Il n’est pas trop tard pour regrouper quelques lectures du mois de décembre, plus ou moins prenantes…
Lenka Horňáková Civade, Giboulées de soleil, Alma (2017)
« Je ne saurais pas lui raconter ma vie à Vienne, lui expliquer pourquoi je désire retourner. Pourquoi lui avouer que si je supporte si bien cette campagne, c’est parce que la frontière n’est pas loin, seulement à quelques kilomètres ? »
L’histoire de la Tchécoslovaquie de l’après-guerre aux années 80, est vue par le prisme de quatre générations de femmes. C’est une sorte de malédiction qui fait naître à chaque génération une fille au lieu du garçon attendu, et qui voit se perpétuer cette tradition subie. J’ai été séduite au début par l’atmosphère de la campagne d’Europe centrale, et par l’écriture douce et sobre, sans longueurs inutiles, de Lenka Horňáková Civade, qui m’a rappelé les romans de Robert Seethaler, Le tabac Tresniek ou Une vie entière, avec un petit quelque chose du Cœur cousu de Carole Martinez.
Le personnage incontestablement le plus intéressant est la mère de Magdalena, dont l’histoire apparaît racontée par les trois générations qui la suivent. Mais il est dommage que le début prometteur se dilue au fil des portraits, qui deviennent moins convaincants, et que le roman se termine sur la résolution d’un mystère qui m’a semblé secondaire.
Une jeune auteure à ne pas perdre de vue, toutefois !
Eric Vuillard, L’ordre du jour, Actes Sud (2017)
« La vérité est dispersée dans toute sorte de poussières. »
Le titre du roman pourrait être 12 mars, comme le précédent roman d’Eric Vuillard s’intitulait 14 juillet. Il tourne en effet autour de l’Anschluss, annexion de l’Autriche par Hitler, le 12 mars 1938. Eric Vuillard remonte toutefois un peu avant, au moment où les grands industriels allemands, qui n’ont absolument pas été inquiété après-guerre, mettent des fonds à disposition du chancelier allemand.
Plus que pour le fait historique, connu, (mais il est toujours intéressant et pas inutile d’en découvrir les rouages, les ratés, les à-côtés et les conséquences) c’est par le style que ce court texte m’a séduite. Les phrases sonnent tellement juste, s’enchaînent si implacablement, et si cruellement, lorsqu’on voit où mène cet épisode historique…
Maggie O’Farrell, Assez de bleu dans le ciel, Belfond (2017) traduction de Sarah Tardy
« Je suis en train de hurler à pleins poumons. Il y a, lorsqu’on vit au milieu de nulle part, comme un je-ne-sais-quoi qui vous autorise à prendre ce genre de liberté. »
J’ai déjà lu et apprécié d’autres romans de Maggie O’Farrell, et pourtant cette fois-ci, je n’ai pas accroché et abandonné à la moitié du roman, non sans avoir jeté un coup d’œil à la fin… Je n’ai pas compris pourquoi l’auteure a choisi une construction aussi sophistiquée, alternant les époques et les personnages, pour une histoire somme toute sans grand relief… Une star de cinéma qui se cache dans un petit village d’Irlande, alors que personne ne sait ce qu’il est advenu d’elle, y vit avec un certain Daniel et ses enfants.
Daniel, non content d’avoir une vie assez compliquée, avec son actrice fantasque, se lance dans des recherches à propos de son premier amour, et de la mort de celle-ci, vingt ans auparavant. Le thème de la fuite, déjà traitée par l’auteure dans En cas de forte chaleur notamment, est repris ici au travers de Daniel, mais je n’y ai pas vraiment cru, tout cela m’a semblé artificiel. Dommage !
Wojciech Chmielarz, Pyromane, Agullo (2017) traduit par Eric Veaux
« Si ça se confirme, la presse va nous tomber dessus. La Direction générale va se jeter sur le chef de la police de Varsovie, et le chef de la police de Varsovie va se jeter sur moi. Et vous savez quoi ? (Il les pointa du doigt.) Je vous tomberai dessus, et ça ne va pas vous plaire. »
Pyromane est un polar polonais, dans le style de ceux de Zygmunt Miloszewski (Les impliqués, Un fond de vérité, Rage). Un inspecteur nommé Jakub Morkta enquête dans la banlieue de Varsovie sur des incendies inexpliqués. Les relier les uns aux autres, puis tenter de prévenir une catastrophe supplémentaire et débusquer le coupable, tout cela lui donne bien du mal.
Un suspense bien ficelé, une ville engourdie par le froid, mais des neurones en surchauffe, et encore un point de vue passionnant sur la société polonaise, voilà des ingrédients d’un polar comme je les aime !
Et vous, avez-vous lu certains de ces romans ?
Je n’ai lu que le Vuillard, en aout, juste sur le nom de l’auteur, et j’ai aimé (non, pas de billet)
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J’ai bien failli ne rien en écrire non plus, j’ai fait très court, mais j’ai aimé (quel style !)
