« Souvenez-vous toujours de vous soutenir les uns les autres dans la bataille de la vie, c’est notre devoir de nous entraider,c’est ainsi qu’on prospéré les familles en Islande et c’est pourquoi la nature n’a pas pu venir à bout de nous. Nous luttons, nous, les Islandais, nous luttons. » Steinunn, veuve de pêcheur et mère de six enfants, quitte en 1915 l’ouest rude de l’Islande pour une région plus hospitalière et surtout, pour un endroit où ses garçons comme ses filles pourront aller à l’école. Après un voyage mouvementé, toute la famille s’installe à Akuyeri, dans le nord, pour travailler au traitement du hareng, et grâce à la débrouillardise de Karitas, la troisième des filles, réussit à trouver un logement décent. Karitas montre également un talent certain pour le dessin, qui est reconnu, en particulier par sa mère, mais pas considéré comme une activité qui permettra de nourrir une famille. Heureusement, la jeune fille montre une belle opiniâtreté et fait une rencontre décisive.
Ce roman possède de nombreux atouts qui, réunis, en font tout le charme. D’abord, le côté saga familiale est très réussi, dans ce premier tome, on suit Karitas, qui est née au tournant du siècle, de 1915 à 1939, et nombre d’événements, tant personnels qu’historiques, viennent marquer cette période. Le deuxième atout de ce roman est de ne pas sombrer dans le drame et la désespérance comme il aurait pu être tentant de le faire pour l’auteure. Au contraire, même si tout n’est pas rose, et s’il n’aurait pas été crédible que les difficultés s’aplanissent par miracle, ou que la mort ne vienne jamais endeuiller ces longues années, la narration reste assez sobre, ne cherchant pas à dramatiser à outrance les situations. Au contraire, quelques bonnes fées et coups de chance viendront aussi se mettre sur la route de Karitas, et éclaircir son horizon. Mais je ne veux pas en dire trop…
Karitas est vraiment un personnage attachant, peut-être un soupçon trop lunatique, compte-tenu du contexte, mais disons que c’est son côté artiste, et les autres personnages ne sont pas en reste, et donnent immédiatement envie de suivre les pas de cette communauté. La vie quotidienne du début du vingtième siècle, en particulier les aspects propres à l’Islande, est décrite de telle manière que, le temps de la lecture, on s’y trouve transporté.
Ensuite, le thème de l’art, et du compromis, très compliqué à l’époque, entre vie de femme et travail de création artistique, est très bien analysé. Ce sujet me passionne toujours, et j’aurais trouvé dommage qu’il ne soit que survolé. Ce n’est pas du tout le cas ici, et j’imagine qu’il doit être encore approfondi dans le deuxième tome. J’ai beaucoup aimé la manière dont chaque chapitre commence avec la description d’une œuvre de l’artiste, et de son ressenti au moment de sa création. Je ne manquerai pas de vous parler, le moment venu, de Chaos sur la toile, bien sûr !
Extrait : La mer était d’un bleu hésitant le matin. La crique comme une assiette de porcelaine avec un liseré blanc sur le pourtour. Les sœurs crurent d’abord que c’était les vents d’ouest qui avaient motivé la décision de leur mère. Ces vents glacés d’altitude qui tourbillonnent au-dessus des fermes nichées dans la vallée, s’abattent, emportent et déchirent, malmènent hommes et bêtes, soulèvent l’océan jusqu’à en faire un monstre déchaîné qui avale les jeunes hommes. Les beaux et jeunes pères qui partent à la rame avant le lever du soleil, pleins d’optimisme, et qui ne rentrent pas à son coucher comme ils l’avaient promis.
L’auteure : Kristin Marja Baldursdottir est née en 1949 à Hafnafjorður, près de Reykjavík. Elle est diplômée en philologie germanique et islandaise. Auteur de quatre romans, d’un recueil de nouvelles et d’une biographie, elle est l’une des grands auteurs islandais d’aujourd’hui. Karitas est son premier roman traduit en français.
543 pages.
