« Un décor humain doit s’adapter au scénario, jamais l’inverse. Et le réalisateur règne à discrétion sur le plateau, comme un peintre dans son atelier ou le romancier sur ses personnages. Pourtant, lui semblait-il, bien des figurants auraient pu remplacer les acteurs sans dommage, et vice-versa. La rue pullule d’étoiles anonymes. »
Je trouve difficile de parler d’un roman tel que celui-ci, tout en subtilité et en suggestion. Il est évidemment possible de le résumer en deux ou trois lignes qui enlèveraient une grande partie de la magie de la lecture… disons donc qu’il raconte quelques mois de la vie de Damya, une jeune femme qui s’apprêtait à jouer le premier rôle d’un spectacle de danse, mais qui dorénavant travaille à chercher des figurants pour le film adaptant La douleur de Marguerite Duras. Le casting sauvage consiste à aborder des gens dans la rue selon qu’ils correspondent au profil recherché, ici pour jouer des rescapés des camps. Damya engage alors la conversation avec les plus émaciés, les sans-abris, les malades, les drogués… d’autres personnages apparaissent, un sculpteur, un chorégraphe, d’autres restent invisibles comme le jeune homme que Damya recherche depuis un rendez-vous manqué…
« Tout amour en effet débute sur un coup de dé, comme tout roman, mais c’est en vain qu’il les lançait et relançait sur un tapis brûlé, accumulant les fiascos. De quel auteur est cet habile récité bricolé à partir d’une foule d’incipits ? Il faudrait être bien ingénieux ou sacrément ingénu pour se combiner une authentique histoire d’amour avec cent bouts de passions avortées. »
Il faut s’imaginer que le personnage principal est une ville (enfin, c’est mon sentiment), Paris qui, à des moments féeriques, ne semble plus habitée que par des espèces animales, oiseaux, chats, rats et souris, insectes, et même un cerf crépusculaire… et à d’autres heures, ses trottoirs sont engorgés de nuées de réfugiés, maigres et harassés. L’auteur se laisse porter par les mots, ose le parallèle entre les victimes des attentats de novembre et les déportés de retour des camps, s’intéresse à la collusion des arts, danse, sculpture, cinéma, écriture, s’interroge sur la place du corps… La fin très touchante clôt cette longue rêverie poétique.
Je n’aurais peut-être pas lu ce roman si je ne l’avais gagné, j’ai pourtant lu et aimé Le peintre d’éventail et Corps désirables, quoique avec quelques petites réserves, mais pas du tout aimé Théorie de la vilaine petite fille qui m’a ennuyée. Finalement, mon préféré est peut-être, le temps qui passe le dira, ce dernier roman, qui a su me toucher avec un sujet moins facile que Le peintre d’éventails, mais surtout une belle ambiance portée par une écriture des plus délicates.
Je le conseille à ceux qui aiment la plume de l’auteur comme à ceux qui voudraient la découvrir.
Apprécié aussi par Jostein et Yv.
Casting sauvage de Hubert Haddad (Zulma, mars 2018) 160 pages.
Ce roman a été sélectionné par les jurés du Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs, mais je n’ai pas eu l’occasion d’écouter Hubert Haddad à Saint-Malo.
Je crois que je vais me laisser tenter… j’aime beaucoup Hubert Haddad et ses univers. J’avais eu l’occasion de le rencontrer sur un marché de la poésie à Paris : j’en avais été toute émue !
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Tu devrais être sensible à la poésie de Casting sauvage…
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je sens qu’il faut se laisser aller à une écriture particulière pour apprécier ce roman.
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Oui, tout à fait, les extraits le montrent… ce n’est pas mon genre d’écriture préféré, mais lorsque c’est bien fait et pas trop long, ça me va ! 😉
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Un magnifique roman, j’ai beaucoup aimé ma première découverte de l’univers d’Hubert Haddad. Merci pour ta chronique !
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Je pense que tu peux creuser dans la bibliographie de l’auteur, si tu as aimé !
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J’avais aimé Le peintre d’éventail, alors je note ce titre.
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Leurs univers sont très différents, mais le style m’a plu encore davantage cette fois…
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J’avais abandonné Théorie de la vilaine petite fille et je n’ai pas relu Hubert Haddad depuis. Ce titre serait parfait pour m’y remettre on dirait !
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Dans Théorie… je n’ai rien retrouvé de ce que j’avais aimé dans Le peintre d’éventails, cette fois, si !
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J’aime beaucoup son écriture. J’ai Mä dans ma PAL, il faut que je le ressorte.
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Mais oui, il faut que tu le sortes, il me semble ne pas avoir lu trop d’avis sur Mä…
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Jamais lu, mais je pourrais me laisser tenter par ce que tu en dis (t puis je n’ai pas tout compris et j’aime bien aussi aller dans l’inconnu)
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Moi aussi, j’aime bien ne pas tout savoir avant de commencer un livre, c’est pour ça que j’écris des avis un peu nébuleux… ^-^
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je me laisserais bien tenter, j’aime bien le style de l’auteur….
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Le style m’a vraiment emportée, cette fois, il était tellement en osmose avec le sujet…
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Le momen,t de retrouver un auteur dont j’apprécie la plume. Je note
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C’est un roman très poétique, mais aussi très dense.
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je ne saurais dire quel est mon préféré, celui-ci étant dans le top dix, mais j’ai beaucoup aimé Corps désirable et au contraire de toi, Théorie de la petite fille. De toutes façons, lire Hubert Haddad n’est jamais mièvre.
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Tu as raison, on aime ou pas, mais ce n’est pas trop lisse…
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et moi je ne connais rien de rien de cet auteur!!! Zut, j’en ai envie maintenant!
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Et puis, c’est chez Zulma… 😉
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Je suis très mitigée avec Hubert Haddad… J’ai beaucoup aimé « Le peintre d’éventail », j’ai adoré « Ma » mais j’ai détesté « Corps désirable ». Au final, il m’en reste un dans ma PAL, je verrai s’il saura trancher. Je feuilletterai le roman dont tu parles à l’occasion pour voir, aussi !
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C’est un auteur qui me surprend aussi, que j’ai du mal à cerner… c’est pour ça que je reviens vers ses livres de temps à autres ! J’aurais bien aimé l’entendre lors d’un entretien à Saint-Malo, mais je l’ai raté. (juste aperçu en dédicace !)
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D’hubert Haddad je n’aime pas tout, ses derniers me sont tombés des mains, je lui reconnais une écriture de qualité mais parfois, je crois que je ne comprends pas, trop esthétique pour moi. Je peux me sentir minable à lire ses écrits. J’avais pourtant beaucoup aimé Vent printanier ou Opium Poppy.
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Je n’ai pas lu les deux romans que tu cites… mais moi non plus, je n’aime pas tout de lui, son écriture est assez particulière.
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J’avais adoré « Le Peintre d’éventail », mais depuis j’ai été très déçue par l’auteur et ne comptais pas le relire. Ton billet me fait vaciller sur ma position.
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C’est un roman agréable à lire, j’ai aimé son atmosphère, mais je ne dirais pas qu’il est indispensable…
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