R.J. Ellory, Papillon de nuit

« J’avais l’impression que nous étions en train de rire du monde depuis l’entrée des Enfers, et c’était ça le plus drôle. »
Voilà la pensée, bien longtemps après, de Danny Ford, qui se remémore le début de son amitié avec Nathan, un jeune garçon noir, dans les années 50 en Caroline du Sud. La mention des Enfers fait allusion au fait que les relations d’amitié entre deux garçons de couleurs différentes, à cette époque et dans ce lieu, devaient forcément tourner mal. Ce qui est bien le cas puisque Danny, maintenant un homme, est dans le couloir de la mort depuis douze ans, accusé du meurtre de Nathan. Le voile est levé petit à petit sur les événements qui l’ont conduit là. (et c’est long…)

John Rousseau avait apporté sa propre bible, un volume en cuir complètement cabossé qu’il agrippait comme on agrippe la main d’un enfant parmi la foule d’une fête foraine.
Danny voit approcher la date de son exécution, on surveille son alimentation pour qu’il soit en bonne santé, et le cynisme du système ne peut que révolter. Un prêtre est envoyé lui parler, et tout jeune et inexpérimenté qu’il soit, il permet à Danny de livrer tous les détails sur les circonstances qui l’ont conduit dans le couloir de la mort.
Le roman est donc bâti sur des allers et retours entre passé et présent, il mélange roman sur l’amitié et roman carcéral, il brasse également le mouvement sur le droits civiques, la politique américaine de la fin des années 60, l’appel à aller combattre au Vietnam…
Bien que particulièrement riche de thématiques intéressantes, et bien de surcroît bien écrit, je n’ai pas vraiment été convaincue par ce roman. C’est long, relativement prévisible et en même temps pas toujours complètement crédible. Je l’ai lu il y a une quinzaine de jours, et le souvenir s’estompe déjà à grande vitesse. En relisant des passages, j’ai plutôt l’impression que l’auteur est un peu passé à côté du roman qu’il projetait. Mais peut-être est-ce moi qui n’ai pas eu la petite étincelle qui m’aurait fait m’attacher au sort des personnages. Après le formidable
Seul le silence, puis Mauvaise étoile et Les anonymes qui n’étaient pas du tout décevants, ni laborieux, je trouve ce roman un peu en deçà de ce que peut faire l’auteur anglais. Il semblerait que ce soit l’un de ses premiers romans, ce qui peut expliquer mon sentiment.

 

R.J. Ellory, Papillon de nuit (Candlemoth, 2003) éditions Sonatine (2015) traduction Fabrice Pointeau 518 pages

 

Le billet de Valérie. D’autres romans sur les droits civiques…

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23 commentaires sur « R.J. Ellory, Papillon de nuit »

  1. Ah, c’est vrai qu’après Seul le silence, il est difficile de convaincre. J’avais tout de même bien aimé ce roman, même si je reconnais qu’on en effet assez loin de la densité de son 1e titre..

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  2. Je me demande si je ne l’ai pas lu ou alors c’est une resucée de thèmes que j’ai lus et relus ! Rien qui ne me semble neuf… Je vais vérifier dans mes étagères d’avant blog ! 😀

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  3. Je n’ai lu que Seul le silence de cet auteur qui ne m’avait pas enthousiasmée plus que ça, avis assez mitigé même, du coup je crois que cet un auteur que je ne retenterai pas.

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  4. Il me semble que c’est son tout premier roman et c’est vrai qu’il n’a pas l’étoffe « des anonymes » ou de « seul le silence ». Son avant dernier m’a aussi déçu, je n’ai pas accroché à l’histoire. J’aime bien Ellory même si je le lis moins du fait de ces deux déceptions. Passe une bonne soirée ! 🙂

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    1. Exact, c’est son tout premier, ce qui explique sans doute qu’il soit moins abouti. J’ai beaucoup aimé les deux premiers que j’ai lus de lui, aussi ai-je un peu de mal à poursuivre… Bonne semaine !

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    1. Oui, très intéressant, ce qui me l’a fait emprunter à la bibliothèque… Je n’ai pas passé un mauvais moment, mais je n’ai pas été emportée…

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