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Moi aussi j’ai lu Giboulée de soleil en décembre 🙂
Il m’a bien plu surtout la partie racontée par la fillette de 7ans (j’ai noté comme toi quelques points communs avec « le coeur cousu »)
Bonne journée Kathel 🙂
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Pas parfait, ce roman, mais une jolie écriture qui me fera sans doute revenir vers l’auteure… Bonne journée, Valentyne !
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je n’ai pas accroché à ‘L’ordre du jour » à dire vrai;.
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Oui, je comprends qu’on puisse ne pas y accrocher si on attend une fiction… ou si on n’adhère pas au style.
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Bonjour Kathel, j’ai lu et aimé Le tabac de Tresniek
Beaucoup de tentations dans ta liste, notamment Les giboulées de soleil, quel joli titre !
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J’ai un très beau souvenir du Tabac Tresniek aussi. C’est vrai que le titre de Giboulées de soleil est très tentant…
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Je te rejoins pour « les giboulées de soleil » qui démarrait bien, mais finit par se diluer. Et j’avais trouvé les femmes trop soumises, même en considérant l’époque. J’ai le prochain de l’auteure sous le coude (sortie début février). Pareil pour le Vuillard, pas de grande révélation, mais un style qui fait mouche et un rappel historique bienvenu. Je note le dernier « Pyromane ».
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J’attendrai ton avis pour « Une verrière sous le ciel ». J’avais bien vu que tu n’étais pas totalement enthousiaste pour « Giboulées de soleil », ça ne m’a pas empêché de l’acheter (mais d’occasion), j’ai du mal à résister aux nouvelles voix d’Europe de l’Est.
Tu peux noter Pyromane, il devrait te plaire ! 😉
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je n’ai encore lu aucun de ces livres. Et pourtant … je lis..je lis…
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Je pourrais prendre tes quatre dernières lectures, ce serait sûrement le cas aussi… la variété, c’est chouette !
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Mon prochain billet à paraître est sur Giboulées de soleil, à propos duquel je te rejoins : j’ai aimé le début, mais mon intérêt s’est émoussé à partir du 2e portrait. Les redondances dans l’intrigue, ainsi que le langage selon moi inadapté à des fillettes de 13 et 6 ans ont gâché la suite de ma lecture !
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Je n’ai pas eu ce ressenti pour le langage des fillettes, mais j’ai commencé aussi à un moment à regretter de ne plus être avec les personnages du début. C’est un roman un peu bancal, mais attachant toutefois.
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Ce n’est pas le premier avis positif que je lis sur « Pyromane ». Je ne suis pas une grande amatrice de polars mais je pense que je vais me le procurer en original.
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C’est un polar, certes, mais aussi une vision de la société polonaise, dans la banlieue de Varsovie…
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Je n’en ai lu aucun.
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J’ai regroupé, sinon ils allaient être passés sous silence, ça aurait été dommage.
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Je note ton polar polonais, ce que tu en dis me plaît bien. Sinon, rien lu dans tout ça. J’ai goûté à Eric Vuillard avec son 14 juillet (j’adore ta remarque sur le 12 mars, ça aurait été drôle que ce soit ce titre !), je vois le style, j’ai apprécié pour ce coup-là mais ça m’a suffi.
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Je comprends pour Vuillard, j’aime son style mais avec Tendresse de la terre, ça ne m’a pas touchée… je le relirai avec un autre titre à l’occasion.
Et Pyromane, oui, tu peux le noter ! 😉
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Eric Vuillard a un style sublime. Je n’ai pas encore lu son dernier livre mais j’adore « Conquistadors » qui est à mon sens son meilleur ouvrage. Belle journée à toi 🙂
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Je note tout de suite Conquistadors, puisqu’en plus, le sujet m’intéresse…
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Dommage pour » Les giboulées de soleil » , il me tentait bien. Je me garde le Vuillars au chaud 🙂
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VuillarD !
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Peut-être Giboulées de soleil te plairait-il tout de même ?
Pour Vuillard, je sais que tu n’es plus à convaincre !
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J’ai eu deux coups de cœur pour Maggie O’Farrell mais elle m’a aussi déçue. Je vais attendre un peu avent de me précipiter dessus.
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A relire mes avis sur les précédentes romans de Maggie O’Farrell, je remarque que je n’ai jamais été franchement enthousiaste… Je ne lirai pas les suivants.
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Comme le Vuillard est court, je tenterai peut-être, à l’occasion.
Dommage pour le Maggie O’Farrell. C’est une auteure que j’apprécie, habituellement. On verra si celui-ci croise ma route un jour.
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Oui, tu verras, ce qui m’a gênée est sans doute assez personnel…
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Arf. L’ordre du jour m’attend encore !
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Il se lit vite !
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Ouiiiii !
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j’ai beaucoup moins accroché au Vuillard que toi mais j’ai aimé Giboulées de soleil.
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Je ne suis pas tout à fait convaincue par Giboulées de soleil, mais l’auteure est prometteuse à mon avis.
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