Photographe du samedi (35) Julia Margaret Cameron

Il y a en ce moment deux superbes expositions à voir à Paris sur les femmes photographes du milieu du XIXème siècle à 1945.
A cause des procédés chimiques et du poids du matériel, la photographie était d’abord considérée comme une affaire d’hommes, à son apparition. De plus, les prises de vues nécessitaient une bonne lumière, et de ce fait se passaient en extérieur. Or, à l’époque, il était jugé plus convenable pour les femmes d’avoir des activités artistiques domestiques, à l’intérieur de la maison. Pourtant, bon nombre de femmes s’enthousiasment rapidement pour la photographie, que ce soit en France ou en Angleterre. L’une d’entre elles m’a intriguée et intéressée.

Julia Margaret Cameron est passée du statut de photographe amateur à artiste reconnue. Née en 1815, elle se voit offrir par sa fille aînée, pour son anniversaire, en 1863, un appareil photo. Elle transforme sa cave en chambre noire et une serre en atelier, et se passionne surtout pour l’art du portrait, tout d’abord auprès des membres de sa famille. Sur l’île de Wight, elle est voisine de l’écrivain Alfred Tennyson, qu’elle photographie ainsi que sa famille, et qui lui demande en 1874 d’illustrer de photographies un de ses recueils de poèmes. Elle s’y consacre pendant plus de trois mois. Il faut dire que les prises de vues duraient alors entre trois et sept minutes, ce qui obligeait souvent à recommencer plusieurs fois.

 Julia Margaret Cameron fréquente le mouvement des préraphaélites, et comme eux, s’intéresse à la mythologie, au portrait, à la littérature. Elle cherche en particulier à dégager une véritable émotion de chacun de ses portraits photographiques. Les portraits de sa nièce Julia Jackson devraient vous évoquer une anglaise encore très connue de nos jours, n’est-ce pas ?

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Julia Jackson

Julia Margaret Cameron meurt en 1879. Ce n’est qu’au début du XXème siècle que ses travaux sont redécouverts, notamment par Alfred Sieglitz, et leur valeur artistique reconnue.

Qui a peur des femmes photographes ? (1839 à 1919), c’est au Musée de l’Orangerie jusqu’au 24 janvier 2016. D’autres femmes photographes y sont bien sûr exposées, ainsi qu’au Musée d’Orsay où se trouve la suite (1919 à 1945). Je vous présenterai une autre photographe la semaine prochaine.

25 commentaires sur « Photographe du samedi (35) Julia Margaret Cameron »

    1. Exactement, bravo, Anne ! Julia Jackson était la mère de Virginia Woolf (et donc la photographe était sa grand-tante). J’ai été frappée par leur ressemblance dès l’entrée de l’exposition et ai eu heureusement la réponse tout de suite ou presque (parce que sinon c’est le genre de chose qui peut me tarabuster !) 🙂
      Je n’ai pas pu voir les expos à la MEP, qui avaient l’air superbes aussi.

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  1. Merci de me rappeler cette magnifique photographe que j’avais oubliée ! En effet, quelle ressemblance frappante entre la mère et la fille chez les Woolf ! Ça saute aux yeux, surtout sur le portrait de profil !

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  2. J’aurai peut-être l’occasion d’y aller, sur certaines photos on dirait presque des statues, à cause du grain. J’ai cru voir Virginia Woolf, incroyable ressemblance.

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  3. J’adore Julia Margaret Cameron. Je suis allée écouter une conférence au musée de l’Orangerie sur elle. Elle a eu beaucoup de succès à son époque, elle a fait un gros travail pour la reconnaissance de son oeuvre notamment en vendant rapidement ses photos. Et elle a eu un nombre impressionnant de monographies consacrées à son travail. Il me reste à voir la deuxième partie de l’expo à Orsay.

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  4. Je pense ne pas me tromper en disant que j’ai vu ce mois-ci une expo sur elle au Victoria and Albert Museum (je retiens mal le nom des photographes).

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  5. Je vais à Paris pendant les fêtes et je ne manquerai cette expo sous aucun pretexte! Merci d’avoir fait le lien avec Virginia, une icône pour moi. J’ignorai tout de sa grand tante. Pas de Bloomsbury pour elle? Je vais me renseigner.

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    1. L’exposition n’est pas consacrée à Julia Margaret Cameron (contrairement à celle du Victoria & Albert Museum de Londres) mais ses clichés se remarquent dès l’entrée (et l’affiche). L’ensemble des deux expositions est à ne pas rater pour les curieuses de culture ! 😉

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