Carole Martinez, La terre qui penche

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Pour qui a déjà lu Du domaine des murmures, le cadre de La terre qui penche ne surprendra pas. Les courbes de la Loue, les châteaux perchés, la forêt franc-comtoise, mais deux siècles plus tard, une dizaine d’années après la Grande Peste, maladie dévastatrice qu’une période de sécheresse et de disettes a rendu plus terrible encore. La moitié de la population a péri, les rescapés ont bien du mal à revivre. Blanche a perdu sa mère peu après sa naissance, et son père ne lui témoigne aucun intérêt, sauf pour lui infliger des interdits qu’elle ne comprend pas. Pourtant, du haut de ses onze ans, elle persiste à vouloir apprendre à lire et à écrire. Mais des préparatifs au domaine paternel l’inquiètent :
Je suis l’unique sujet de leurs murmures, je suis le seul objet de leurs regards, je suis au cœur du secret qui me résiste.
Oui, depuis quelques semaines, me voilà devenue le centre du monde.
Cet habit est funeste, je le sais, et l’on me plaint d’avoir à le porter bientôt.
Il m’a fallu arriver à la page 115 pour commencer à prendre mes aises dans l’histoire, pour ne pas rester sur la rive. Je me suis finalement attachée au personnage, Blanche est une rebelle qui s’ignore, une petite fille qui a peur de tout, qui aimerait se faire encore plus petite qu’elle n’est, pour ne rien affronter de ce qui l’attend. Sa voix alterne avec celle de « la vieille âme » qui n’est autre que l’âme de Blanche, qui lui a survécu depuis six siècles et qui connaît donc notre époque, apportant quelques réflexions plus contemporaines, comme celle sur le rire et la religion.
J’ai aimé la manière d’aborder le thème de la paternité, par deux conceptions du rôle de père, celle du père de Blanche étant radicalement différente de celle du seigneur de Haute-Pierre. Ce roman, à l’encontre du mariage imposé qui était de rigueur à l’époque, est aussi un roman d’amour, de l’amour maternel à l’amour extraconjugal. Quant à la Dame Verte qui hante depuis des siècles les bords de la Loue, au pied du château des Murmures, elle m’a permis de ressentir encore le charme du réalisme magique à la mode Martinez, jusqu’à la fin si émouvante.
Si ce roman n’est pas mon préféré de l’auteure, j’attendrai le temps qu’il faudra la parution de son prochain opus, pour retrouver ses paysages sombres mais enchanteurs, ses beaux personnages féminins et sa liberté d’écriture.

Rentrée littéraire 2015
L’auteure :
Carole Martinez est née en 1966, elle a vécu la majeure partie de sa vie en Moselle. Son premier roman, Le cœur cousu, lui a valu à Saint-Malo en 2007 le prix Ouest-France Étonnants Voyageurs. En 2011, elle a publié Du domaine des murmures qui remporte le Goncourt des lycéens.
368 pages
Éditeur : Gallimard (août 2015)

Les avis d’Athalie, un peu désappointée, de Leiloona, Framboise et Val enthousiastes.
Trouvé en bibliothèque !

52 commentaires sur « Carole Martinez, La terre qui penche »

  1. Ah, mais je ne tiendrais pas 115 pages, moi … Allez, je suis de parti pris, car l’univers de l’auteur (dans lequel je suis déjà entrée avec « Du domaine des murmures ») n’est pas vraiment pour moi.

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      1. On a souvent cette impression quand on voit un auteur plébiscité sur les blogs, mais on oublie les lecteurs qui se sont abstenus de lire le livre en question parce qu’il ne les attirait pas ou de rédiger un billet quand ils ne l’avaient pas aimé.
        Mais sinon, c’est mignon, les petits schtroumpfs grognons 😉 !

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  2. J’ai un peu abandonné cette auteure depuis Le coeur cousu. J’y reviendrai peut-être avec ce dernier roman si je le trouve en bibliothèque.

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  3. C’est un roman qui me tente beaucoup…j’attends de le trouver en bibliothèque et avant ça, il faudrait que je lise son roman « Le coeur cousu » qui se trouve dans ma PAL depuis très longtemps

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    1. Tu as une belle lecture qui t’attend avec Le cœur cousu. Il fait partie de ces livres que je n’aurais sans doute pas eu l’idée d’ouvrir sans les blogs (c’était tout au début de mon blog !) et ça aurait été bien dommage !

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  4. Je devrais le lire bientôt (si j’ai le courage d’une LC pour dans deux semaines…et parce que je ne suis pas sûre que c’est le bon moment, la bonne lecture à enchaîner avec celui que je suis en train de lire) La rencontre avec l’auteure en librairie il y a exactement une semaine était délicieuse. Tu me fais un peu peur avec tes 115 pages !

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    1. Parfois des enchaînements qui semblent hasardeux peuvent fonctionner ! Quant aux 115 pages, c’est tout personnel, d’autres sont entré(e)s bien plus vite dans l’histoire…

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  5. Je te rejoins vraiment sur cette mise en bouche trop longue mais pas inintéressante. depuis ‘mon’ arrivée au domaine des murmures je suis chez moi! Je n’ai pas tout à fait terminé la lecture et je me régale à l’avance de ce que tu dis sur la fin. J’aime le style Martinez entre réalisme et fantastique.

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  6. Je préfèrerais la découvrir avec Du domaine des murmures. J’avais commencé à l’époque Le coeur cousu et l’ai laissé tomber, mais ce n’était pas juste pas le bon timing.

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  7. Je n’ai jamais lu cette romancière mais sa prestation m’a vraiment donnée envie, j’aime beaucoup les thématiques qu’elle choisit, et j’aime l’histoire de cette petite fille dont tu dis qu’elle est rebelle sans le savoir. Je vais donc l’essayer, j’en attends beaucoup et j’espère ne pas être déçue.

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  8. Je vais faire taire un peu les schtroumpfs grognons ! 😉 Après Le coeur cousu mais surtout Le domaine des murmures que j’avais adoré, je me suis lancée dans celui-ci et j’ai adoré d’emblée : je n’en suis encore qu’à un tiers à peu près et je n’ai eu, contrairement à toi, aucun mal à rentrer dans l’ambiance et l’histoire…

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  9. je viens de finir Du domaine des murmures, que j’ai beaucoup aimé (même si j’ai trouvé le long passage à Saint Jen d’acre, un peu long, justement)… du coup, très envie de lire celui-ci!!

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  10. C’est l’avis de Framboise que tu as lu chez moi, moi j’attends toujours de le découvrir…! Mais je crois que je vais lire Le coeur cousu d’abord, il me tente encore plus !

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