Elena Ferrante, L’amie prodigieuse


amieprodigieuseQuelques bonnes pioches se sont succédées à la bibliothèque ces dernières semaines, et après Vie et mort de Sophie Starck, j’ai découvert L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante. J’en avais lu le plus grand bien, aussi ai-je été un peu surprise de ne pas accrocher plus que ça aux premiers chapitres.
Mais, pas d’affolement, je me suis immergée dans la suite avec un plaisir grandissant. Malgré un propos pas compliqué, ce roman n’est pas vraiment de ceux qui se laissent lire avec l’esprit ailleurs, et où les pages tournent toutes seules ! Il se mérite.
Deux jeunes filles se côtoient dans une banlieue populaire de Naples, à la fin des années cinquante, et deviennent amies. Elena, élève studieuse, va continuer des études sur le conseil de son institutrice, avec quelques camarades un peu plus favorisés. Pendant ce temps, son amie Lila, pourtant surdouée, quitte l’école, et aide son père dans la cordonnerie familiale. Leurs chemins ne se séparent pas vraiment, elles partageront beaucoup de choses durant leurs années d’adolescence, des meilleures et de moins bonnes. Autour d’elles gravite un grand nombre de familles, de jeunes de leur âge, lycéens, travailleurs, ou engagés dans des activités moins légales. Les premières amours, le collège et le lycée, la vie de famille composent la trame de fond, et surtout la ville de Naples et les années soixante, mais tout cela ne serait rien sans le talent de l’auteur à décrire avec habileté, conflits et douleurs, sentiments et passions adolescentes… Une suite va paraître début 2016, qui verra Lila et Elena devenir des femmes, et je me laisserai sans doute tenter. Et petit conseil supplémentaire : L’amie prodigieuse sortira en poche le 1er janvier, voilà une bonne occasion de ne pas le rater !

Extrait : J’eus l’impression – pour le formuler avec des mots d’aujourd’hui – que non seulement elle parlait très bien mais qu’elle développait un don que je lui connaissais déjà : encore mieux que lorsqu’elle était enfant, elle savait s’emparer des faits et, avec naturel, les restituer chargés de tension ; quand elle réduisait la réalité à des mots, elle lui donnait de la force et lui injectait de l’énergie.

Seule Lila me manquait, Lila qui pourtant ne répondait plus à mes lettres. J’avais peur qu’il ne lui arrive quelque chose, en bien ou en mal, sans que je sois là. C’était une vieille crainte, une crainte qui ne m’était jamais passée : la peur qu’en ratant des fragments de sa vie, la mienne ne perde en intensité et en importance.

L’auteure : Née en 1943, probablement à Naples, Elena Ferrante vivrait selon certains en Grèce, et selon d’autres, à Turin. L’auteur garde l’anonymat depuis et ne vient pas recevoir ses prix, depuis que son premier roman, L’Amour harcelant, en avait obtenu un en 1992. L’Amie prodigieuse est le premier volume d’une série de quatre, dont le deuxième (Le nouveau nom) sortira en janvier 2016 chez Gallimard.
400 pages
Éditeur : Gallimard (octobre 2014)
Traduction : Elsa Damien
Titre original : L’amica geniale

Les avis tentateurs d’Ariane, Clara, Delphine-Olympe, Eva et Laure.

36 commentaires sur « Elena Ferrante, L’amie prodigieuse »

  1. Ouf, je me suis un peu inquiétée au début de ta chronique. Eh oui, vivement janvier pour Le nouveau nom, un des livres que j’attends le plus !

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    1. Je n’étais pas sûre d’aimer au début, mais j’ai insisté, grâce aux avis des copines ! Je sens que je vais lire des avis sur le tome 2 avant de me jeter dessus aussi…

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  2. J’ai lu pas mal d’avis enthousiastes comme le tien, mais je n’arrive pas bien à m’enthousiasmer moi-même… ça me semble peut-être un peu monotone cette histoire d’amitié…

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    1. Tu me connais, Sandrine, je ne raconte pas trop l’histoire, il y a tout autour de cette histoire d’amitié, des familles, des voisins, un quartier, une ville, une époque, et la vision très particulière de l’auteur… c’est loin d’être creux !

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  3. Il a été tellement encensé que j’ai vraiment peur de passer à côté, je crains quelque chose de peut-être trop féminin (je suis rarement fan des destins croisés de femmes). Je le tenterai malgré tout sans doute en poche.

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    1. Je ne peux pas t’empêcher d’avoir des craintes, mais trop féminin, non, aucun risque, ces filles ont du tempérament, et la camorra en arrière-plan est un univers des plus masculins (et menaçant, il faut le dire).

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