Zygmunt Miloszewski, Un fond de vérité

unfonddeverite« Il lut le registre posé devant lui et la phrase joliment calligraphiée en avril 1834 par le curé de la paroisse du village de Dwikozy : « Les parents et les témoins ne savent ni lire ni écrire. » Voilà qui scellait le sort des origines prétendument aristocratiques de son client. »
Le deuxième roman de Zygmunt Miloszewski commence par une scène où un jeune généalogiste, travaillant à son compte, fait des recherches à minuit aux Archives Nationales de Sandomierz. Il va sans dire que ses horaires de travail sont assez peu vraisemblables, mais l’auteur en profite pour glisser quelques paragraphes fort bien documentés sur les rapports pour le moins agités entre catholiques et juifs en Pologne en général, et en Galicie en particulier. Ce qui s’avèrera important pour la suite de l’histoire…

« Le procureur Teodore Szacki n’avait pas de chance avec ses patronnes. La précédente avait été une peste technocrate, froide et aussi appétissante qu’un cadavre extrait d’une congère. »
On retrouve dans le deuxième roman le procureur Szacki, qui, pour des raisons assez compliquées, au milieu desquelles un divorce, se retrouve en poste loin de Varsovie, à Sandomierz nommée plus haut, ville tranquille où il commence à regretter la capitale. Le meurtre d’une femme très impliquée dans la vie locale, et à qui personne n’a jamais rien eu à reprocher, quasiment une sainte, vient briser la routine.

« Teodore Szacki n’avait en général que peu de confiance en son prochain. Et, en ceux qui consacraient leur vie à un hobby quelconque, absolument aucune. »
Le plaisir de lire cette série reconnaissable aux couvertures insolites des éditions Mirobole, tient plus au caractère du procureur, à ses conquêtes féminines, à sa perception de son prochain, toujours assorties de métaphores spirituelles, qu’à l’enquête elle-même. Je voulais retrouver ce que j’avais écrit à propos du premier tome, mais voilà, il fait partie des livres, assez nombreux ma foi, dont je n’ai pas parlé ces derniers mois.
Je pense que mon avis était sensiblement le même, le roman est distrayant à lire, à la fois bien documenté et fourni en personnages crédibles, dans une intrigue qu’il l’est un peu moins. La résolution et des péripéties finales me semblent un peu tirées par les cheveux, mais j’en retiendrai l’humour quelque peu « à froid » du procureur, une vision intéressante de la Pologne, loin des grandes villes, et l’aspect captivant de l’histoire des religions dans ce pays.

Un fond de vérité de Zygmunt Miloszewski (Ziarno prawdy, 2014) éditions Mirobole (2014) traduit du polonais par Kamil Barbarski

Les avis d’Aifelle, Dominique, Edyta, Sandrine et Yv.


Un mois un éditeur plonge pour juin dans le catalogue de Mirobole, et sur ce blog, vous pourrez retrouver aussi Vongozero de Yana Vagner.

34 commentaires sur « Zygmunt Miloszewski, Un fond de vérité »

  1. Merci pour cette chronique. J’ai lu tous les romans de cette série et je pense que celui-ci est mon préféré. Je le trouve plus effrayant que distrayant, ce qu’il dit de la société polonaise actuelle est glaçant. J’espère que nous aurons l’occasion de lire d’autres titres de cet auteur…

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    1. J’écris mon billet avec pas mal de retard, j’ai conservé bien présent à l’esprit l’humour, plus que la critique de société, mais tu as raison, c’est un aspect important, bien sûr. Je pense que l’auteur a déplacé son héros à Sandomierz pour mieux pouvoir en parler.
      Tu as lu aussi le troisième titre traduit ?

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    1. J’y ai bien adhéré aussi, rétrospectivement, je trouve que certaines scènes étaient un peu exagérées, mais ça fait aussi le charme de cette série.

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  2. Je n’ai lu que le premier volet, que j’avais beaucoup aimé. J’avais trouvé le fait de prendre pour héros un procureur original, et même dépaysant !! Je compte bien poursuivre…

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  3. J’éprouve beaucoup de sympathie pour ce procureur. J’aime l’humour assez inattendu qu’on trouve dans cette série, les enquêtes tiennent la route même si on n’est pas dans la perfection et puis ça donne une image plus moderne de la Pologne que dans les romans polonais en général (non pas que j’en ai lu foison mais bon). Je n’ai pas encore lu ce 2è volet de la série mais j’ai assez hâte !:-)

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  4. j’avais déjà écrit un commentaire et puis je n’ai pas dû le valider. Je disais que le carctère antisémite des polonais vient de loin et est toujours vivace hélas!

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