Georges Simenon, La fuite de Monsieur Monde, Maigret s’amuse

Pour Lire le monde, nous nous retrouvons aujourd’hui avec des lectures de Georges Simenon, pour la Belgique. En ce qui me concerne, ce sont des retrouvailles, j’avais dévoré un certain nombre de ses romans à l’adolescence, en particulier ceux avec le commissaire Maigret. Georges Simenon et Agatha Christie m’ont tout deux fait aimer les romans policiers et c’est sans doute à cause de ces antécédents que j’aime les polars assez classiques, et goûte peu la surenchère dans la violence et l’horreur.
J’ai choisi ce que j’avais sous la main, à savoir un volume qui regroupe trois Simenon ayant plus ou moins pour cadre la Côte d’Azur. Plus ou moins, car dans Maigret s’amuse, le commissaire prend des vacances un peu forcées… à Paris !
J’ai eu plaisir à retrouver le style de Simenon, que j’avais oublié, à retrouver le commissaire Maigret, qui est à l’opposé de ces policiers mal dans leur couple ou dans leur vie privé que l’on trouve si souvent dans les romans contemporains, et ça change agréablement !
fuitedemrmondeJe n’ai lu que les deux premiers romans de ce volume.
Le premier relève du roman noir, ou du roman psychologique, avec un homme mûr, foncièrement terne, qui prend la tangente, direction indéterminée tout d’abord, puis la Côte d’Azur, pour un changement radical de vie. Il va y côtoyer une jeune femme qui se cherche, elle aussi, et, entre rêve de gamine et triste réalité, devient danseuse de cabaret. Les personnages ne sont guère fascinants dans La fuite de Monsieur Monde, le personnage principal comme la donzelle qui croise sa route se remarquent essentiellement par leur banalité, mais pourtant quelle profondeur dans l’observation des attitudes et des sentiments ! C’est étonnant car il a été écrit en 1944, et pourtant il ne s’agit absolument pas d’une France en guerre dans ce roman, ce sont sans doute les années 30 qui servent de cadre, mais on peut simplement le supposer.

maigretsamuse

J’ai une petite préférence pour le deuxième roman, peut-être parce que le ton est plus léger dans Maigret s’amuse, en adéquation avec le titre. Pourtant cela commence avec le corps nu de la femme d’un médecin trouvé dans un placard. Deux suspects, le Docteur Jave, et son remplaçant, sont aussitôt dans la ligne de mire de l’adjoint de Maigret, en charge de l’affaire pendant les vacances de celui-ci. Toutefois, Maigret ne peut s’empêcher de suivre l’affaire dans les journaux, et de gamberger sur l’entourage du médecin, et certains éléments troublants de ce meurtre.
Au final, ces deux lectures fort différentes ont été aussi bien plaisantes, et m’ont permis de retrouver une touche, un style qui ne vieillissent pas ainsi qu’une profonde empathie pour ses semblables qui caractérise les romans de l’auteur belge.

Extrait : Il avait encore des pudeurs, des maladresses. Il était vraiment trop neuf. Pour bien faire, pour aller jusqu’au bout, il aurait dû descendre un de ces escaliers de pierre conduisant tout près de l’eau. Chaque fois qu’il avait franchi la Seine le matin, il avait jeté un coup d’œil sous les ponts, et c’était encore pour retrouver un très vieux souvenir du temps où il allait à Stanislas et où il lui arrivait de faire la route à pied en flânant : sous le Pont-Neuf, il avait aperçu deux vieux, deux hommes sans âge, hirsutes et gris comme des statues abandonnées ; ils étaient assis sur des tas de pierres, et l’un d’eux, pendant que l’autre mangeait un saucisson, s’entourait les pieds de bandes de cotonnade.

L’auteur : Georges Simenon est né en 1903 à Liège. Il a débuté dans le journalisme, a parcouru l’Europe et le monde pour des reportages. Il écrit tout d’abord des romans légers, puis signe « Simenon » à partir de 1931. Son œuvre comporte 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs romans plus autobiographiques. Ses romans ont été souvent adaptés au cinéma. Il a vécu la fin de sa vie en Suisse et est mort à Lausanne en 1989.
La fuite de Monsieur Monde a été édité en 1945, Maigret s’amuse en 1957. Les couvertures présentées ici ne sont pas forcément celles d’origine.


D’autres billets pour Lire le monde aujourd’hui, chez Brize (La fuite de Monsieur Monde), Sandrine (Le chat), Hélène (Trois chambres à Manhattan). Le bouquineur a lu Le petit saint et Yueyin Pietr le letton.

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34 commentaires sur « Georges Simenon, La fuite de Monsieur Monde, Maigret s’amuse »

  1. Quel plaisir j’ai eu à retrouver Simenon moi aussi, c’est une petite douceur. Et que tu as bien fait de choisir d’anciennes couvertures, elles sont tout à fait ce qui convient, un peu vintage (alors que les romans n’ont pas vieilli).

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  2. Je n’ai pas pris le temps de lire un Simenon pour aujourd’hui, c’est un auteur dont j’ai lu très peu de livres. Je garde « Le bourgmestre de Furnes » pour le mois belge.

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  3. J’ai lu « Maigret s’amuse », le premier je ne crois pas. Comme toi, j’en ai lu pas mal dans ma jeunesse et j’aimais bien. Je pense que Simenon est le premier auteur de polar que j’ai découvert.

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  4. Je n’ai jamais lu cet auteur que je classe pourtant dans les classiques. Comme toi, je suis un peu old school en ce qui concerne les romans policiers, j’aimerai donc beaucoup m’initier à l’écriture de Simenon.
    PS : Elles ne paraissent pas toutes jeunes les éditions que tu as lues.

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  5. Bah dis donc, j’étais moyen emballée par la LC Simenon, une image vieillotte que j’avais sans doute, je ne l’ai jamais lu, mais vos billets me donnent maintenant envie de le découvrir !

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    1. Je ne me souvenais pas vraiment du style, auquel je ne prêtais pas vraiment attention à l’adolescence… je l’ai trouvé effectivement classique et agréable à lire.

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  6. Je suis ravie de voir fleurir sur les blogs des billets de Simenon, un auteur que j’ai commencé à ire que très tardivement. A part les Maigret, il y a aussi ce qu’on appelle ses romans durs ou très noirs, qui le sont effectivement. Parmi eux, je conseille Les Fiançailles de Monsieur Hire, La Veuve Couderc ou L’Aîné des Ferchaux. Bonne continuation en tout cas !

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  7. je comprends mieux l’engouement de ces derniers jours pour Simenon, excellente idée, à chaque fois que je le lis, je suis épaté par son talent d’écrivain

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