« Quand les pages enfin libérées furent devant moi, j’éprouvais une émotion très forte.
Car leur authenticité absolue était criante, l’odeur du papier et de l’encre séculaire la clamait, ainsi que les plis désormais incrustés dans les pages comme de fines cicatrices… »
L’auteur sicilien Andrea Camilleri a beau être plus connu pour ses romans policiers, il a touché à de nombreux genres, et il ne dédaigne pas d’écrire des romans historiques. Celui-ci est une commande d’un musée, pour une exposition sur le peintre le Caravage. L’auteur s’est intéressé surtout à la période que le Caravage a passé à Malte et en Sicile, notamment à Palerme et Syracuse. Avec la malice qui le caractérise, Andrea Camilleri met en scène à la manière d’une énigme policière, la découverte d’un journal du peintre, dont il n’aurait pu recopier que des extraits, les plus marquants, cela va de soi. Ces extraits mettent en lumière le caractère du peintre, ses démêlés avec la justice, sa vie privée des plus agitées.
« A Naples, la lumière du jour m’était de longue main devenue insupportable, je ne trouvais de repos que dans une chambre sans jour ou bien le soir à la brune, quand enfin je pouvais sortir dans la rue. »
Ce texte retrouvé, imaginé par l’auteur originaire d’Agrigente, explique encore comment le clair-obscur, qui est la marque de fabrique du Caravage, est venu au peintre, ou le peintre venu à lui… ainsi que la genèse d’un certain nombre de ses tableaux, en particulier ceux qu’il a laissé à Syracuse ou Palerme après son passage. Un petit fascicule en couleur, contenant plus d’une douzaine de reproductions est inséré au milieu du livre, évitant ainsi toute frustration au lecteur !
Sans vouloir vous raconter ma vie, alors que j’adore l’art moderne et contemporain, j’ai été fascinée à Rome par les tableaux du Caravage présentés aux Musées du Capitole, et plus encore par les fresques situées dans une chapelle de l’église saint Louis des Français ; il s’agit d’un triptyque sur la vie de saint Mathieu, et la vocation de saint Mathieu, particulièrement saisissante, est tellement belle qu’il est difficile de s’en détacher !
« Entretandis, frère Raffaele, qui s’attardait fort temps à observer ma Décollation, fit soudain un bond en arrière et, le visage cendreux, me demanda s’il devait en croire ses yeux quand il voyait que j’avais signé mon tableau du sang répandu par saint Jean-Baptiste. Lui seul l’avait remarqué. Je confirmai qu’il avait bien vu. »
Pour compléter l’attrait de ce petit livre, il faut ajouter que l’écriture imaginée par l’auteur pour rendre les paroles du peintre est vive, originale et parsemée d’expressions pittoresques. Encore un roman à ajouter à la longue liste des textes inspirés d’artistes, peintres ou sculpteurs, ou de leurs œuvres.
Vous pourrez trouver un grand nombre de lectures de ce genre dans la liste « Art et roman ».
La couleur du soleil d’Andrea Camilleri (Il colore del sole, 2007) traduit par Dominique Vittoz, éditions Fayard (2008) 124 pages, existe en poche.
Je n’ai pas lu l’auteur, même si je l’ai souvent croisé sur les blogs. Il y a un Caravage (discutable et discuté) au musée de Rouen. J’avais assisté à une conférence sur le sujet. Alors pourquoi quoi une lecture, même romancée.
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Ce (court) roman devrait te plaire, je pense !
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c’est un peintre qui a eu une vie incroyable et qui a déjà inspiré plusieurs romanciers. Non?
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Hé, j’avoue que je ne connais pas les autres romans inspirés de sa vie, mais j’en suis curieuse !
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J’ai trouvé La course à l’abîme de Dominique Fernandez, Il se mit à courir le long du rivage de Christian Liger, Les oeuvres de miséricorde de Mathieu Riboulet…
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Oooh voilà une idée de lecture très attirante ! Merci de nous parler de ce livre et de cet artiste exceptionnel.
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C’est une trouvaille inopinée à la bibliothèque, pas un livre de ma liste, pour une fois !
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Je connais (et apprécie) l(auteur de romans policiers. Et Caravage. La rencontre pourrait donc se faire!
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Tout à fait ! Et en plus il est en poche (je ne sais pas si il y a des reproductions dans la version poche)
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tu titilles ma curiosité! Tiens, moi aussi je garde un beau souvenir du triptyque de Saint Mathieu!
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C’est une œuvre superbe, et vraiment étonnante !
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j’aime ce style de livre. Je n’ai encore jamais lu cet auteur, merci pour ce joli partage et bon weekend à toi 🙂 🙂
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Selon ce que tu as envie de lire, tu pourras trouver un livre d’Andrea Camilleri à ta convenance…
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Il y a de cela fort longtemps, j’avais essayé de lire un de ses romans policiers et je n’avais pas accroché. Mais là, ce texte est vraiment tentant. D’autant que je garde comme toi le souvenir d’un émerveillement éprouvé devant les toiles du Caravage. Un émerveillement renouvelé à chacun de mes voyages dans cette ville que j’aime tant, moi aussi !
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En ce qui concerne les romans policiers, c’est peut-être la traduction du dialecte sicilien qui t’a perturbée. Deux traducteurs s’y sont frottés, de manières différentes… et plutôt réussies, à mon avis. Ce sont aussi des polars assez « tranquilles » comme je les aime !
Quoiqu’il en soit, je te recommanderais plutôt ses romans.
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Si je ne suis pas fan de Caravaggio, il n’y a pas à dire : quelle lumière dans ses tableaux ! Merci pour ce beau billet qui me fait noter ce bouquin.
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Ce roman permet d’en savoir plus sur le peintre, sans être une biographie classique.
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Tu le « vends » bien.
Pourquoi pas s’il croise ma route.
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Je l’ai découvert tout à fait par hasard à a bibliothèque, et j’en suis ravie !
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Camilleri, on aime … ou pas! J’ai le plaisir (la chance?) de le lire en VO et j’avoue que je ne m’en lasse pas! Je note donc « Il colore del sole ». Grazie mille 🙂
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Prego ! 🙂
C’est super de pouvoir le lire en VO, ce doit être un régal !
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