« Turtle a toujours su qu’elle avait grandi différemment des autres enfants. Mais elle n’avait jamais eu conscience jusqu’à présent, de l’ampleur de la différence. »
Turtle, quatorze ans, vit seule avec son père, fréquente le collège de sa ville de Mendocino, sur la côte au nord de la Californie, se lie peu avec les autres élèves. La jeune fille maintient un semblant d’équilibre entre la vie de famille, c’est-à-dire un père qui exerce sur elle une toute-puissance malsaine, l’entraînement au tir, l’école et les échappées dans la nature. Les discours hallucinés d’un père nuisible, grand lecteur mais fou d’armes à feu, survivaliste, empreint d’une méfiance immense à l’égard du monde qui les entoure, ne sont contrebalancés que par les propos du grand-père de Turtle, vieil homme alcoolique et maladroit, et ceux de ses enseignants, qui ne l’atteignent pas. Une de ses professeurs soupçonne une maltraitance, mais ne parvient pas à tirer la moindre confidence de Turtle. Un jour, la jeune fille, échappant pour un temps à l’emprise de son père, rencontre deux garçons de son âge, mais tellement différents d’elle, qu’ils l’intriguent et la fascinent…
« Elle se replie sur elle-même presque sans un mot, sans se préoccuper des conséquences ; son esprit ne peut être pris par la force, Turtle est une personne tout comme lui, mais elle n’est pas lui, elle n’est pas non plus une part de lui. »
Vous allez forcément entendre parler à profusion de My absolute darling dans les semaines à venir, et ce sera, à mon avis, pleinement justifié. Ce roman est traversé d’une tension inouïe, qui le rend fascinant malgré la brutalité des faits qu’il raconte. Tension du au fait qu’on ne sait jamais trop à quoi s’attendre, comme Turtle elle-même, obligée de prendre la vie comme elle vient, le pire comme le meilleur. L’auteur a réussi à donner à son texte une puissance incroyable sans se prendre les pieds dans une avalanche de sentiments, ni d’explications psychologiques. Au contraire, les personnages sont vus par le prisme de leurs actions, et des seules pensées de Turtle, qui jamais ne porte de jugement, hormis sur elle-même. Et cela la rend si incarnée, si vivante… Que faire alors sinon poursuivre sa lecture pour, à toute fin, savoir si elle va fuir, se rebeller ou baisser les bras ?
« Tu dois t’entraîner à être rapide et réfléchie, ou, un jour, l’hésitation te foutra en l’air. »
C’est un chant de soumission et de désespoir que ce roman, mais surtout d’intelligence et de courage, porté par la personnalité rare d’une toute jeune fille. Le style, ainsi que la traduction impeccable, viennent se mettre au service d’une histoire impossible à oublier. Et encore, je n’ai pas mentionné la nature, paysages, plantes et animaux qui envahissent, et pas seulement à la marge, l’environnement de Turtle, et qu’elle connaît intimement.
Ce roman ne plaira cependant pas à tous les lecteurs, du fait de ses moments de cruauté et de la relation perturbante entre père et fille. À qui plaira-t-il alors ? Je dirais à celles et ceux qui aiment les romans de Joyce Carol Oates ou de Russell Banks, et ne craignent pas de s’aventurer vers des rivages plus noirs comme ceux des romans de David Vann ou Donald Ray Pollock… Ceci dit, à vous de voir.
My absolute darling de Gabriel Tallent (2017) éditions Gallmeister (mars 2018) traduction de Laura Derajinski 455 pages
Tous conquis : Autist Reading, Cuné, Léa et Nicole.
Gabriel Tallent sera aux Quais du Polar à Lyon les 6, 7 et 8 avril.
Je n’étais pas tentée jusqu’à ce que tu dises que ce roman plairait au fan de J.C Oates… 😁
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Enfin, sauf si je suis la seule à faire cette comparaison… 😉
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Ce livre fait tellement parler de lui en ce moment… Je me laisserais bien tenter ayant aimé David Vann…
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Pour moi, c’est meilleur que le roman de D. Vann que j’ai lu (Sukkwan Island) mais je ne veux froisser personne… 🙂
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Tu ne me froisses pas. Au contraire ça me donne encore plus envie…
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ah alors…Oates, Vann, c’est pour moi
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Je pense qu’il devrait te plaire, oui.
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Si j’en crois ce que tu dis je devrais faire partie de ceux à qui ce roman va plaire !
