Elsa Marpeau, Et ils oublieront la colère

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Au rayon polar, je préfère les auteurs étrangers, pour l’aspect presque documentaire de certains romans qui permet de se faire une idée des sujets de société actuels dans d’autres contrées, mais en ce qui concerne les auteurs français de polars, que je lis de temps à autres, j’éprouve un peu le même genre de curiosité pour les romans policiers en milieu rural, et j’ai fait ainsi de belles découvertes comme Une femme seule de Marie Vindy, ou Terminus Belz d’Emmanuel Grand.
Ce roman d’Elsa Marpeau emmène le lecteur en Bourgogne, dans la région de Sens, où un jeune professeur d’histoire est retrouvé mort près d’un étang. Garance est capitaine de gendarmerie et chargée de l’enquête. Elle soupçonne que ce meurtre est lié à une affaire remontant à 1944, lorsque des jeunes femmes avaient été tondues par une foule de partisans, dont certains de la dernière heure. Les suspects semblent se limiter à une famille dont les membres très soudés ne laissent rien échapper de leur emploi du temps des dernières heures, et sont encore moins bavards concernant les jours noirs de la Libération. Marianne, leur grand-tante, tante et sœur a en effet disparu à ce moment. Aurait-elle subi des représailles pour avoir approché un ennemi qui logeait dans la famille ?
Malgré un roman qui commençait très bien, avec un thème prenant et une écriture agréable, la lecture m’a laissée un peu perplexe. D’abord le procédé consistant à alterner des scènes de 1944 avec l’enquête en 2015 me semble un peu trop vu et revu, mais ce n’est que mon avis. Ensuite, les membres de la famille, outre que je mélangeais à la lecture les générations, se sont révélés un peu trop caricaturaux à mon goût. Pour ne pas parler du dénouement de l’intrigue qui m’a paru tarabiscoté, avec quelques légères incohérences. J’ai aussi trouvé que l’auteure avait un peu « chargé la barque » de la jeune gendarme qui semble cumuler les traumatismes passés. Et je vais paraître chipoter, mais un personnage qui travaille à Dijon et habite « un pavillon à Flée dans la Sarthe, à une heure de voiture » (page 134), ça m’a tout de même plus qu’étonnée. Il n’y a personne chez Gallimard pour rectifier ce genre de chose ? (il existe un Flée homonyme en Bourgogne, d’où l’erreur).
Bref, un roman policier plutôt bien écrit, bien noir comme je les aime et avec un thème qui ne laisse pas indifférent, mais qui ne m’enthousiasme pas.

L’auteure : Née en 1975, Elsa Marpeau a grandi à Nantes, avant de venir s’installer à Paris à dix-huit ans. Agrégée de lettres, elle est l’auteur d’une thèse sur les mondes imaginaires dans le théâtre du XVIIe siècle. Elle enseigne cinq ans, puis quitte Paris pour Singapour. Elle a écrit Les yeux des morts, prix Nouvel Obs du roman noir 2011, Black blocs et L’expatriée, prix Plume de cristal 2013.
240 pages
Éditeur : Gallimard (janvier 2015)

Encore du noir un peu dubitatif aussi, Action suspense plus emballé. Dominique l’a lu sans déplaisir mais aurait aimé une intrigue moins embrouillée.

16 commentaires sur « Elsa Marpeau, Et ils oublieront la colère »

    1. Tu as raison, le décalage est grand, et dans le roman, seules des personnes très âgées ont connu les deux époques. (forcément). Le roman se déroule à la fin de l’été 2015, comme il est paru en début d’année, c’est donc presque de l’anticipation, j’ai trouvé que c’était une très bonne idée…

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  1. Beaucoup, vraiment beaucoup de romans travaillent le souvenir douloureux de la guerre, les secrets enfouis, les mauvaises actions qui pèsent sur les consciences : faire dans l’originalité devient ardu…

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    1. Je n’en ai pas lu tant que ça, il pouvait être pour moi original, et d’ailleurs, il commençait bien… Dommage que des petites choses m’aient tenue un peu à l’écart.

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  2. Comme je l’ai déjà dit, sans doute, j’ai peu de goût pour le genre polar. Mais vous (les blogueuses et blogueurs) avez su me faire lire de bons romans. Je ne prends que vos couod de coeur absolus et je ne pense pas que celui-ci en fasse partie.

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