Valerio Varesi, Le fleuve des brumes

fleuvedesbrumes« Il se sentait empêtré dans une double affaire dont il ne parvenait pas à extraire l’ombre d’un indice, une ébauche d’hypothèse sur laquelle travailler. »
C’est sur les bords du Pô que le commissaire Soneri décide d’enquêter sur une disparition, celle d’un marinier âgé dont la péniche a été retrouvée vide après avoir dérivé un moment sur le fleuve en crue. Etait-elle vide à ce moment-là déjà, Tonna le batelier l’a-t-il abandonnée, quelqu’un d’autre a-t-il piloté la péniche ? De nombreuses questions se posent, et davantage encore lorsque le frère du marinier est retrouvé mort, défenestré au pied d’un hôpital où il se rendait souvent. Si les affaires semblent forcément liées, les pistes sont plus que minces, et le commissaire devra jouer plus souvent de son intuition que de recherches purement scientifiques. Et son intuition le mène très loin… dans le passé.

« Ses recherches le conduisaient toutes vers le Pô, sur cette terre plate où l’on ne voyait jamais le ciel. Et lui ne croyait pas aux coïncidences. »
Le fleuve des brumes est vraiment l’essence même du polar d’ambiance, avec son fleuve omniprésent, ses brouillards, ses péniches qui glissent silencieusement, ses inondations, ses petits cafés où l’on se tait plus qu’on ne discute… Cette ambiance est particulièrement bien rendue par une écriture qui fait la part belle aux images poétiques, et, si on excepte deux ou trois maladresses de traduction, aux dialogues piquants et aux pensées chaotiques du commissaire.
En même temps qu’un auteur, j’ai découvert une jeune maison d’édition, fondée en 2015, et des livres d’une présentation soignée et très séduisante avec ses rabats à surprise : une citation en VO d’un côté, un lexique des vins de la vallée du Pô de l’autre, de quoi mettre encore un peu plus dans l’ambiance !
Un sans faute pour l’objet, une découverte agréable pour l’auteur italien et deux raisons de poursuivre l’aventure. Après ce livre emprunté en bibliothèque, j’ai fait l’acquisition d’un autre roman de cet éditeur et je vous en parlerai bientôt.

Le fleuve des brumes de Valerio Varesi, (Il fiume delle nebbie, 2003) éditions Agullo (2016) traduit de l’italien par Sarah Amrani, 316 pages.

D’autres avis : Black novel, Encore du noir, Jean-Marc Laherrère

 

26 commentaires sur « Valerio Varesi, Le fleuve des brumes »

  1. Ça a l’air d’être un polar d’ambiance plutôt efficace. Je ne suis pas fan du genre (un de temps à autre ok) mais je suis assez curieuse de cette maison d’édition que tu présentes. Je vais regarder leur catalogue de plus près.

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  2. je n’ai pas réussi à résister à la lenteur du rythme, et pourtant j’aime beaucoup l’éditeur, j’en ai lu plusieurs et jusqu’ici, à part celui-ci, aucune fausse note

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  3. Tout d’abord bravo pour votre blog, je le découvre et je sais que je viendrai souvent voir vos avis ! Et concernant votre article sur Le Fleuve des brumes, je suis tout à fait d’accord avec vous, j’ai aussi pris un plaisir immense à me plonger dans le brouillard du Pô (et surtout dans l’auberge du sourd !). J’en ai fait un article sur mon blog aussi et je trouve qu’on partage de nombreux points !
    Et j’ai aperçu le début du post précédent : il faut que vous lisiez Confiteor ! 😉
    Fabien.

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    1. Merci et bienvenue ! Mais oui, ce fleuve des brumes m’a enchantée, et j’espère bien aimer autant le suivant, La pension de la Via Saffi.
      Et, oui, je compte bien lire Confiteor, d’autant plus que j’ai adoré Le voyage d’hiver…

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