S.E. Hinton, Outsiders

outsiders« Lorsque j’émergeais de la salle obscure dans le grand soleil, je n’avais que deux choses en tête : Paul Newman et la marche qui m’attendait pour rentrer chez moi. »
Ainsi commence le roman imaginé par une jeune fille de seize ans en 1967. Elle se met dans la peau, dans la tête, dans les mots d’un jeune de quatorze ans de Tulsa, en Oklahoma. Ponyboy Curtis vit avec ses deux frères dans un quartier déshérité, appartient au clan des « Greasers » qui s’opposent régulièrement aux « Socs », les petits bourgeois en voitures décapotables et polos bien repassés. Leur culture commune est la bagarre, les codes de la rue, le cinéma en plein air, l’alcool et les cigarettes. La mort d’un de ces jeunes va bouleverser la vie de Ponyboy, et l’obliger à prendre la fuite.

« Seize ans dans les rues : tu peux en apprendre, des trucs. Mais que des trucs moches, pas ceux que tu as envie de savoir. Seize ans dans les rues : tu peux en voir, des choses. Mais que des choses pourries, pas celles que tu as envie de découvrir. »
Cette citation résume bien le roman. Mais ce « West side story » de l’Oklahoma va bien au-delà du portrait, très réussi au demeurant, d’une génération cabossée. Car la jeune auteure, finement, ne caricature pas les garçons et les filles des deux clans rivaux. D’un côté comme de l’autre, certains diffèrent un peu des autres, essayent de s’en sortir, de voir plus loin que leurs petites guerres, de prendre conscience que tout cela finira mal. Ce roman est aussi celui du rôle de la littérature qui sauve, de la solidarité, de l’amour, de la mort, de la rédemption peut-être…

 

« J’adorais la campagne. Je rêvais d’être en dehors des villes, loin de l’agitation. Mon seul souhait était d’être allongé sur le dos, sous un arbre, et de lire un bouquin ou de faire un dessin, sans craindre d’être attaqué, ni d’être obligé de porter un couteau […] »
Je ne sais plus trop pourquoi j’ai choisi ce roman, puisque le choix d’un narrateur adolescent, je trouve toujours cela un peu risqué. Bien souvent, je ne reste pas intéressée très longtemps, ça semble un peu fabriqué. Cette fois, j’y ai trouvé un accent de véracité, et malgré le vieil exemplaire tout jaune et délabré que j’avais sous la main, j’ai dévoré le roman ! Quelques phrases sonnent de manière un peu naïve, parfois, mais cela reste assez marginal pour ne pas s’y arrêter. Je me suis dit qu’on devrait en faire un film, de cette formidable histoire, mais il existe déjà : Outsiders a été tourné par Francis Ford Coppola avec Matt Dillon, Patrick Swayze, Tom Cruise… Je pense toutefois que je resterai sur les images venues à la lecture !


Outsiders de Susan Eloïse Hinton. (The outsiders, 1967) édition : Livre de Poche (1984) traduction de Marie-Josée Lamorlette 188 pages.

Projet 50 états, 50 romans : l’Oklahoma.
USA Map Only

 

31 commentaires sur « S.E. Hinton, Outsiders »

    1. Mais au moins, tu en auras entendu parler. 😉 (je ne connaissais pas du tout il y a quelques mois) (et pourtant c’est considéré comme un livre-culte aux États-Unis)

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  1. Je l’ai lu il y a plus de 20 ans – j’avais pu l’acheter aux Etats-Unis, ainsi que d’autres du même auteur (à une période avant amazon, et où la seule librairie anglaise de Bruxelles ne les possédait pas). A l’époque, j’avais vu le film – que j’adore – et je voulais absolument lire le roman. En relisant la première phrase que tu notes dans ton billet, je retrouve tout de suite toute l’ambiance, avec son côté doux-amer et mélancolique. J’ai revu le film il y a quelques années et pour moi, il n’a pas vieilli. Peu importe que les acteurs soient devenus connus par la suite, ils jouent bien leur rôle.
    Le hasard fait que j’ai repensé à ces livres récemment et ton billet me donne envie de les relire.
    Et le fait que tu as aimé ta lecture me fait plaisir. Je crois que tu l’as compris, ces romans ont été importants pour moi à la fin de l’adolescence.

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    1. encore ceci: c’est après avoir lu ces livres que j’ai décidé que si j’avais une fille, je l’appellerais Eloïse. Ce qui ne s’est jamais fait mais peu importe.

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    2. C’est intéressant, ce que tu me dis sur le film. Je craignais en effet qu’il ait vieilli, quoique j’aime bien de temps à autres retrouver des classiques ou semi-classiques.
      Je peux te dire en tout cas que, même lorsque l’adolescence est fort loin (et plus encore !) ce livre conserve un impact certain !

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  2. C’est effectivement un livre culte (et un classique étudié au lycée) aux Etats-Unis. Il est temps que je le lise !

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  3. Tu l’as peut-être choisi pour les besoins de ton challenge ? De mon côté, je n’avance pas beaucoup de ce côté-là. J’ai eu plusieurs lectures américaines, ces derniers temps mais les histoires se passaient à New York.

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    1. Je l’ai trouvé sur Goodreads, je pense, en cherchant par état, je n’avais pas grand chose pour l’Oklahoma… Je suis contente, ça avance pas mal, mais cela signifie de « passer » dans des états ruraux où je ne serais pas forcément allée. 😉

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  4. Je suis affreusement difficile en terme de livre, mais je crois qu’après lecture de cet article, j’ai bien envie de trouver ce bouquin et de lui faire un sort. Ça va pas arranger l’état de ma pile de livres en attente… Merci pour ce beau morceau de prose, au passage ! Une critique aussi vivante et personnelle, c’est agréable à lire je trouve 🙂

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