J’ai mis plus de trois ans à sortir ce livre de l’étagère où il m’attendait ! Pourtant, en tant que native des bords de Marne, enfin presque, je me faisais une joie autant qu’un devoir de le lire.
Son titre le décrit, il s’agit d’une remontée à pied, de la Marne, de Charenton au plateau de Langres, tantôt sur une rive, tantôt sur l’autre, voire sur l’eau, ou le long du canal latéral, quand les rives de la Marne se font impraticables. Sans équipement excessif, puisqu’il fait étape dans des petits hôtels chaque soir, sans rythme infernal, une quinzaine de kilomètres par jour, Jean-Paul Kauffmann profite surtout de la rectitude du trajet, même s’il s’accompagne de méandres, pour suivre sa pensée. Il se plaît à retrouver de mémoire les nombreux événements historiques qui ont jalonné le paysage du Nord-est, où la Marne constituait une sorte de frontière face à l’ennemi, frontière somme tout assez symbolique puisque située dans une région que sa platitude rend remarquable ! Le voyage est donc essentiellement littéraire et historique, et parsemé aussi de quelques rencontres avec des riverains plus ou moins en verve, ours mal léchés ou dispensateurs d’anecdotes. Parmi les rencontres, celle d’un ami photographe, nommé Milan dans le livre, dans lequel on reconnaît Gérard Rondeau, récemment disparu. C’est d’ailleurs une de ses photos qui illustre la couverture.
Les digressions historiques n’empêchent pas l’auteur d’observer la Marne, plus changeante et multiple qu’il n’y paraît, à toute heure du jour, elle fait varier ses couleurs, ses odeurs, les ciels qui s’y reflètent…
Il n’est nul besoin d’en dire beaucoup plus sur ce livre qui ravira les amateurs de récit au rythme de la marche, et que j’ai aimé autant pour son style, sobrement littéraire, que pour les multiples aspects qu’une rivière peut évoquer.
Citations : Né dans un village de l’Ouest, aux marches de la Bretagne, je ne peux me prévaloir de ce cours d’eau. Il n’est ni celui de mon enfance, ni celui de ma vie d’adulte. Cependant, il m’est depuis toujours familier. Il y a chez moi un fort tropisme de l’Est, un Drang nach Osten au demeurant très pacifique, dû sans doute à mes origines alsaciennes. Il suffit que je prenne l’autoroute A4 pour ressentir aussitôt cet appel mystérieux. Du côté de Sainte-Menehould, en Argonne, mon rythme cardiaque s’accélère, je vire à l’euphorie.
L’eau exhale un parfum de feuilles mortes, d’infusion à froid, cette empreinte entêtante d’eau verte et terreuse, bouffées mouillées que ramène inlassablement le vent dans mes narines. Cette haleine de liquide bourbeux rappelle la canalisation d’eau suintante, une sensation de rouillé, de renfermé, paradoxalement rafraîchissante. Si c’était un son, ce serait une basse continue.
L’auteur : Né en 1944 en Mayenne, Jean-Paul Kauffmann a été journaliste au Matin de Paris dès 1977, puis grand reporter à L’Événement du Jeudi. Enlevé à Beyrouth avec Michel Seurat en mai 1985, il est libéré trois ans plus tard.
Écrivain, il a publié entre autres L’Arche des Kerguelen (1993), La Chambre noire de Longwood (1997), La lutte avec L’Ange (2001) La maison du retour (2007), Courlande (2009). Amateur de vins de Bordeaux il a publié plusieurs ouvrages sur ce sujet.
262 pages.
Éditeur : Fayard (2013)
Paru en poche.
Elles ont aimé aussi cette remontée : Aifelle, Eimelle et Papillon.
Première lecture pour l’objectif PAL 2016 d’Anne et Antigone…
Bonjour
Un livre bien attirant , merci à toi
Bises
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Pour découvrir le Nord-Est ou le retrouver…
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Un titre qui fut (qui est?) dans ma LAL…
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Toi qui aime les récits de voyages, il devrait te plaire !
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J’avais aimé cette lecture mais sans en garder un grand souvenir. J’avais été gênée par le ton très distant et froid de l’auteur et comme je sortais des chemins de Compostelle de J.C. Ruffin, nettement plus chaleureux, la comparaison n’était pas en sa faveur.
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J’ai lu aussi celui de Ruffin, ce sont deux manières bien différentes de voir les choses, mais la Marne étant mon coin, j’ai aimé y retourner !
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Est-ce à comparer avec « Aventures en Loire » de Bernard Ollivier ?
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Impossible à dire tant que je n’aurai pas lu « Aventures en Loire » ! 🙂
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Il est toujours à la même place sur mon étagère, pourtant cette lecture me tente beaucoup. Dans le même genre, il y a le livre de Jean Rolin : Chemins d’eau
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Je ne vais pas continuer tout de suite avec le même genre, mais je note pour plus tard !
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Il est aussi dans ma Pal depuis un bon moment ! Je suis ravie de ton enthousiasme, du coup.
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J’espère que tu vas apprécier la balade (une balade sans les ampoules aux pieds)
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Ohlala,j’étais loin de ce titre 🙂
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Bien joué tout de même ! Je trouve qu’il manque un peu de jeux sur la blogo en ce moment !
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Oh, il me tente !! Je lis en ce moment le récit de voyage de Sylvain Tesson « Sur les chemins noirs » j’adore !
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Ce doit être d’avoir entendu parler de ce dernier Tesson qui m’a donné envie de sortir celui-ci de ma pile.
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Ce livre est aussi dans ma PAL… j’aimerais l’associer à celui de Rufin et à un roman qui s’appelle « Marcher »… (l’été prochain peut-être ?)
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Ta pile est assez imposante pour te permettre de telles associations ! 😉
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Ah la voici donc cette fameuse rivière !! 😉 J’avais noté je crois cette lecture chez Aifelle, en me disant qu’elle plairait à monsieur Antigone, qui a vécu un temps près de La Marne… 😉 Une idée cadeau.
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Cela devrait lui plaire, alors !
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C’est chouette de voir repasser ce livre! Le retard a du bon!
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Oui, ça fait du bien de voir autre chose que des nouveautés…
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… « sobrement littéraire » , j’aime beaucoup l’expression ! mais j’étais restée sur ma faim…
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Je pense que ça a fonctionné parce que je connais bien les coins où il passait…
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Il est sur ma liste aussi…. Le temps viendra où je le lirai, quand le moment sera venu. Il n’est jamais trop tard pour un bon livre.
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Tout à fait, contrairement à ce que la course aux rentrées littéraires essaye de nous faire croire !
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C’est un livre qui me tente depuis longtemps. Je ne l’ai encore jamais emprunté à la médiathèque car je craignais qu’il soit un peu sombre, mélancolique. Mais je me trompe sans doute. De Jean-Paul Kauffmann, j’ai lu récemment Outre-tombe, qui s’intéresse à la bataille d’Eylaü, et que j’ai beaucoup aimé.
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Je n’ai rien lu d’autre de lui, mais il semble très calé en histoire, notamment de l’Empire. Et il sait bien en parler. Non, cette remontée de la Marne n’est pas mélancolique, tu peux la lire.
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J’aime beaucoup la façon qu’a cet auteur de parler « géographie » et « histoire ». C’était déjà très perceptible dans La chambre noire de Longwood (Sainte-Hélène) et L’Arche des Kerguelen).
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