Arnaldur Indridason, Le lagon noir

lagonnoir« Ce jeune policier piquait constamment sa curiosité. Il faisait tout à sa manière, personnelle, il avait quelque chose de vieillot et d’anachronique, ne parlait de lui, n’appréciait pas vraiment la ville et ne s’intéressait pas au présent sauf pour exprimer son agacement face à l’époque actuelle. »
Dans la continuité des Nuits de Reykjavik, Le lagon noir opère un retour en arrière sur la jeunesse d’Erlendur. L’enquête ou plutôt les deux enquêtes conjointes se déroulent en 1979. Erlendur est un tout jeune policier qui travaille sous les ordres de Marion Briem il est amené à enquêter sur ce qui semble au départ un suicide mais qui s’avère très vite un meurtre, celui de Kristvin, un jeune homme qui travaillait sur une base aérienne américaine. L’époque n’étant pas encore si éloignée que ça de la Seconde Guerre Mondiale, l’aéroport civil de Reykjavik demeure sous le contrôle des Américains, ce qui crée pas mal de tensions avec la population qui supporte mal cet état de fait. Erlendur et Marion n’ont pas vraiment les coudées franches pour enquêter et se voient adjoindre l’aide d’une jeune femme, membre de la police militaire américaine. En parallèle, comme il aime bien à le faire, Erlendur mène des recherches sur une jeune fille disparue vingt-cinq auparavant de manière inexpliquée.

« Erlendur trouvait que cette rencontre entre la lave tapissée de mousse, l’eau chaude et la vapeur recelait une étrange beauté, une beauté née du volcanisme qui avait façonné les paysages désolés de la péninsule de Reykjanes. »
Ce volume des enquêtes d’Erlendur n’est pas mon préféré, j’ai trouvé que les dialogues ne sonnaient pas toujours juste. Enfin, plus précisément, les dialogues perdent parfois en vraisemblance du fait de la longueur des réponses : on a du mal à concevoir qu’un sans-abri ou un pompiste se lancent dans de longs discours explicatifs à destination d’un quasi-inconnu, à propos de faits survenus vingt-cinq ans avant. Les deux résolutions d’enquêtes sont également un peu convenues.
Par contre, le contexte historique de la guerre froide est vraiment passionnant, et j’ai hâte d’attaquer la trilogie des Ombres, où l’aspect historique devrait être plus prégnant encore. Je me suis aussi amusée tout du long à essayer de trouver l’indice qui me permettrait de savoir si Marion Briem est un homme ou une femme. En effet, le prénom étant mixte en Islande, l’auteur a laissé planer le doute, et le traducteur a très habilement esquivé aussi ce point ! J’ai lu dans un article qu’il avait laissé une marque de genre quelque part, mais prise dans le roman, je ne l’ai pas trouvée !

Le lagon noir d’Arnaldur Indridason, (Kamp Knox, 2014) éditions Métailié (2016) ou Points, traduction d’Eric Boury, 380 pages.

Les avis d’Aifelle, Electra et Keisha.

Ce sera mon Objectif PAL de juin avant les sorties de pile de l’été !
obj_PAL2018

19 commentaires sur « Arnaldur Indridason, Le lagon noir »

  1. Merci pour cet avis. Il ne cesse de me décevoir Indridason depuis plusieurs livres et j’hésitais à le lire. Je passe donc.

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  2. Je n’ai pas l’impression que j’aurai un coup de coeur pour cet auteur mais il faudrait quand même que je tente Les Nuits de Reykjavik un jour histoire de me faire une idée de son univers (pfff depuis le temps que je me le dis…).

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    1. J’ai des limites en ce qui concerne les polars : pas de violence gratuite, de scènes trop « gore » ou d’ambiances vraiment trop déprimantes… mais parfois on ne le sait pas avant de commencer ! En tout cas, rien de tout ça avec Arnaldur, donc j’y reviens de temps à autre.

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