Les chroniques n’ayant pas, (comme c’est étrange !) de volonté à s’écrire toutes seules en ce moment, je décide de regrouper deux lectures du début du mois qui se trouvent avoir un semblant de thème commun… avec de fortes différences de registre, toutefois. Dans les deux romans, un journaliste part travailler dans un pays étranger, à la fois lointain géographiquement et socialement.
Jake Adelstein, Tokyo vice
« Aucun article ne vaut la peine de mourir, aucun article ne mérite non plus que ta famille meure. »
Jake Adelstein, dans Tokyo vice, raconte comment il s’est installé à Tokyo, embauché au sein d’un grand quotidien de la capitale, et comment il a enquêté sur les organisations de grand banditisme tenues par des yakuzas. Le roman démarre sur l’histoire d’un important mafieux japonais qui serait allé subir une greffe du foie en Californie, sans être le moins du monde inquiété, et montre comment les recherches menées par Jake Adelstein lui valent des menaces de mort…
Malgré quelques difficultés à se repérer parmi les noms propres et les noms des groupes de yakuzas, quelques moments passionnants méritent qu’on s’intéresse à ce livre très dense. Il met en lumière l’impuissance de la police japonaise face aux yakuzas, tout en détaillant les multiples ramifications de ces organisations et leurs méthodes d’intimidation. Jake Adelstein connaît particulièrement bien son sujet, ses liens d’amitié avec des policiers, et aussi avec des hôtesses de bar liées à la mafia, lui ont permis de recouper une grande quantité d’informations. Je trouve un peu dommage qu’il n’en ait pas fait un roman. Tel quel, j’ai ressenti quelques longueurs et le style très factuel manque un peu de flamboyance. Je le recommande aux passionnés du Japon ou des yakuzas, ainsi qu’aux amateurs de polars ancrés dans la réalité.
(Tokyo vice An american reporter on the police beat in Japan, 2009) Éditions Points (2017) traduit de l’anglais par Cyril Gay, 497 pages
Mikael Bergstrand, Les plus belles mains de Delhi
« – Mais en Inde, quand il y a des frais de dossiers, ça s’appelle des pots de vin, donc ? »
Le deuxième roman a un ton beaucoup plus léger. Göran Borg est licencié de l’entreprise où il travaillait à Malmö, et se laisse aller à la déprime et aux pots de glace de grands formats. Lorsque son ami Erik, organisateur de voyages, lui propose de l’accompagner en Inde, il refuse d’abord, il a horreur des voyages, puis finit par se laisser convaincre. La rencontre avec l’Inde n’est pas facile de prime abord, mais un éblouissement amoureux va le faire rester plus longtemps que prévu, s’inventer un nouveau but dans la vie et le conduire à retrouver peut-être son goût pour le journalisme. Le ton est résolument humoristique, mais les personnages s’éloignent de la caricature et la vision donnée de l’Inde dépasse les clichés. On partage la fascination de Göran pour ce pays complexe, et on suit avec plaisir son acclimatation et sa transformation, dont on se demande où elle va le mener.
Distrayant, (mais pas seulement) si on n’en attend pas trop.
(Dehlis vackraste händer, 2011) Éditions Actes Sud (Babel, 2016), traduit du suédois par Emmanuel Curtil, 439 pages
Repéré chez Keisha et Ariane. Une suite est parue en poche aussi, Dans la brume de Darjeeling.
Tu sais que j’ai adoré le second (et il y a une suite? chouette!)
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A la librairie (Actes Sud à Arles) cet été, j’étais très tentée par La brume du Darjeeling, il a une couverture superbe, mais j’ai trouvé plus raisonnable de commencer par le commencement ! 😉
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Je suis partante pour le deuxième ; le premier non. J’en ai marre des mafias, des milieux d’hommes, de la violence …. qui abreuvent déjà nos journaux tous les jours.
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Je te conseille effectivement plutôt le deuxième, sachant que tu aimes bien la littérature suédoise… franchement, il est très sympa, et plus profond qu’il ne semble.
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Moi aussi le second me tente davantage.
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Il fait passer un bon moment, tout en étant bien écrit (et traduit)
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Davantage tentée par le second. Mais il faut dire que l’Inde m’attire beaucoup plus que le Japon.
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Ces deux romans sont vraiment très différents, malgré leur point commun.
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J’avais exprimé exactement les mêmes bémols suite à la lecture de Tokyo Vice : le sujet est intéressant, mais d’un point de vue littéraire… bof !
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Oui, ça a freiné ma lecture, malgré l’intérêt pour le sujet…
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Plus tentée par le deuxième. Mais il faut dire que l’Inde m’attire bien davantage que le Japon. Ceci explique peut-être cela 😉
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J’avais adoré Tokyo Vice. D’ailleurs je compte lire « la suite » très prochainement ! J’ai été complètement prise et fascinée par ce récit. Et certes, d’un point de vue littéraire, ce n’est pas magistral, mais j’ai trouvé qu’on était quand même loin de l’écriture journalistique sans âme et qu’il arrivait à captiver son lecteur par sa façon de narrer les événements. Bref, tu l’auras compris, j’ai été conquise.:-)
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Oui, je vois que tu es complètement séduite. Ce n’est pas tout à fait mon cas, mais ton avis vient heureusement contrebalancer le mien. 😉
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Les deux me tentent – et j’apprends donc que le second est le premier d’une série de deux (et j’ai uniquement le deuxième). Le Japon était ma destination d’il y a deux ans et je rentre tout juste d’Inde…
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J’ai failli commencer par le deuxième roman de M. Bergstrand, moi aussi… Les deux pourraient te plaire d’autant plus si tu connais les pays.
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Assez d’accord avec toi pour Tokyo Vice qui traîne un peu en longueur. Je l’ai posé pour en lire un autre, et puis un autre et je n’ai plus très envie de le reprendre
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Je peux comprendre… même si je n’ai pas eu de mal à le finir.
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