Ciril avala sa salive et par la même occasion, sa philosophie, finalement, c’était vrai, il aurait fallu qu’il gagne un peu plus sa vie qu’il ne l’avait fait jusqu’ici à Vienne.
Provincial arrivé à Ljubljana pour étudier soit la musique, soit l’ethnologie, Ciril quitte la Slovénie pour Vienne où il joue le soir dans un orchestre klezmer, et de jour dans le métro. Il voit tellement peu comment s’en sortir qu’il accepte de suivre un compatriote, Dobernik, rencontré par hasard, et devient son coursier. Il a vaguement conscience que Dobernik ne traite pas des affaires très claires, mais ne s’en soucie guère. Il abandonne petit à petit toute ambition musicale pour gagner un peu d’argent en entretenant des relations troubles avec Dobernik et la famille de celui-ci. Ce n’est pas un choix délibéré, bien sûr, il ne fait que remettre à plus tard ses rêves artistiques.
Ce jeune musicien slovène un peu paumé est au début aussi rafraîchissant que le rythme des mots de Drago Jancar, mais sa manière de se laisser porter par les événements devient peu à peu crispante. À force de ne réagir à rien ou presque, il agace, et on se demande ce que l’auteur a voulu montrer. Ce qui est arrivé de pire à Ciril dans la vie, qu’il ressasse souvent, est qu’un professeur d’ethnologie l’a recalé de manière un peu brutale à un examen, ou qu’il ait eu un compagnon de chambre particulièrement désagréable ! L’auteur a sans doute voulu forcer le trait en dressant le portrait de la génération qu’il l’a suivi, d’une génération désabusée et manquant d’objectifs, mais ça ne fonctionne qu’à moitié, tant il est difficile de faire le portrait et de décrire les agissements d’un tel anti-héros, dont la passivité n’a d’égale que la lâcheté.
C’est dommage, mais j’ai le sentiment que, sans forcément rendre Ciril différent, il devait être possible de donner plus de force à son histoire, qui au bout d’un moment paraît tourner en rond, et ne savoir que faire, à l’image de Ciril. Sans doute certains lecteurs apprécieront-ils l’humour un peu voilé contenu entre les lignes, je ne peux pas dire que cela ait été mon cas, passées les cent premières pages…
L’objet livre, la couverture, sont très réussis et donnent l’impression de camoufler un certain vide. Je reste malgré tout curieuse de lire le précédent roman de Drago Jancar, Cette nuit, je l’ai vue, qui a beaucoup plu à celles et ceux qui l’ont lu.
Citation : La colère le saisit. Contre lui, contre toute cette pagaille, contre l’homme qui l’avait ramené de Vienne et l’avait mis dans cette mouise. Il se leva et d’un pas décidé partit par le long couloir vers le bureau de Dobernik. C’était ses premiers pas décidés et sa première action décidée depuis qu’il était revenu à Ljubljana. Jusqu’alors il avait seulement zigzagué, maintenant il allait faire quelque chose.
Rentrée littéraire 2016
L’auteur : Drago Jancar est né en 1948 à Maribor, en Slovénie. Opposé au régime communiste et à ses gouvernants, il connaît la prison. Scénariste, puis éditeur, il est a publié de nombreux romans : L’Élève de Joyce (2003), Katarina, le paon et le jésuite (2009), Des bruits dans la tête (2011), Cette nuit, je l’ai vue (2014)… Il vit actuellement à Ljubljana.
320 pages
Éditions Phébus (25 août 2016)
Traduction : Andrée Lück-Gaye
Titre original : Maj, november
Pour les curieux, la librairie Mollat a interrogé Drago Jancar à propos de son dernier roman. (cliquez sur le nom de la librairie). Lire le monde avec Sandrine.
Merci pour ton ressenti sur ce livre
cela ne me tente pas vraiment , mais à chacun ses gouts
Bises
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Il faut dire que je ne donne pas vraiment envie de le lire!
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Une déception donc ; j’ai noté aussi le roman précédent, sans en faire une priorité.
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Je pense que le précédent est très différent, et nous plairait plus.
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une déception ! toujours aussi plaisant de te lire 🙂
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Il est bon de signaler parfois aussi les déceptions ! 😉
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oui c’est vrai, on peut se tromper sur un livre, un disque, un film.. c’est cela qui est bien avec les blogs : avoir les avis non pas de critiques souvent ami(e)s avec les écrivains en vue, mais bien plutôt avoir un regard authentique sur un livre etc.. et c’est pour cela que j’apprécie ton blog ! bonne soirée à toi 🙂
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Je ne connais pas cet auteur, je garde son nom en tête mais je ne partirai pas à sa découverte avec ce titre je pense…
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On avait lu beaucoup de bien de son précédent roman, aussi me suis-je lancée sans crainte… mais la déception était au bout !
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J’ai effectivement beaucoup aimé Cette nuit je l’ai vue, et j’espère qu’il t’apportera plus de plaisir que ce titre, que j’ai reposé sur le rayon d’une librairie il n’y a même pas une heure (du coup, je me dis que j’ai bien fait…)
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Tu as eu du flair, en le reposant, je crois… mais je peux me tromper !
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Bon, je vais m’orienter vers des lectures plus convaincantes… 😉
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Il n’en manque pas… à lire tous ces billets sur la rentrée !
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Pas tentée par ce titre de la rentrée littéraire après avoir lu ton billet.
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Bien sûr, ce n’est que mon avis… 😉
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Tu ne donnes pas envie de se précipiter dessus, ce qui n’est pas plus mal vu tout ce qui m’attend déjà à la maison 😉
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J’imagine ! 🙂
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Le roman dont tu parles en fin d’article m’avait déjà profondément ennuyé… alors…
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Alors, vraiment sans regret !
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je vais passer, sans grands regrets
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Il trouvera sans doute ses lecteurs !
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je passe déjà que je n’arrive plus à suivre les romans de cette rentrée littéraire sur les blogs.
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Bah, il faut faire des choix, c’est sûr !
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« Cette nuit je l’ai vue » est un beau livre… Dans la série « deuxième chance » que tu inaugures ? 😉
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Je n’avais pas pensé à celui-ci, je vais l’ajouter !
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Pas lu mais Cette nuit je l’ai vue est effectivement un livre remarquable.
(Eeguab)
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