Ils ne m’ont pas laissé raconter les événements à ma façon : ils se sont emparés de mes souvenirs de Natan, de mes images d’Illugastadir, et les ont distordus jusqu’à les rendre méconnaissables. Ils m’ont arraché une déposition qui faisait de moi une femme vile et malveillante. Tout ce que j’ai dit m’a été volé ; tous mes mots ont été altérés jusqu’à ce que cette histoire ne soit plus mienne.
Ce roman est celui d’Agnes, accusée en 1828 d’assassinat sur deux hommes, dont l’un était son amant, et dernière femme condamnée à mort en Islande. Un autre homme est condamné aussi, et une complice supposée, graciée. A cette époque, l’île était danoise, et les juges en référaient à Copenhague avant d’appliquer les peines. Ils pensent alors, en attendant l’application de la sentence ou la clémence des juges, à placer Agnes sous surveillance dans une ferme plutôt que de la laisser en prison. Le fermier et sa femme acceptent à contrecoeur, les filles de la maison sont pleines de crainte, le voisinage se récrie devant cette décision. Un jeune prêtre est aussi recommandé pour faire revenir la prisonnière à des idées plus « chrétiennes » avant ses derniers jours. Perturbé à l’idée de converser avec cette femme encore jeune et belle, le jeune pasteur peu conventionnel se contente de la faire parler, et c’est tout un feuilleton qui s’écrit sous nos yeux, de l’enfance d’Agnes à l’acte pour lequel elle a été condamnée.
Formidable, ce premier roman écrit par une jeune auteure des antipodes, qui s’est documentée autant qu’elle a pu, et semble avoir superbement oublié toute cette documentation pour en tirer un récit à la fois infiniment triste et porteur d’espoir en l’humanité. J’ai un peu de mal à imaginer comment pouvaient converser des paysans islandais du XIXème siècle, et pourtant tout sonne juste dans les dialogues autant que dans les gestes, les façons d’être, les rapports à la nature ou entre humains.
Cette année semble islandaise, décidément ! Après Karitas, l’esquisse d’un rêve, et sans oublier J’ai toujours ton coeur avec moi, voici encore un rattrapage en poche que j’aurais eu tort de négliger, car c’est vraiment une belle lecture.
Extrait : – Savoir ce qu’une personne a fait, et savoir qui est cette personne sont deux choses différentes.
– Les actions parlent plus que les mots, vous ne croyez pas ?
– Non. Les actions mentent, au contraire. Certaines personnes n’ont pas de chance, ou bien elles commettent une erreur – une seule ! Et les gens commencent à médire sur leur compte à cause de cette erreur…
L’auteure : Hannah Kent est née en Australie en 1985. Elle est cofondatrice et rédactrice en chef d’une revue littéraire. À la grâce des hommes est son premier roman, récompensé par de nombreux prix.
447 pages.
Éditeur : Pocket (2016)
Traduction : Karine Reignier-Guerre
Titre original (2013) : Burial rites
Lu aussi par Athalie, Cécile, Lydie et Val.
Lire le monde pour l’Australie.
Je me suis demandée si je n’allais pas le relire en français. Juste pour voir si la langue et l’impression qu’elle m’avait donnée était différente. C’est dire si je l’ai aimé. Je suis contente que cela t’ait plu ! Personnellement, j’ai toujours Karitas dans ma PAL.
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Tu as vraiment aimé, alors ! Karitas devrait te plaire aussi, dans un genre différent toutefois.
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Ton billet tombe à pic, il me tente beaucoup celui-là ; avec ton avis en plus, c’est dans la poche !
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J’ai vu ça ! 😉
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Je l’ai lu et j’ai moi aussi trouvé ce livre absolument passionnant 🙂
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Il recrée magnifiquement une époque à partir d’un fait réel…
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c’est tout à fait cela. Gand livre 🙂
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En voilà un qui a tout pour me plaire, noté !
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Chouette ! C’est l’été, le moment de dénicher les livres qu’on a manqués !
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Je l’ai noté depuis un moment, tu confirmes !
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Oh oui !
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Un lecture forte que j’avais bien aimée.
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Une lecture qui ne s’oubliera pas facilement.
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Je note également : cela a l’air passionnant et haletant.
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Vraiment passionnant, oui.
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Je l’avais noté il y a un moment, chez La Bibliothèque du Dolmen si je ne me trompe. Toujours pas lu mais ce n’est pas l’envie qui manque (juste la PAL qui fait barrage) et ton billet me donne encore plus envie !
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Ah ça, les PAL qui réclament qu’on les lise ! Mais elle ferait bien une petite place à celui-ci ?
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Je rejoins complètement ton avis, tout sonne juste … Même l’évocation du quotidien rural islandais, auquel évidemment, je ne connais rien, mais là j’y ai cru. Un roman qui évoque une vie rude et qui pourtant me laisse le souvenir d’une grande douceur. Et la fin est vraiment très belle.
Merci pour le lien.
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Malgré le sujet difficile, il laisse un sentiment de douceur, oui.
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Mais c’est un livre pour moi !!!
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Certainement ! 😉
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Je ne sais pas ce qui m’a pris quand je l’ai lu, j’ai décroché très vite alors que tout le monde le trouve réussi.
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ça m’arrive aussi et je ne me l’explique pas ! (pas toujours, du moins)
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Je l’avais lu grâce à une opération Masse critique de Babelio et j’avais beaucoup aimé. Ça sonnait juste et l’histoire était émouvante, avec un personnage féminin très fort.
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Tout à fait, ça a été une bonne surprise, ce roman !
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Incroyable cette australienne qui semble si bien parler de l’Islande du 19ème siècle !
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L’auteure est toute jeune, en plus !
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Tu fais bien de dire tout cela, car cette couverture et le titre me faisaient, je ne sais pas pourquoi, craindre un truc cucul la praline…
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J’aurais eu la même réaction, si je n’avais pas noté des avis enthousiastes…
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Je l’ai noté il y a un moment aussi, merci pour la piqûre de rappel !
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Cela me fera plaisir de le revoir sur d’autres blogs !
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Oui, cela donne envie. J’adore ce genre d’histoires.
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C’est vraiment bien écrit, et tout un univers dépaysant envoûte le lecteur.
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Je suis prise en otage, j’ai bien envie de le lire après avoir lu ces commentaires.
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C’est un très beau souvenir de lecture.
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