« Ce n’est que lorsqu’il s’engagea sur le sentier de la hêtraie que tout se referma. Les arbres et les fins branchages tout autour, le brouillard épais qui pesait depuis les hauteurs, et la terre noire sous ses pieds le firent frissonner. »
Le commissaire Soneri, déjà rencontré dans Le fleuve des brumes, a besoin de repos. Il choisit de retourner dans le village de son enfance, dans les Apennins, et comme le mois de novembre est bien entamé, son occupation principale sera la cueillette des champignons ! C’est compter sans l’atmosphère du village qui est pour le moins alarmante : des coups de feu résonnent par intervalles dans les montagnes alentours, des affiches fleurissent concernant le patron de l’entreprise de salaisons locale. Ce village entre la mer et la région de Parme vit depuis des décennies pour et par la grosse usine de charcuterie devenue une multinationale prospère… Enfin, en théorie. Le fils, Paride Rodolfi, a disparu depuis quelques jours, soit-disant pour aller chercher une cagnotte gardée à l’étranger. Les créanciers, les banques, attendent son retour avec impatience. Le suicide du patriarche de la famille les rend encore plus inquiets et pressés de revoir leur argent.
« Le commissaire écoutait, de plus en plus mal à l’aise, ces dialogues pleins d’allusions qui lui échappaient. »
J’ai lu récemment que ce roman était inspiré par l’affaire Parmalat, énorme scandale financier en Italie au début des années 2000. Toutefois, pas d’inquiétude, le but de l’auteur n’est pas de démonter les mécanismes financiers ou de les expliquer en détail, mais plutôt d’étudier l’emprise d’une grosse société sur un village qui n’a pratiquement pas d’autre source d’emploi. On travaille pour la société Rodolfi ou on quitte le village pour la ville, et ce, depuis des années. Le commissaire Soneri, qui n’a pas l’intention de mener une enquête, s’y trouve toutefois plus ou moins impliqué puisque son propre père a travaillé pour l’entreprise de salaisons. Et puis, lorsqu’on trouve un corps dans les bois en cherchant des champignons, comment ne pas se sentir concerné ?
Pour aimer ce roman, il faut aimer les romans policiers qui prennent leur temps, qui n’hésitent pas à décrire des sentiers de montagne noyés dans le brouillard ou des massifs montagneux au petit matin, autant qu’à retranscrire des conversations autour d’un bon plat de sanglier accompagné de polenta ! Puisque l’enquête, à partir du moment où il y en a une, est officiellement confiée aux gendarmes, c’est d’ailleurs en se promenant dans les bois et en conversant ici ou là, que le commissaire réfléchit à la situation. Toutefois cette relative lenteur va déboucher sur une conclusion beaucoup plus mouvementée…
« Il scruta les visages qu’il reconnaissait, mais sur lesquels le temps avait déposé une couche d’hostilité craintive. »
Comme dans Le fleuve des brumes, j’ai été embarquée par l’atmosphère, et ai lu avec grand plaisir ce polar qui permet de découvrir une région d’Italie sous un angle particulièrement riche et intéressant. Il me restera à lire La pension de la via Saffi, paru entre temps. Pour ceux qui se demanderaient comment les éditions Agullo ont pu faire paraître trois romans de l’auteur en si peu de temps, sachez que deux traductrices ont travaillé sur les romans, l’une a traduit le premier et le troisième, l’autre le deuxième.
L’auteur était présent aux Quais du Polar, je n’ai pas eu l’occasion de l’écouter, mais j’y ai pris de nombreuses idées de polars de toutes les régions de la Botte, de quoi voyager à peu de frais !
Les ombres de Montelupo de Valerio Varesi (Le ombre di Montelupo, 2005) éditions Agullo (mars 2018) traduit de l’italien par Sarah Amrani, 310 pages
Tu y étais ? On aurait pu se rencontrer !
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Eh oui ! L’année prochaine, peut-être ?
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J’ai salué la table italienne, Biondillo et Lucarelli que j’ai lus, je note Varesi
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Je ne connais pas encore les romans de Gianni Biondillo, ni de Carlo Lucarelli. Il y a tellement d’auteurs à découvrir !
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Je pense que les amatrices de polars vont vouloir connaître ce commissaire et aussi l’Italie.
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Je le pense aussi… surtout pour celles et ceux qui n’aiment pas que ce soit trop « glauques »…
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Je ne suis pas fan de polars mais ce titre parait attirant.
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Tout à fait, il peut plaire même à des non-amateurs de polars…
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Je ne finirai bien par en lire un, pour l’atmosphère que tu décris. C’est bien, je vais continuer à découvrir la littérature italienne avec toi. ( tu as retrouvé ton italien ? 😉 )
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Je crois bien que mon italien ne revient qu’en me rapprochant de la Méditerranée… Quant aux romans de Varesi, les deux premiers sont en poche ! 😉
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je pense qu’il pourrait me plaire!
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Certainement !
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Je crois que ça me plairait bien. C’est extraordinaire, cette variété de polars italiens, je commence à peine à les connaître. Je devrais lire plus d’Italiens…
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Et à chaque fois, on découvre une nouvelle région… ici, l’auteur est de Parme, mais ce roman se passe dans les montagnes entre Parme et La Spezia.
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J’ai acheté La pension de la via saffi ce matin ! Il vient de sortir en poche.
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Je te souhaite une bonne lecture !
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Un polar d’atmosphère et qui ne va pas à 200 à l’heure, ça peut me convenir 😊
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Oui, je le pense aussi !
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J’ai remarqué que les policiers n’ont pas de chance ! Quand ils vont se mettre au vert, ils choisissent toujours un lieu où il va y avoir un meurtre. Bon à retenir quand je serai sortie de mon mois belge !
claudialucia
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Pourquoi, tu comptes te mettre au vert dans un endroit calme ? 🙂
Non, je comprends que tu le retiens pour le mois italien !
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