Éditeur : Points (2011) Paru d’abord chez Gaïa en 2008.
Traduction : Henry Kiljan Albansson
Lu aussi par Athalie, Hélène et Lectrice en campagne.
Sur le thème de l’art dans le roman, d’autres suggestions…
C’est un bel extrait que tu nous donnes à lire. Effectivement, on est transporté…
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Le style et sa traduction m’ont vraiment fait voyager, dans le temps et l’espace.
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La suite est tout aussi passionnante, quoique d’un autre genre. On y suit Karitas, sa famille qui s’agrandit et l’évolution de son art. Pour la femme, pour le siècle, pour l’artiste et l’Art, pour les relations familiales, ce sont deux livres que je recommande avec ferveur.
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Je compte bien lire le deuxième volet, Karitas est un personnage qu’on n’a pas envie de laisser.
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Les deux tomes sont dans ma PAL ! J’essaie de découvrir régulièrement de nouveaux auteurs islandais…
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Tiens, moi aussi ! J’en ai noté encore un certain nombre, et j’essayerai d’en parler si j’aime !
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Noté !
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🙂
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Il est dans ma PAL et par contre, j’ai lu Chaos sur la toile, que j’ai beaucoup aimé. Le côté lunatique de Karitas est toujours là et c’est parfois difficile de comprendre ses prises de position. Mais le côté femme artiste ne voulant pas sacrifier son art est très bien rendu.
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J’ai vu que tu avais lu Chaos sur la toile… Je compte bien le lire aussi.
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J’avais adoré !! Un de mes livres chouchous de cette année là ( il y a 7/8 ans je crois)
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ça ne m’étonne pas, ce roman laisse des traces, dans le bon sens !
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Il y a deux volumes, c’est ça?
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Oui, c’est cela ! 😉
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J’avais beaucoup aimé aussi ce titre, c’est une saga assez classique au départ, qui prend des chemins de traverse finalement grâce aux côtés « lunatiques » comme tu le dis, du personnage. Je vais sans doute lire le second cet été.
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Ah, mais oui, je viens de relire ton billet ainsi que les commentaires ! Et j’ai bien réussi à caser les harengs dans le résumé ! 🙂
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je l’ai raté celui là donc je prends note, j’aime assez les sagas quand elles sont réussies
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C’est plus qu’une saga, à mon sens, sans doute à cause du thème de l’art. Si tu as lu et apprécié (je ne sais plu) Cent ans d’Herbjorg Wassmo, tu devrais aimer.
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Il est dans ma PAL, tu me donnes envie de l’en sortir…par contre, il s’agit d’une duologie? Une trilogie? Je ne sais pas…
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Oui, il y a effectivement un deuxième tome, sorti aussi en poche.
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J’ai dévoré ce roman il y a plusieurs années et je m’en souviens parfaitement. Un roman enchanteur malgré les périples vécus par Karitas. J’ai la suite en grand format : un pavé difficilement transportable. Je crois que depuis il est sorti au format poche.
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J’espère lire la suite un peu plus rapidement que toi, mais on ne sait jamais, avec les PAL qui ne font qu’augmenter… mystérieusement… 🙂
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Je note, comme j’aime les sagas familiales et que l’Islande me fait aussi envie. 🙂
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Ce roman devrait te plaire !
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Rhaaa, de la littérature islandaise qui n’est pas du polar, c’est toujours tentant !
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N’est-ce pas ? Dire qu’il m’attendait depuis des années !
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Je me souviens de ce roman. C’est une lecture agréable et qui nous apprend beaucoup sur le mode de vie des familles modestes et des pêcheurs de cette époque.
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Je découvre la littérature islandaise, et j’y trouve des points communs avec les romans norvégiens comme ceux de Herbjorg wassmo.
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Si, en plus, tu lui trouves des échos avec Herbjorg Wassmo, je note de suite !!! 🙂
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C’est Claudialucia qui me l’avait conseillé il y a quelques mois, voici une belle invitation à retourner découvrir le paysage littéraire islandais !
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