Haruki Murakami, L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage

incoloretsukuruJ’en étais restée avec Haruki Murakami à une séparation pour semi-déception à la lecture du troisième tome de 1Q84 qui m’avait pourtant beaucoup plu dans les premier et deuxième volumes.
Toutefois, je n’aurais pas pu laisser de côté le titre mystérieux et l’idée de ce dernier roman, qui commence ainsi : Depuis le mois de juillet de sa deuxième année d’université jusqu’au mois de janvier de l’année suivante, Tsukuru Tazaki vécut en pensant presque exclusivement à la mort.
La raison de la profonde déprime de Tsukuru est l’abandon brutal de ses quatre amis de lycée, avec lesquels il formait un groupe inaltérable, en apparence. Tsukuru qui n’avait déjà pas trop confiance en lui, sauf en ce qui concernait son choix d’études d’architecture, s’en trouve dévasté. Il lui faudra des années, et la rencontre avec Sara, une jeune femme énergique et compréhensive, pour essayer de comprendre et organiser des retrouvailles avec ces amis éloignés, pour essayer de comprendre et de continuer à avancer dans sa vie. Petit à petit, commencent à s’esquisser les raisons pour lesquelles ses quatre camarades, deux filles et deux garçons, ont rompu tout lien avec lui.
Plus réaliste que Kafka sur le rivage ou 1Q84, à part quelques scènes oniriques, ce roman très réussi accompagne jusqu’en Finlande un personnage attachant avec ses blessures et son mal-être permanent. Les personnages secondaires ne manquent pas de chair, la quête du jeune homme ne laisse à aucun moment le lecteur sur le côté, l’auteur n’en fait pas trop pour susciter l’émotion, il décortique avec pudeur des relations amicales compliquées.
Un grand sourire pour avoir renoué avec Haruki Murakami, que je peux continuer à suivre.

Extraits : Il y avait là une sensation d’harmonie : chacun avait besoin du groupe – et le groupe avait besoin de chacun de ses membres.C’était comme une sorte de fusion chimique heureuse, obtenue par hasard. On aurait eu beau aligner les mêmes ingrédients et procéder à une préparation des plus méticuleuse, on ne serait jamais parvenu à reproduire les mêmes effets.

La souffrance d’avoir été rejeté brutalement par ses quatre amis les plus proches était toujours là, inchangée, en lui. Simplement, à présent, elle était semblable à un lac dont la marée monte et reflue. A certains moments, elle déferlait jusqu’à ses pieds, à d’autres, elle se retirait très loin. Au point de devenir invisible.

L’auteur : Né à Kyoto en 1949, Haruki Murakami a étudié la tragédie grecque, puis dirigé un club de jazz, avant d’enseigner dans diverses universités aux États-Unis. De retour au Japon, il écrit Écoute le chant du vent qui lui vaut un important prix japonais. De nombreux succès suivront dont Kafka sur le rivage, La Ballade de l’impossible, Saules aveugles, femme endormie et bien d’autres. Les trois tomes de 1Q84 se sont vendus au Japon à plus de trois millions d’exemplaires.
384 pages
Éditions Belfond (septembre 2014)
Traduction :
Hélène Morita
Paru en poche

Les anciens sont de sortie chez Stephie.
ancienssortis

42 commentaires sur « Haruki Murakami, L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage »

  1. Je n’ai pas accroché à 1084 , ce que tu dis de ce roman devrait plus me plaire, mais je me méfie de la littérature japonaise. Parfois je m’ennuie à la lenteur et leur imaginaire est vraiment trop éloigné du mien.

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    1. Il m’arrive aussi de m’ennuyer avec certains romans japonais, assez rarement. Celui-ci se lit facilement, on s’attache aux pas de Tsukuru, aux questions qu’il se pose.

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  2. Généralement j’aime beau la littérature japonaise et bizarrement je n’ai jamais lu cet auteur. Il est pourtant noter en grand dans ma liste des livres à lire. En fait, j’hésite beaucoup sur le choix du livre.
    PS : il est toujours d’actualité le challenge Les anciens sont de sortie ?

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    1. Si tu aimes Yoko Ogawa, par exemple, cet auteur devrait te plaire, et tu as l’embarras du choix pour commencer : Les amants du Spoutnik, Au sud de la frontière, Kafka sur le rivage…
      Les anciens sont de sortie a été prolongé, et permet donc de sortir des « anciens » de 2014 ! 🙂

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  3. C’est le seul roman de cet auteur que j’ai lu. Et j’avoue, sans avoir détesté, n’avoir pas non plus franchement accroché. Je l’ai trouvé, je ne sais pas, trop froid, trop lent, trop compassé… Il faut dire que je suis rarement convaincue par la littérature japonaise, qui est souvent – sans vouloir tomber dans le cliché – très intimiste et contemplative… Bref, ce n’est pas mon univers.

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    1. L’intérêt est certes plus dans la psychologie des personnages que dans l’action. Mais contrairement à toi, dès que ça se passe au Japon, j’aime. Sauf exception, il y en a toujours ! 😉

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  4. Il me tente depuis sa sortie et il vient de sortir en poche… Chouette ;0) La littérature japonaise je n’accroche pas toujours mais quand j’aime ce n’est pas à moitié, on verra donc ou celui ci se situe dans mon classement ;0)

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  5. Tiens, un Murakami qui pourrait me plaire ! Souvent les premières pages de ces romans me happent puir à la fin je me sens menée en bateau (notamment « Kafka » et « 1Q84 »).

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  6. Plus circonspecte que toi, je n’ai pas encore osé le lire, malgré sa sortie en poche, suite à ma déception avec 1Q84… Mais tu n’es pas la première à en donner un avis positif, je crosi que je vais finir par succomber !!

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  7. Ecoute, tout comme toi. J’avais été un peu déçue par le tome 3 de 1Q84 que j’avais un peu fini aux forceps, et depuis entre lui et moi, c’était un peu froid, mais j’ai quand même acheté celui-ci en poche la semaine dernière, donc je vais pouvoir l’attaquer sans trop d’appréhension (et j’aime ce que tu dis sur l’auteur qui n’en fait pas trop, les dégoulinades émotives me font fuir généralement).

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    1. J’ai « lu » le troisième tome de 1Q84 en audio, et j’avoue, qu’il traîne encore dans mon ordi quelques chapitres à lire… 😉 Ce qui ne m’a pas empêchée d’apprécier celui-ci, il n’a vraiment rien à voir, et n’est pas aussi répétitif. (c’est le souvenir que j’ai de 1Q84)

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  8. Je suis une inconditionnelle de Murakami et je suis ravie de voir que celui-ci t’a réconciliée avec lui. Il est dans ma PAL depuis sa sortie mais je me le garde sous le coude pour mieux le savourer (enfin surtout, c’est son dernier paru et je n’aurai plus rien à lire de lui après celui-là…).

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  9. Je suis assez d’accord avec toi même si je me pose encore la question de l’utilité de l’ami à l’université (celui avec qui il va à la piscine et qui raconte l’histoire de son père? cela à participé à ma déception même s’il y a beaucoup de bonnes choses.

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