Kazuo Ishiguro, Lumière pâle sur les collines

lumierepalesurlescollines« Je n’ai jamais bien connu Sachiko. En fait, notre amitié ne s’étendit que sur quelques semaines d’été, il y a bien longtemps. »
L’attribution, pas des plus attendues, du prix Nobel de littérature 2017 à l’écrivain d’origine japonaise Kazuo Ishiguro, est l’occasion de redécouvrir son œuvre et pourquoi pas, son premier roman, publié en 1982. L’auteur est né à Nagasaki en 1954 et arrivé en Grande-Bretagne à l’âge de cinq ans.
Ce premier roman est à mon sens beaucoup plus japonais que ses romans plus récents, à la fois par le rythme, le ton et les personnages. La narratrice est une femme d’un certain âge, Etsuko, installée en Angleterre depuis longtemps, et qui revient sur les moments où elle était mariée au Japon et enceinte de sa fille Keiko, cette même fille qui s’est suicidée en Angleterre peu de temps auparavant.
Au fil de quelques conversations avec sa deuxième fille, Niki, Etsuko se souvient notamment d’une voisine qui vivait dans une petite maison face à chez elle, et qui élevait une enfant assez difficile…

« De même qu’avec une blessure physique, il est possible de parvenir à une intimité avec les pensées les plus troublantes. »
Le roman entremêle avec fluidité le présent et le passé, évoque les années d’après-guerre à Nagasaki, la reconstruction, les images obsédantes de la guerre, les relations familiales conflictuelles, la tentation de l’immigration… Ce qui rend déjà le roman passionnant jusqu’aux dernières pages qui replacent tout le texte dans une nouvelle perspective, et qui m’ont vraiment éblouie !
Relire trois la fin, y traquer des petits détails significatifs, échafauder différentes hypothèses pour finalement en trouver une satisfaisante, et qui explique après coup tout le reste du roman, n’est pas un exercice qu’on pratique si souvent au cours de ses lectures. Cela m’a rappelé Une fille, qui danse, roman de Julian Barnes qui utilisait aussi ce procédé. Le thème de la mémoire est bien sûr au centre du roman, avec ses failles, ses interprétations, ses occultations… Pour un premier roman, c’est parfaitement maîtrisé, et je le recommande à qui veut faire connaissance avec l’auteur.
Il me restera à lire Un artiste du monde flottant ou ses nouvelles, regroupées dans un recueil appelé Nocturnes

Lumière pâle sur les collines (A pale view of hills, 1982) traduit de l’anglais par Sophie Mayoux, première parution en français en 1984, éditions Folio, 297 pages

Retrouvez d’autres romans du Prix Nobel sur le blog : Les vestiges du jour et Le géant enfoui (tous ces romans sont en poche !)

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35 commentaires sur « Kazuo Ishiguro, Lumière pâle sur les collines »

  1. J’ai lu « auprès de moi toujours » de lui et j’ai vraiment aimé. C’est un écrivain qui vaut le détour. Je pense m’en prendre un autre de lui vu qu’ils sont tous en poche. C’est un bonheur d’aller dans les librairies avant les fêtes, le choix est immense, varié.. Merci pour le conseil lecture, belle journée à toi 🙂

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  2. Je n’ai lu que les vestiges du jours (au moins cette fois je connaissais le lauréat du prix Nobel)(oui, en 2016 aussi) J’ai noté lumière pâle dans ma LAL (la bibli est riche!)

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  3. J’avais lu Auprès de moi toujours et j’en garde un bon souvenir. Il a gardé la maîtrise de l’intrigue visiblement. Tiens, il faudrait que je revienne à ses oeuvres, ton billet me motive bien.

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    1. C’est un auteur qui peut plonger dans des univers très différents, il n’est qu’à voir Les vestiges du jour ou Le géant enfoui… En tout cas, cette fois encore, j’ai aimé.

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  4. Un auteur que j’apprécie beaucoup, et dont chaque roman est différent des autres. Je n’ai pas lu celui-ci mais il va falloir que j’y remédie !

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  5. J’ai adoré ce roman ! Son meilleur à mon avis – mais je ne les ai pas tous lu. « Un artiste du monde flottant » me tente, de même que « L’inconsolé »; l’avis-tu aimé ?

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