, son ressenti, ses silences et ses mensonges.

« J’étais si soulagée de quitter Le Havre, sans doute la plus heureuse de notre petit groupe ! Ou plutôt, de quitter les bombardements, la peur collante, les déchirements, les privations, le désarroi de tante Muguette, les regards de plomb entre papa et maman. Je ne rêvais que de ça, de m’enfuir. »
Les changements de point de vue réussissent parfaitement à installer le contexte, et à conserver l’attention du lecteur.
Le Havre fait plutôt dans ce roman penser à Londres, si ce n’est que ce sont justement les Anglais qui la bombardent. L’auteure s’est bien documentée, sur les enfants envoyés à l’abri à la campagne ou en Algérie, sur les restrictions en tous genres, sur le Débarquement, sur les maladies liées aux privations, mais cela ne ressort pas exagérément, au contraire l’histoire est très fluide et ne pâtit pas de passages didactiques.
Ce n’est pas une chronique des années de guerre mais un roman animé d’un véritable souffle : comme j’étais pressée de le reprendre pour retrouver cette famille si attachante !

Par amour de Valérie Tong Cuong, éditions Stock (2017) et Livre de Poche (2018) 384 pages en poche.

C’est un bijou pour Noukette, un superbe roman pour Edyta, Eva est emballée, Luocine est un peu réservée et voici un avis différent pour ne pas tomber dans les louanges à tout va, celui de Valérie.

27 commentaires sur « Valérie Tong Cuong, Par amour »

  1. J’ai assisté à une rencontre avec l’auteure à la sortie de son roman. J’ai prévu de le lire tôt ou tard, le Havre c’est à côté et j’avoue que je ne connaissais pas cette histoire. Pourtant, la ville en porte encore la mémoire et chaque fois que j’y vais, j’essaie d’imaginer ce qu’elle a pu être avant.

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    1. Je ne m’attendais pas à être aussi épatée par ce roman… J’ai beaucoup aimé la finesse avec laquelle elle passe d’un personnage à l’autre et la restitution de l’atmosphère de la Deuxième Guerre Mondiale. Cela m’a rappelé des (bons) romans anglais…

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  2. Pas un coup de coeur mais j’ai bien aimé malgré tout car cela raconte une vision de la guerre en France, quand une ville est bombardée par ses propres alliés, quand on doit faire le choix d’éloigner ses enfants pour les sauver, les sacrifices etc….

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  3. Je me souviens bien de ce roman et il m’a permis de découvrir un fait de la deuxième guerre mondiale peu connu. Je ne sais pas qui se rappelle qu’on a envoyé des enfants en Algérie pour les protèger de la guerre et des bombardements.

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  4. On me l’a offert mais je l’ai prêté à une collègue pour ses vacances avant de le lire 🙂 ravie de lire qu’il est parfait pour une lecture d’été (même si ce n’est pas si léger que ça), c’était ce que ma collègue souhaitait!

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