« Schoch s’était avoué depuis longtemps qu’il était alcoolique. Mais un alcoolique contrôlé, ne cessait-il de se dire. Il pouvait arrêter quand il voulait, cela s’était déjà avéré à plusieurs reprises. Il avait arrêté et, parce qu’il y était parvenu, il avait recommencé. Il arrêterait totalement le jour où il aurait une bonne raison de le faire.
Un éléphant rose était-il une bonne raison ? »
Je tente de surmonter ma flemme pour vous parler aujourd’hui de ce roman original, mais sur lequel on peut se faire de fausses idées, l’imaginer loufoque et complètement barré, ce qui n’est pas le cas. Oui, le petit éléphant rose que Schoch, sans-abri de Zurich, découvre un matin au réveil dans la grotte qui constitue son abri au bord de la rivière n’est pas une hallucination, ni un jouet, il est bien réel. C’est une discussion sur la génétique avec un scientifique, qui lui a affirmé que des modifications génétiques permettraient d’obtenir un éléphant nain rose et fluorescent, qui a donné l’idée de ce livre à Martin Suter.
« Il la porta sur la table du microscope. Solennellement, car ce qu’il tenait en main était le résultat de nombreuses années de travail, la raison pour laquelle il s’était endetté jusqu’au cou… »
Une bonne idée ne suffit pas à faire un bon roman, et pourtant, dans ce cas, cela fonctionne parfaitement, grâce à la construction travaillée au millimètre, qui alterne le présent où Schoch découvre l’éléphant, avec le passé, où Roux, un généticien, tente des manipulations dont le but n’est pas uniquement l’avancée de la science. Ajoutez à ces personnages d’autres SDF, un patron de cirque, un cornac birman qui chuchote à l’oreille des éléphants, une vétérinaire engagée, un chinois qui ne recule devant rien… et vous obtenez un thriller passionnant. Ce n’est pas si souvent que le personnage principal, celui pour lequel on craint le plus, est un petit éléphant rose !
« Au Soleil, on pouvait s’asseoir, et le café était meilleur. Il fallait certes s’habituer un peu aux sentences pieuses accrochées un peu partout dans ce petit bistrot sans ornement, mais quand un sans-abri devait choisir entre supporter les bondieuseries et payer son café à prix d’or, il ne réfléchissait pas longtemps. »
Je n’ai jamais été déçue par les romans de cet auteur suisse. Il excelle à changer à chaque fois d’univers, faisant entrer dans un roman des recherches documentaires pointues sur le thème de la mémoire, des drogues ou de l’économie, de manière fine et pédagogique, sans jamais provoquer l’ennui du lecteur. Son art d’entrer directement dans le vif du sujet et de maintenir la tension d’un bout à l’autre du livre se retrouve de romans en romans, que j’ai presque tous lus, sauf la série des Allmen, plus légers, je crois.
Toute la subtilité de l’auteur est mise au service de la psychologie des personnages. Schoch reste le plus intrigant, et permet à l’auteur de traiter avec délicatesse du sujet de l’alcoolisme et de l’existence des sans-abris, mais les autres acteurs de ce thriller ne manquent pas d’intérêt non plus.
Si je recommande ? Oui, bien sûr, et nul besoin d’être prêt à gober des fantasmagories, tout est parfaitement réaliste dans ce roman, et relève à peine d’une très légère anticipation, dont on ne souhaite pas qu’elle devienne réalité.
Éléphant de Martin Suter (Elefant, 2017) éditions Christian Bourgois (août 2017) traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, 356 pages
Les chroniques de A girl from earth, Jérôme et Violette.
Lire le monde, c’est ici.
A priori, je n’aurais pas été tentée. Mais vu ton avis, je vais réfléchir 🙂
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Bonne réflexion, Aifelle ! 😉
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Une idée originale pour un roman prenant, qui nous amène à réfléchir sur les dérives possibles (et avérées) des manipulations génétiques. C’était le premier livre de cet auteur que je lisais et j’ai beaucoup apprécié aussi !
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Contrairement à toi, je connaissais l’auteur (j’ai beaucoup aimé Small world, Le diable de Milan, Un ami parfait…) et à chaque fois, il a su me surprendre !
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j’ai eu une énorme déception avec un de ses romans « le temps, le temps » mais j’avais bien aimé « le cuisinier » et « small world » alors je me méfie de cet auteur .
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Je n’ai pas lu Le temps, le temps… et tu ne m’incites pas à rattraper cette lecture qui m’a échappée ! 🙂
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Je viens d’emprunter à la médiathèque Le temps, le temps… Parce qu’il n’y avait pas Elephant. Je ne connais pas encore l’auteur.
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Je serais curieuse de lire ton avis, il fait partie de ceux que je n’ai pas lu.
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Je viens de le finir et je suis plus que sceptique ! Le sujet est alambiqué, et je n’ai guère trouvé ça passionnant… On attend une fin surprenante, bien sûr, on l’a, mais 300 pages pour ça, pffff !!! Je rejoins donc Luocine sur ce roman.
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Je ne note donc pas de lire « Le temps, le temps », il semble très dispensable… mais que cela ne te détourne pas d' »Éléphant » pour autant ! 😉
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Il est franchement épatant cet auteur. Arriver à accrocher son lecteur sur des histoires les plus improbables (et plus profondes qu’il n’y paraît), en donnant l’impression que tout est parfaitement normal, il faut le faire ! Il faudrait que je poursuive ma découverte de son univers.
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Tu résumes parfaitement ce qui fait (généralement) sa marque de fabrique ! J’ai du goût pour ce genre de romans…
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Comme Aifelle j’avoue que le thème de l’éléphant (rose ou vert) me surprend et de prime abord je ne me serais pas du tout tournée vers ce livre. Là j’hésite….
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J’étais un peu circonspecte à sa sortie, mais j’ai accroché immédiatement… c’est très bien échafaudé !
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Pas loufoque du tout, non, contrairement à ce que le point de départ pourrait laisser penser. J’ai découvert l’auteur avec ce titre et je ne compte pas en rester là avec lui !
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Certains autres de ses romans m’ont bien plu aussi… (Small world, Le diable de Milan, et un ou deux autres)
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J’qi Le cuisinier sur mon étagère « à lire »
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Bonne lecture, et bonne découverte !
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Pour ma part, je ne l’ai jamais lu. Mais, du coup, puisque tu le connais bien, avec lequel de ses romans conseillerais-tu de le découvrir ? Celui-ci ou un autre ?
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Pourquoi pas celui-ci… sinon, Small world me semble très bien convenir aussi.
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Sans ta chronique, j’aurais passé mon chemin. Là, je suis plutôt tentée 😉
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Hé, tant mieux, j’aimerais qu’il te plaise autant qu’à moi !
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Je n’ai jamais lu l’auteur. L’occasion ne s’est pas présentée. Je retiens ce titre.
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Un auteur à retenir, mais pas forcément tous les titres… (voir le commentaire de Krol)
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Un auteur qu’il faut que je découvre.
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Un peu d’originalité donc… pourquoi pas?
Daphné
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Je viens de le lire 🙂
Je l’ai trouvé formidable !
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Tant mieux !
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