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Je suis pratiquement certaine qu’il te plaira.
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Au niveau des références Oates et Russel Banks me parlent (et me plaisent) , j’hésite un peu quand même pour le côté très sombre (en bref je guette les étagères nouveautés de ma BIBLI 🙂
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Très sombre, mais avec des éclaircies… C’est la tension qui est vraiment forte, plus que dans bien des thrillers où ça semble « fabriqué ».
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Oates, Vann. Là je commence à sentir que ce n’est pas vraiment pour moi, désolée. ^_^
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Peut-être effectivement que ce n’est pas trop pour toi… bah, on ne peut pas tout lire !
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Je crois que ça pourrait me plaire… Je l’ai déjà noté suite au billet de Nicole.
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Je pense aussi qu’il devrait te plaire autant qu’à moi… c’est dur, mais je suis une petite nature, et j’ai continué (et j’ai bien fait !)
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Les quatre dernières références me parlent très fort !
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J’ai bien réfléchi à mes références, pour essayer d’aider au choix (de le noter ou non) ! 😉
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Je suis assez tentée, mais ta référence à Oates ne me rassure pas .. J’attendrai la bibliothèque.
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Je ne peux pas affirmer qu’il te plairait, mais si tu le commences, je ne crois pas que tu pourras arrêter. J’ajoute que tu aimes les romans de Sandrine Collette qui sont loin d’être « tendres », alors…
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Les auteurs que tu cites en références me plaisent tout à fait et ce que tu dis de ce roman me tente beaucoup !
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Je crois pouvoir affirmer que tu aimerais, je ne lui ai pas trouvé de défauts. Les scènes difficiles à supporter ne sont pas gratuites.
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C’est tentant mais ça a l’air quand même très dur, pas sûr que j’ai envie de ça en ce moment. J’ai été tellement traumatisée par le premier roman de David Vann que je ne l’ai jamais relu…
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Je cite David Vann, mais moi aussi j’ai été choquée par son premier et je n’en ai pas lu d’autre… J’ai trouvé un peu plus d’espoir dans celui-ci…
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Avec certitude, il ne croisera pas ma route celui-là !
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C’est bien ce que je pensais, il ne plaira pas à tout le monde…
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Encore un avis positif : il me tente de plus en plus.
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Hé, je n’ai lu aussi que des avis enthousiastes (mais vient toujours au bout d’un moment quelqu’un qui s’est trompé de lecture !)
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Tes références sont très tentantes (quoique je me suis arrêtée au premier Vann, ça me suffit) mais je suis quand même réticente… il faut que je feuilette ce livre pour savoir si jen ai vraiment envie.
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Je te rassure, je me suis aussi arrêtée à Sukkvan Island… Comme je le disais plus haut, j’ai trouvé plus de raisons d’espérer dans le genre humain dans My absolute darling.
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Autist Reading m’avait donné envie et tu en remets une couche 😉 En fait, il me tente ET me fait peur mais je vais quand même essayer de le trouver en Angleterre la semaine prochaine 😉
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N’aie pas trop peur : l’auteur a su trouver un juste équilibre entre les moments révoltants et d’autres qui apportent de l’apaisement.
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Je viens justement ce matin de lire une critique enjouée de ce roman. Cela me conforte dans mon idée de le lire.
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Les avis sont positifs. Si tu me connais, tu sais que je ne suis pas du genre à aligner les superlatifs, mais là, c’est vraiment à mon avis un excellent roman.
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Terriblement tentée par ce roman…!!!
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Cela ne m’étonne pas !
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Très bon avis sur le dernier numéro de Lire. Tu m’as convaincue, je le ńote
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ça ne m’étonne pas que le presse en parle… Je suis contente de t’avoir convaincue ! 😉
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ta critique me tente:
j’ai entendu parler de ce livre plusieurs fois, et « Lire » lui donne 4 étoiles donc 🙂
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Je pense qu’il est à noter, même si c’est pour attendre que le coup de chaud médiatique qu’il a engendré retombe un peu ! 😉
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On m’a tellement dit qu’il était dur que ça fait peur… mais tu me donnes quand même envie.
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L’auteur n’a pas voulu édulcorer, mais le roman n’est pas pour autant dépourvu d’espoir…
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Je viens de le finir… d’accord pleinement avec ton analyse, quelle force et quelle claque !! J’avais peur de le lire mais j’ai bien fait de la dépasser : c’est un chef d’oeuvre…
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