Benny Barbash, My first Sony

myfirstsonyAttention, roman atypique !
Le jeune Yotam vit dans une famille comme beaucoup d’autres en Israël, vivante et bruyante, colorée et contrastée. Entre son père, écrivain immature, et sa mère, militante d’origine argentine, les éclats sont nombreux et les tensions fréquentes. Le reste de la famille, grands-parents, oncles et tantes, sans oublier les amis, sont encore plus originaux, du beau-frère juif orthodoxe rigide à la sœur à moitié folle, ou au grand-père fou de sa collection de timbres…
Avec son frère et sa sœur, Yotam assiste aux scènes et drames familiaux, sans tout comprendre. Du moins, du premier coup, car Yotam ne se sépare jamais de son magnétophone Sony, enregistre et classe les cassettes tel un entomologiste chevronné, réécoute pour mieux comprendre.
Très dense autant par l’écriture que par les nombreux thèmes, notamment la création de l’état d’Israël, la mémoire familiale, la vie de couple, les conflits entre générations, le tout vu et entendu par un enfant d’une dizaine d’années, ce roman ne se laisse pourtant pas lire « tout seul ».
Je ne vous mentirai pas, il faut tout de même s’accrocher un peu au texte sans chapitres, aux longues phrases qui digressent en cours de route pour toujours retomber sur leurs pieds, après une page et demie ou deux, aux discussions politiques heureusement appuyées par un glossaire en fin de roman, aux nombreux personnages et à leurs histoires entremêlées. C’est toutefois un inconvénient assez mineur, qui ne procure pas d’ennui, car on a le sentiment d’une vérité, d’une justesse dans tout cela, et c’est sans doute là ce qu’il y a de plus important.
Certains passages sont extrêmement drôles, avec cette famille, on ne sait jamais à quoi s’attendre ! J’ai eu un court moment l’impression de ne pas savoir où allait le roman, avant que le jeune narrateur n’évoque « la catastrophe » vers laquelle tend son récit.
A la fin, l’émotion et, il faut l’avouer, la satisfaction d’avoir réussi à lire le livre l’emportent sur la densité de l’écriture. La narration originale et les personnages fort attachants font que ce roman devrait plaire à plus d’un fan de littérature israélienne, d’histoires de famille ou de romans qui sortent du commun. Au choix ou tout ensemble !

Extrait : Grand-mère s’approcha de moi et me répéta encore et encore : « Donne-moi immédiatement la cassette », à chaque fois, on l’entend un peu plus fort, parce qu’elle s’approche du micro, et je lui explique qu’il s’agit d’un enregistrement important, car comment saurions-nous toutes ces choses à son sujet ? Tu vas bientôt mourir et grand-père aussi, et toutes ces histoires seront enterrées avec vous, alors qu’ainsi je les ai enregistrées sur cassette ; et grand-père dit, il nous enterre déjà ce mioche, avant de s’écrier : personne ne va mourir si rapidement ! Et on entend ensuite son rire grave, dont Papa dit que c’est le rire le plus profond du monde et qu’on en trouve certainement de grandes quantités dans la mer Morte, parce que c’est là qu’il vient se déverser.

L’auteur : Benny Barbash est né en 1951 à Beer-Shiva, il est scénariste, aimant à traiter des aspects politiques de la société israélienne. Il a écrit les scénarios d’une douzaine de films, dont Beyond the wall, qui a été nominé aux Oscars dans la catégorie du Meilleur film étranger. Il est également dramaturge, et, de temps en temps, dit-il, « il s’assoit et écrit des romans. » Quatre romans ont déjà été publiés.
414 pages.
Éditeur : Zulma (2008) maintenant en collection de poche.
Paru en Israël en 1994.
Traduction : Dominique Rotermund

Repéré très probablement chez Keisha !
Un entretien avec l’auteur sur un autre blog.
Partenariat avec l’éditeur.

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32 commentaires sur « Benny Barbash, My first Sony »

  1. Un excellent souvenir de lecture, et j’aurais bien aimé lire les suivants (mais pas trouvés en bibli). Oui, c’est sans doute chez moi que tu avais noté ce titre (je plaide coupable, sans regrets)

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  2. Je note l’auteur, pas repéré jusqu’à présent, mais j’aime bien le côté roman atypique que tu évoques. Il y a deux romans de lui à ma bibli, dont Little Big Bang, que je tenterai sans doute puisqu’Anne a aimé.

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  3. J’ai lu ce titre il y a quelques années, je crois l’avoir chroniqué …. je m’en souviens comme d’une lecture finalement assez exigeante, principalement à cause du mélange des registres, comme tu le dis, il y a des moments où l’on ne sait pas où l’on va ! Mais pourquoi pas Little Big Bang, j’aime quand même lire israëlien ( enfin, découvrir la littérature israëlienne, plutôt ….)

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      1. Ben en fait, je suis assez étonnée de me relire aussi négative ! Je vais peut-être changer d’auteur israèlien, du coup ! C’est bien de tenir un blog, on retrouve la mémoire !

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