Zeina Abirached, Le piano oriental

pianoorientalC’est une véritable découverte pour moi que le roman graphique de cette jeune dessinatrice libanaise, qui en a pourtant déjà fait paraître cinq ou six. Ce qui frappe tout d’abord, c’est le noir et blanc, qui ne s’accommode pas de demi-teintes, pas de gris donc, et qui déploie une inventivité extraordinaire : des bruits entourent parfois la page, des listes de mots encadrent un portrait, des vagues, des lignes de partitions ou d’autres motifs envahissent des pages… Ce graphisme très travaillé est un véritable plaisir, à la fois pour les yeux, et parce qu’on ne sait jamais à quelle surprise s’attendre en tournant la page.
Dans les années 50, Abadallah a imaginé un piano capable de jouer les quarts de ton des mélodies orientales, et il est invité à montrer son invention à un facteur de pianos à Vienne. Il part, accompagné de son ami Victor.
En parallèle, Zeina découvre dans son enfance les langues étrangères et notamment le français, en même temps que la lecture, et si cela lui ouvre des portes, le fait de parler deux langues, la fait aussi se sentir toujours un peu étrangère, un peu décalée : tricoter le français et l’arabe n’est pas une sinécure. Le regard porté par les français quand elle finit par aller à Paris ne manque pas de la perturber aussi.
L’autobiographie, l’expérience de la narratrice, alterne avec des éléments de la vie de son arrière-grand-père, qui joue le rôle de l’ami d’Abdallah. Beaucoup de thèmes abordés donc dans cette très belle et originale bande dessinée, qui mérite largement les prix qu’elle a remportés et la reconnaissance des lecteurs.
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pianooriental_planche1L’auteure : Zeina Abirached est une dessinatrice de bande dessinée libanaise née à Beyrouth en 1981, en pleine guerre civile. Elle a étudié à l’Académie libanaise des Beaux-arts, puis à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris.
En 2006, elle sort ses deux premiers albums et participe au Festival d’Angoulême. Après Beyrouth catharsis et 38 rue Youssef Semaani, son roman graphique Mourir partir revenir, le jeu des hirondelles connaît un très large succès public et critique. Il est sélectionné à Angoulême en 2008.
En 2015, elle publie Le piano oriental qui obtient le Prix Phénix de littérature 2015 et qui fait partie de la Sélection officielle du Festival d’Angoulême 2016.
210 pages.
Éditeur : Casterman (2015)

Repéré chez Enna et Leiloona.
Lu pour l’opération La BD fait son festival avec PriceMinister #1Blog1BD
note attribuée : 17/20.

 

39 commentaires sur « Zeina Abirached, Le piano oriental »

  1. c’est toujours intéressant pour moi de découvrir des romans graphiques. Je n’en lis pas assez. Ma meilleure amie est une fan absolu de tout cela. Merci pour la découverte, tu donnes envie de s’y plonger ! Passe une bonne journée 🙂

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    1. J’avoue que je n’en lis pas beaucoup non plus, je découvre au coup par coup. Ce qui est bien, c’est qu’on trouve de plus en plus de volume unique, à côté des séries (qui ne me convienne pas trop).

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  2. J’avais déjà lu Mourir, partir, revenir, j’en garde un bon souvenir bien que diffus maintenant. Celui-ci est dans ma PAL car on me l’a offert récemment. Je ne devrais donc pas tarder à le lire.

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  3. Evidemment, le graphisme me fait aussitôt penser à « Persépolis », ce qui n’est pas pour me déplaire ! je retiens ton conseil, je vais me faire une petite virée BD, bientôt ….

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    1. J’ai pensé aussi à Majane Satrapi… avant de l’ouvrir. C’est assez différent, tout de même, mais j’ai beaucoup aimé le ton et les idées graphiques.

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