Ellen Urbani, Landfall

couv rivireCes libellules posées sur leurs paumes, une ode à la joie, furent le dernier point de contact entre leurs corps, mains désespérément entrelacées à travers le grillage derrière le Superdome, jusqu’à ce que Rosy retire la sienne pour se fondre dans la nuit, s’élançant au-devant de sa mort dans l’espoir de les sauver toutes les deux.
Landfall commence par un premier chapitre des plus saisissants, qu’il est particulièrement dommage de raconter, même dans les grandes lignes. Je vais donc essayer de donner envie de lire ce livre sans trop en gâcher la découverte future… Vous m’en serez, je l’espère, d’autant plus reconnaissants si vous commenciez à avoir quelque peu oublié la quatrième de couverture et les avis assez nombreux qui ont suivi sa parution en mars 2016.
Ce roman a pour cadre La Nouvelle Orléans en 2005 et l’ouragan Katrina. D’un côté, une jeune fille dont la mère qui refuse contre toute sagesse de quitter sa maison menacée par la montée des eaux du lac Pontchartrain. De l’autre, quelques jours plus tard, à quelques centaines de kilomètres de là, une autre mère emmène une jeune fille du même âge porter des vêtements aux sinistrés. Les deux parcours vont se croiser, s’entrelacer, et chacune des protagonistes se révéler.
Des portraits de femmes encore jeunes et de jeunes filles, leurs filles, ainsi que les relations entre elles, en particulier à l’âge critique de l’adolescence et du début de la vie adulte, sont au centre de ce roman. J’ai admiré ce que dégage ce texte, et ai été touchée par sa justesse et son sens du détail. Ces petits détails n’altèrent pas la densité du roman, bien au contraire et donnent envie de rester encore plus longtemps entre les pages !
Malgré les drames qui le traversent, Landfall ne joue pas sur la peur de l’autre, il est parcouru de bout en bout par l’espoir et la foi en l’humanité, et ça fait du bien.

J’ajoute qu’au sujet de l’ouragan Katrina, j’ai lu deux autres romans, Zola Jackson de Gilles Leroy et Ouragan de Laurent Gaudé, ainsi que Zeitoun de Dave Eggers, qui est davantage un essai… et que je les recommande tous !

Extrait : Avant que l’afflux d’eau entraîné par la rupture des digues n’oblitère leur petite maison, ce perron était distingué par deux cagettes à lait en plastique rose chapardées dans la rue un jour où elles étaient tombées d’un camion et avaient atterri dans le jardin. Elles étaient empilées l’une sur l’autre, à gauche de la porte. Ouvertures orientées vers l’extérieur, ces rangements de fortune abritaient les chaussures qui ne pénétraient jamais dans la maison : une seule paire de claquettes, de sandales, de baskets, et d’escarpins noirs aux talons éraflés. Une paire pour chaque occasion. Toutes les chaussures faisaient du 39 pour accommoder le 38 de Rosy et le 40 de Cilla.


Avis : Eva, Krol, Mimi Pinson, Sharon, toutes ont apprécié ce roman…
Deuxième billet du mois américain 2016, ce roman participe aussi à mon projet 50 états, 50 romans, pour La Louisiane.
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29 commentaires sur « Ellen Urbani, Landfall »

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