Daniel Mendelsohn, Une Odyssée : un père, un fils, une épopée


uneodysseeRentrée littéraire 2017 (12)
« Dans la mesure où l’Odyssée elle-même foisonne de soudaines péripéties et de détours surprenants, exerce son héros à la déception, apprend à son public à attendre l’inattendu, le fait que nous ne sommes jamais arrivés à Ithaque fut peut-être l’aspect le plus odysséen de notre croisière culturelle. »

Je suis un peu à court de mots en me lançant dans la rédaction de ce douzième billet de la rentrée littéraire. Alors que c’est incontestablement une très belle découverte et une lecture enchanteresse, j’ai bien peur de ne pas être à la hauteur pour en parler !
En quelques mots, pour ceux qui n’en auraient pas entendu parler, Daniel Mendelsohn, professeur d’université à Bard College, y décrit l’année où son père, quatre-vingt-un ans, a décidé de rejoindre le cours que son fils consacrait à l’Odyssée, destiné à des élèves de première année. À la suite de cette année, ils ont aussi décidé de partir ensemble en croisière sur les traces d’Ulysse, en Méditerranée. Pourquoi lire ce roman, moi qui ne connais l’Odyssée que par des extraits de manuels scolaires ou des films qui l’adaptent de manière sans doute très libre ? Pourquoi être tentée par cette forme autobiographique, alors que c’est en général ce que je fuis dans la littérature ?

« Les transformations magiques opérées par les dieux ne sont que le pendant surnaturel de la force bien réelle qui transforme nos visages et nos corps, qui nous abîme, nous fait perdre nos cheveux et nous creuse des rides : le Temps. Quand l’apparence extérieure, le visage et le corps ont changé au point d’être méconnaissables, que reste-t-il ? Existe-t-il un moi intime qui résiste au temps ? »
Les voies qui nous amènent à un livre sont impénétrables, celles qui font que ses pages nous repoussent ou nous aimantent aussi. C’est le deuxième cas pour ce livre qui m’a vraiment passionnée, tant par l’érudition de l’auteur, jamais pesante, que par des relations père-fils soigneusement décrites, avec humour et tendresse.
L’auteur a l’art de procéder par retours en arrière, par inclusions d’événements passés dans la narration, en une composition circulaire à la manière d’Homère, mais sans que cela semble une posture, un truc pour appâter le lecteur, et ça marche impeccablement. Le personnage du père ne manque pas de piquant, il a tout de suite une présence incroyable, il me semble impossible de ne pas avoir envie de le suivre dans son cursus universitaire tardif. Et bien sûr, le périple d’Ulysse pour retourner auprès de Pénélope, le long poème décortiqué avec sagacité par Daniel Mendelsohn, mais aussi ses élèves et son père, qui a pour lui l’expérience des années, est absolument passionnant ainsi analysé. Les nombreuses évocations des relations père/fils dans l’Odyssée trouvent des résonances dans les rapports entre l’auteur et son père, et c’est un aspect, parmi bien d’autres, tant ce livre est riche, qui m’a passionnée.
Que dire de plus, si ce n’est que je le recommande vivement ?

Une Odyssée : un père, un fils, une épopée de Daniel Mendelsohn, (Flammarion, 2017) traduit de l’anglais par Isabelle Taudière et Clotilde Meyer, 432 pages.

Repéré grâce à Dominique et Galéa, ainsi que dans un dossier du Magazine littéraire d’octobre 2017. Keisha, Papillon, Sandrion, Cléanthe en parlent aussi.

38 commentaires sur « Daniel Mendelsohn, Une Odyssée : un père, un fils, une épopée »

  1. Tu penses bien que c’est totalement le genre de livres que j’aime! Je l’ai lu en parallèle avec une BD de Jean Harambat, et c’était parfait.

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  2. Comme toi, j’ai adoré ce roman. Et comme toi je suis un peu ennuyée de n’être pas à la hauteur du plaisir que j’ai ressenti à cette lecture, en écrivant mon billet .

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  3. Tu en parles très bien finalement 😉 J’ai moi aussi beaucoup aimé ce livre, pour les mêmes raisons que toi. Je n’en lis d’ailleurs que du bien. Le coup de coeur de cette rentrée litteraire!

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  4. C’est LE livre que je veux lire et je l’attends avec impatience. Pour le moment tous les avis concordent et il n’y a pas un bémol. Il n’a pas eu de prix mais ce qu’il a l’air intéressant !

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  5. Je trouve que tu en parles vraiment bien. On sent que tu as beaucoup aimé ce livre. Il n’a pas eu de prix c’est dommage mais grâce à ton blog et d’autres on peut découvrir de nouveaux auteurs, livres. merci à toi 🙂

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      1. tout à fait d’accord ! marre de ces livres, de ces auteur(e)s, toujours les mêmes qui sont mis en avant. Heureusement que les blogs sont là. En plus, nous ont lis vraiment les livres, ce qui n’est pas toujours le cas dans les médias traditionnels. Très bon dimanche à toi 🙂

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  6. Personne ne nous demande d’être à la hauteur des livres que nous lisons (sinon on serait auteures nous-mêmes 😉 L’essentiel est de donner envie de le lire à d’autres … mission accomplie. Je l’avais noté dès que j’ai entendu Daniel Mendelsohn à la radio, mais j’attendrai peut-être le poche. C’est le genre de livre que j’aime avoir toujours sur moi et lire par bribes ..comme j’avais fait avec « les disparus ».

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    1. Tant mieux si je réussis à donner quelque peu envie de le lire. 😉
      Je l’avais emprunté à la bibli, et c’est vrai que c’est dommage de le reposer (mais je garde le dossier du Mag. Litt. sur Homère, c’est déjà ça !)

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    1. J’aurais même volontiers embarqué en Méditerranée sur les traces d’Ulysse avec les Mendelsohn, et pourtant les croisières, ça ne me tente guère habituellement !

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  7. Entièrement d’accord avec toi d’un bout à l’autre. Ce livre formidable était vraiment une belle surprise de la rentrée. Je n’arrête pas d’y repenser tellement il m’a marquée.

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  8. Merci d’avoir cité mon billet ! je suis très heureuse que tu l’aies aimé aussi !! En fait, l’auteur y est très authentique, et on le sent. Et puis… de l’humour, de l’humanité, de la culture… bref, tout quoi !

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  9. Ce Daniel Mendelsohn ne me parlait pas trop, surtout au vu de ma PAL, mais à vous lire toutes, je passe à côté de quelque chose !

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  10. Bon, ça m’agace terriblement, car je suis certaine que ce livre est excellent, de nombreuses personnes de confiance l’affirment et le démontrent. Et puis un livre qui parle d’Ulysse, ça doit forcément me parler ! Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas réussi à entrer dans ce livre, et ça m’énerve ! Il faudrait sans doute que je réessaye de le lire…

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  11. Tu n’avais pas vraiment besoin de le recommander (il me fait trop envie ce livre depuis sa sortie), même si cela apporte forcément un plus. D’autant que ton billet est vraiment très bien, je m’imagine tout à fait imaginer la même chose que toi

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